A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

MARS





 Je suis noble mars florissant,
Tresgentil et tresvertueux ;
En moy vient bien fructifiant,
Car je suis large et plantureux,
Et Karesme le glorieux
Est en mon règne, si vous dys
Que suis en mon temps vigoreux
Pour avancer tous mes amys.

(Le Khâlendrier des Bergiers)



Semaine 1 – Jour 1 US ET COUTUMES


Mars entre-t-il en mouton,
Il sortira comme un lion ;
S’il vient comme un lion,
Il sortira comme un mouton.



La Vieille est partout : les trois derniers jours de février lui étaient dévolus ; il lui a fallu en plus les premiers, deux et trois mars, appelés également  « Jours de la Vieille ». Cette méchante fée qui circule entre Vosges et Jura, provoquant refroidissements brusques et gelées,  est-elle un avatar de la romaine Anna Perenna ?  Ces jours en tout cas, sont néfastes.
Ce qui n’empêchera pas les jeunes personnes en mal d’amoureux de pratiquer le « Bonjour de Mars », souvenir des Matronalias, culte lunaire lié à Junon. Le rite est assez simple :
Si la nouvelle lune tombe le premier de mars, il faut la saluer avec ces mots :

« Je te salue beau croissant, fais moi voir en dormant
Qui m’aimera en mon vivant. »

On peut aussi,  passé le dernier coup de minuit de la dernière nuit de Février, sortir et embrasser trois fois la terre en récitant :

« Bonjour mars, sois bon et accommodant
Et fais moi voir en dormant
Qui m’aimera en mon vivant »

 Ramasser ensuite une poignée de terre et la placer sous l’oreiller, pour être assurée de voir en rêve le futur amoureux. Ceci est la méthode bretonne.
Celles qui vivent en ville où il est difficile de ramasser une poignée de terre au pied des immeubles,  préféreront la méthode tourangelle :
Il suffit de se mettre à la fenêtre et de psalmodier :

« Je te salue mars
Dis moi en mon dormant
L’homme que j’aurai dans mon vivant. »

A Metz où les nuits sont froides, on n’ouvre pas la fenêtre ; on place son pied droit sur le lit et les paroles sont :

« Le I° jour de mars, avec mon pied droit, dans mon lit je marche,
Que Dieu me fasse la grâce de me dire en songeant
L’amant que j’aurai de mon vivant. »




A Amiens, le rite est plus complexe, et il est à pratiquer si on désire des enfants :
Il faut, à 4 heures du matin, faire trois fois le tour d’une mare. Si on veut de surcroît, éviter d’avoir les mains gercées, on fera la même chose en serrant un pan de sa chemise entre les dents.
Ne jamais oublier que cette nuit là tout particulièrement, est une de celles où les sorciers rôdent… !

Si rien de fâcheux n’est venu troubler ces rituels, le lendemain matin, premier jour de mars, afin d’éloigner puces et poux pour l’année entière, on fera brûler dans la maison une poignée de paille provenant du  matelas; si ça ne suffit pas,  brûler la paillasse entière,  cette fois de préférence à l’extérieur. En Limousin, on tire en plus des coups de fusil.
Les anglais, pour leur part,  se lèvent tôt et  balayent soigneusement le linteau de leur porte ainsi que les gonds et les interstices.
Aux Etats-Unis, si l’on soupçonne des punaises, il faut nettoyer la maison de fond en comble ; ailleurs aussi, on s’en doute !

Nul besoin de se demander d’où le troisième mois de l’année tire son nom : de Mars, dieu de la guerre qui est aussi celui du renouveau et de la jeunesse ; également de la planète qui le gouverne et dont on a longtemps pensé qu’elle était habitée.
Par des géants aux yeux glauques, évoluant gracieusement dans un monde sans pesanteur ; mais il était plus généralement admis que la planète rouge était le domaine des « petits hommes verts ». Pendant longtemps, tous les extra-terrestres ont été des Martiens….



Semaine 1 – jour 2 CONTE

Quand Mars se déguise en été,
Avril prend ses habits fourrés.




Junior


Junior- on l’appelait Junior parce qu’il portait le même prénom que son père- Junior donc, habitait près d’un ancien aéroport militaire désaffecté. De ce fait, il se croyait aux premières loges pour voir atterrir des extra-terrestres le jour où certains se décideraient à visiter la terre..
Junior avait su lire très tôt ; il n’avait pas douze ans quand il découvrit la science-fiction. Il voyagea dans le temps, dans l’espace ; fréquenta robots, androïdes et extra-terrestres. Il ne disait pas les Martiens ; il savait bien que jamais Mars n’avait été habitée, n’était pas habitable. Il avait du bon sens, Junior ; on ne lui faisait pas croire n’importe quoi. Pourtant il le savait, il existait d’autres galaxies, d’autres planètes dont on ignorait encore le nom . Et dans une de ces planètes dont il ne savait pas le nom, il y avait peut-être un autre Junior qui pourrait être son ami. Car il voulait un ami, Junior !
Oh, il avait des copains, mais il était si différent d’eux ; le foot, la chasse, les filles , la télé, l’ordinateur, rien de tout cela ne l’attirait vraiment. Il préférait s’isoler avec un bouquin. Ses copains lisaient peu ; on pourrait dire pas du tout. L’instituteur les obligeait à monter une fois par semaine à la bibliothèque ; ils choisissaient un livre, n’importe lequel, le plus mince possible, avec peu de texte et beaucoup d’images. Ils le rendaient au plus vite, quand ils ne l’égaraient pas. Alors Junior n’avait personne avec qui partager ses émotions, ses pensées, personne avec qui spéculer sur les probabilités d’autres mondes habités. Les gamins se moquaient de lui ; ils le méprisaient un peu puisqu’ils ne le comprenaient pas et Junior en souffrait.  Ce surdoué était pris le plus souvent pour un crétin. Il fallait être crétin pour rester des heures à rêvasser dehors en contemplant le vieil aérodrome sur lequel il n’y avait rien à voir sauf des hangars rouillés ; il aurait mieux fait de jouer au foot avec les autres ! Seul un crétin pouvait préférer de vieux livres poussiéreux à la télé ou aux ordinateurs. Junior ne parlait pas leur langage ; Junior n’avait pas d’amis.
A la maison ce n’était guère mieux ; le père dont il portait le nom était parti depuis longtemps et il ne manquait à personne. Sa mère pour gagner leur vie travaillait jour et nuit. Et quand elle avait un peu de temps libre elle était trop fatiguée pour lui parler d’autre chose que de ses résultats scolaires ou de ses corvées du lendemain. Il ne voyait pas d’issue à cette vie morose…
La solitude a quelques fois du bon. Qui aurait pu savoir que Junior dans le grenier construisait des appareils radio et qu’il envoyait des messages à travers l’espace. Dans la décharge voisine, il trouvait de vieux postes de télé, des appareils de radio cassés tout un tas de trucs et de machins passionnants qu’il bricolait. Il s’était abonné à des revues scientifiques, il empruntait des manuels spécialisés et quand le temps s’y prêtait, il envoyait des messages. Il se disait qu’aussi proche d’une base militaire bien équipée en radars dont il savait qu’on vérifiait régulièrement le fonctionnement, il se trouvait à l’endroit idéal pour émettre avec des chances d’être capté. La teneur des messages était toujours à peu près semblable :
« Venez, venez me voir ; je n’aurai pas peur de vous ; et vous, n’ayez crainte : l’endroit est désert, vous ne serez pas repérés. »
Il n’obtenait bien évidemment jamais de réponse et comme il se sentait de plus en plus seul, les messages devinrent :
« Venez me chercher ; je veux aller chez vous, je veux connaître votre pays. Je ne peux pas venir, mais vous, s’il vous plaît, venez me chercher. »
Les saisons passaient, les années passaient, jamais Junior ne recevait de réponse. Il grandissait ; on disait autour de lui qu’il serait temps qu’il mûrisse, qu’il lui fallait devenir un homme, gagner sa vie. Et au fait, que voulait-il faire plus tard ?
Ils en ont de bonnes pensait-il sans répondre… Devenir un homme… prendre un métier… Les grands, qui sortent du lycée avec leur bac, qu’est-ce qu’ils ont comme métier ? Rien !chômeur, c’est tout. Cette année, Junior entrait au collège ; il aurait moins de temps pour aller rôder autour des pistes et des hangars, presque plus pour envoyer des messages. La rentrée serait sinistre.
Le soir du 14 Juillet, il suivit d’autres garçons qui allaient voir le feu d’artifice. Il aimait bien les feux d’artifice ; à chaque fusée, à chaque bouquet, il croyait voir atterrir et décoller des vaisseaux interstellaires. Le bourg se trouvait à huit kilomètres de son hameau ; il sema ses copains qui ne le cherchèrent pas et rentra chez lui à pied. Il faisait beau, la nuit était sans lune ; il devait longer la clôture de la base sur plusieurs kilomètres avant de rentrer chez lui. Combien de fois lui avait-on dit qu’il était dangereux pour un jeune garçon de traîner seul si tard ? Il n’avait pas peur. Que pouvait-il lui arriver à lui qui n’intéressait personne ? Lui si insignifiant qu’il n’avait pas un ami, lui que son père délaissait, lui dont sa mère n’écoutait jamais ce qu’elle nommait des sornettes ? S’il lui arrivait quelque chose, à qui manquerait-il ?
Un feu d’artifice se tirait sur la base. Ca, c’était étonnant puisqu’il n’y avait personne là-dessus, sauf un gardien peu liant et plutôt rébarbatif. Le plus curieux était que ce feu d’artifice, au lieu de pétarader, émettait une étrange musique. Junior allongea le pas pour mieux voir. Il approcha ; les fusées ne partaient pas de la manière habituelle : on aurait dit plutôt une couronne de lumière qui approchait lentement du sol. La musique devenait plus distincte ; ce n’était rien qu’il connût. Enfin, il ne connaissait pas grand- chose en musique, mais tout de même ces sons ne ressemblaient à rien qu’il eut déjà entendu. On aurait dit que tout se passait à l’intérieur de sa tête. Les lumières couvraient maintenant une large surface. Junior connaissait par là une brèche dans la clôture. Il l’avait découverte en cueillant des mûres ; le roncier la recouvrait, c’est pourquoi personne ne l’avait remarquée ni réparée. Junior, insoucieux des épines se glissa derrière les barbelés. Il avançait prudemment, craignant de déclencher une alarme. Rien ne bougea, sauf une des lumières qui s’avançait vers lui. Il alla à sa rencontre et s’en trouva enveloppé. Il se sentait bien, heureux,  et n’éprouva aucune crainte quand il réalisa se qui se passait : il n’assistait pas à un feu d’artifice. Quelque chose était en train d’atterrir ; Junior avançait dans la lumière tiède et douce comme une caresse.
« Enfin, pensait-il, ils sont venus ! Qui sont-ils ? »
Là, il eut un peu d’angoisse ; les descriptions d’extra-terrestres sont infiniment variées ; leur apparence va de la plus grande séduction à la pire des horreurs. Qu’allait-il découvrir ?
« Bon, se dit-il, je les ai fait venir ; ce n’est pas le moment de reculer. »
Lui qui se croyait si peu de chose, ne se posait cette fois aucune question : les visiteurs venaient pour lui, ils répondaient à ses messages.
La lumière le recouvrait, l’attirait toujours plus près du centre de la couronne. Il ne distinguait aucun véhicule, aucun objet solide. Soudain, il fut immobilisé, doucement mais fermement. La musique dans sa tête devint une voix ; il ne distinguait pas de paroles, mais une pensée pénétrait la sienne qui disait à peu près ceci :
« Junior, nous voici ! »
Il n’essaya pas de parler ; il se contenta de penser à son tour ; à son attente, à la crainte qu’il avait eu de ne jamais obtenir de réponse.
« Nous avons reçu tes messages depuis longtemps ; mais ce n’est pas facile d’aborder cette planète. Nous ne sommes pas des touristes, mais une expédition scientifique. Nous sommes chargés de ramener des spécimens d ‘êtres vivants. Si tu viens avec nous il ne te sera fait aucun mal mais il se peut que tu ne puisses plus revenir ici.  Nous ne voulons pas te forcer à nous suivre mais si tu choisis de rester, tu n’auras aucun souvenir de cette rencontre, car nous ne devons prendre aucun risque. »
Junior était bouleversé ; il devait prendre sa décision et vite. Il ne reviendrait probablement jamais… Que laissait-il derrière lui ? Personne ! Il n’avait pas d’amis, pour ainsi dire pas de père. Quand à sa mère…. Elle allait s’inquiéter, mais aussi, elle aurait moins de travail s’il n’était plus à sa charge ; il tâcherait de la contacter pour la rassurer.
La voix dans sa tête disait qu’il y avait place pour lui dans l’autre planète, alors sans plus réfléchir, il pensa « oui », avança d’un pas et la base fut déserte sous la nuit sans lune.
Les gendarmes ne retrouvèrent rien de lui, pas un vêtement abandonné, aucune trace de sang ni de lutte. On envoya son signalement dans toute la France et à l’étranger ; on inquiéta des sectes, on suspecta des gens basanés…
Quelques mois passèrent ; sa mère, la nuit fut plusieurs fois réveillée par des lumières. Elle s’en plaignit aux gendarmes qui ne purent les faire cesser. Alors elle fit poser à l’extérieur de lourds volets et à l’intérieur, habilla ses fenêtres de rideaux épais et sombres…


Semaine 1 – jour 3 PAR ICI LA BONNE SOUPE

A SAINT JOSEPH
BON TEMPS BON AN




LES BEIGNETS DE CARNAVAL


Le temps du Carnaval va de l’Epiphanie au début du Carême. Il finit un mardi, le Mardi Gras, dernier jour où l’on peut manger de la viande. On en profite pour faire la fête avant le temps de pénitence. On organise des défilés, on se déguise et on circule masqué.
Au moyen âge on célébrait la fête des fous où tout était permis.
En mémoire de temps anciens où la coutume était, chaque année,  de sacrifier le souverain, on brûle le bonhomme Hiver après l’avoir sacré roi du Carnaval . Il est conseillé d’en rire.

Le diable est de toutes les mascarades ; il  séduit les filles qui reviennent enceintes et accouchent d’un monstre. Dans le Jura, à Saint Claude, la « Compagnie des « souffle-à-cul » est chargée de chasser les démons qui se nichent sous les jupes.
Le diable peut aussi se cacher dans un masque ; il arrive que les personnes qui en portent ou qui se déguisent disparaissent. Si l’on croise un enterrement, ôter le masque sous peine de ne plus pouvoir l’enlever.
Survivance des fêtes d’Isis et de Cybèle les déesses étaient portées sur des chars en forme de navire (char naval)
Désormais les confettis ont remplacé les œufs crus, que vous utiliserez plus avantageusement en confectionnant des « Beignets de Carnaval ». Qu’ils s’appellent bugnes, merveilles ou oreillettes, selon les régions, ils sont toujours faits de pâte frite sucrée.
Dans certains villages, ils étaient distribués au nom des morts de l’année. Dans d’autres,  enfants et conscrits allaient en récolter de maison en maison.
  Bretons et Tourangeaux n’en mangez jamais le Mercredi des Cendres : ils sont, ce jour là, pleins crapauds.
 Les  Francs-Comtois les consomment pour éloigner les moustiques.

En Lorraine, ma tante Titine les faisait selon cette recette :

Une livre de farine, quatre œufs, 100gr. de sucre, 100gr de margarine, un petit verre de mirabelle et quelques gouttes de fleur d’oranger.
Elle pétrissait le tout pour en faire une boule assez sèche mais souple.
Après un bon temps de repos, elle l’abaissait au rouleau à pâtisserie, et découpait à la roulette des figures géométriques, fendues en leur centre, et souvent passait un coin dans la fente. Une fois plongés dans la friture bien chaude, ils prenaient des formes étranges et tarabiscotées.
Elle  surveillait attentivement la chaleur de la bassine : les beignets devaient atteindre une belle couleur dorée. Si par malheur ou distraction une tournée avait un peu noirci, pour éviter le déshonneur et en dépit de nos supplications, elle la jetait aux poules. Ceux dont la couleur était réglementaire étaient sortis à la « cumrosse » et égouttés sur un torchon (on utilise maintenant du papier absorbant), puis saupoudrés de sucre glace.
Nous étions prêts à nous brûler pour les goûter encore chauds et le plus dur était  d’en laisser une quantité décente arriver jusqu’au dîner.

Quand nous avons plus tard, habité Paris, tous les ans à la fin de l’hiver, un colis arrivait. Il contenait une boîte en métal cubique où dormaient, enneigés de sucre poudreux, et précédés d’un fort parfum de mirabelles, les merveilles d’or de la tante Titine.



Semaine 1 – jour 4 MOTS D’ AUTEUR

Des fleurs que Mars verra,
Peu de fruits tu mangeras.

L'ambition souvent fait accepter les fonctions les plus basses; c'est ainsi que l'on grimpe dans la même posture que l'on rampe.

Jonathan SWIFT


Semaine 1 – jour 5  LE PANIER DE LA GLANEUSE

Saint-Adrien amène la glace
Ou fait que l’hiver trépasse.







LES VIOLETTES

Les premières violettes montrent le bout de leur nez : timides, modestes, pas impériales du tout !
Avant que le cinéma ne s’en empare, l’opérette « Violettes Impériales » a fait triompher sue la scène de Mogador le couple ineffable et mélodieux : Marcel Merkes et Paulette Merval. La musique était de Vincent Scotto.
En 1952, Francis Lopez prend la relève et nous offre par la voix de Luis Mariano, l’inoubliable : « L’amour est un bouquet de violettes »
Car oui,  la violette est  fleur d’amour : celui  de Don Juan pour Violetta, mais aussi celui d’Hadès pour Proserpine.
La fille de la déesse des moissons en cueillait un bouquet. La violette est courte de tige et Proserpine dut se baisser. La croupe juvénile tendue vers le ciel émut Hadès qui passait par là ; l’émut au point qu’il enleva la belle et l’entraîna  dans les profondeurs de ses sombres domaines pour lui faire subir le destin que de prudes aïeules ont décrit comme « pire que la mort ». On peut imaginer que l’outrage fut supportable puisque la victime ne tenta pas d’échapper à son ravisseur qui en fit sa légitime épouse.
Des trois frères qui se sont partagé l’Univers, le terrifiant Prince des Enfers n’était cependant pas le moins accommodant puisqu’il accepta pour apaiser sa belle-mère de laisser son épouse passer au soleil la moitié de l’année.
Néanmoins, ces violettes qu’aimait tant Proserpine sont devenues depuis cette aventure un des symboles du deuil. En couture naguère, leur couleur, le violet était avec le gris le ton du « demi-deuil » que l’on revêtait dès qu’il était décent de quitter le noir, ce qu’on nommait : « porter le deuil ».
De nos jours on ne « porte » plus le deuil ; on va chez son psy qui aide à « faire le deuil ». De toutes façons, ça dure un an.
La violette n’est pas qu’odorante, émouvant et décorative. Elle entre dans la composition de la « Tisane des quatre-fleurs », qui au fil du temps (tout augmente !) est passée à sept composantes. Elle est souveraine en cas de bronchites, laryngites et toux rebelles.
Il vous faut 15gr de chacune de ces plantes : molène (bouillon-blanc), coquelicot, guimauve, mauve, pied-de-chat, tussilage et  violette. Dans de l’eau bouillante, vous laissez infuser pendant 10mn , ½ cc du mélange par tasse. Prenez 4 à 5 tasses par 24 heure pendant les 1° jours, puis diminuez progressivement.
La violette est légèrement laxative ; sa racine, prise en décoction, est vomitive et purgative.


MARS - Semaine 1 – jour 6 – L’ÂME DES POETES

Le merle qui a bien hiverné,
En mars a sa nichée



L'oiseau bleu


J'ai dans mon coeur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
N'a pas l'épaisseur d'un cheveu.


Il lui faut du sang pour pâture
Bien longtemps je me fis un jeu
De lui donner sa nourriture:
Les petits oiseaux mangent peu.


Mais, sans rien en laisser paraître,
Dans mon coeur il a fait, le traître,
Un trou large comme la main.


Et son bec fin comme une lame,
En continuant son chemin,
M'est entré jusqu'au fond de l'âme!...


Alphonse DAUDET




Semaine 1- jour 7  Y’ A UN TRUC

Mars sec et beau,
Emplit le tonneau.




MA CHANDELLE EST MORTE


Pas tout à fait… mais bougies et bougeoirs qui, le mois dernier ont éclairé la Chandeleur, font triste figure. Ils ont pris la poussière, les bougies colorées sont ternes et les blanches ont jauni ; le bougeoir est couvert de larmes de cire. Elles ont coulé sur les nappes, sur le parquet et sur les tapis. Le soleil qui revient éclaire le désastre.
Allez, courage, au boulot !
Un chiffon imbibé d’eau savonneuse suffira pour raviver les couleurs de vos bougies ; pour les blanches il faudra de l’alcool à brûler.
Pour les bougeoirs, deux écoles : la première incite à les laisser une heure au congélateur ; la cire durcira et sera facile (et même plaisante) à retirer à la main. Ou bien au contraire, versez sur la cire de l’eau bouillante qui la fera fondre.
Vos bougies sont prêtes à resservir et n’oubliez pas que leur lumière sera plus éclatante si vous coupez régulièrement la mèche ; vous pouvez aussi avant de les allumer, les enduire de savon à peine humide. Elles couleront moins et ne fumeront pas si vous les faites tremper une nuit dans de l’eau froide salée. Comme sur la queue des oiseaux pour les attraper, posez quelques grains de gros sel à la base de la mèche ; elle se consumera moins vite. (Et ça, ça marche !)
Au tour du parquet maintenant. Quand la cire est froide, retirez-là délicatement à l’aide d’un couteau (à bout rond de préférence) ; frottez ensuite avec un chiffon doux, puis cirez à l’encaustique pour effacer les dernières traces.
On passe à la nappe : enlevez le plus possible de cire au couteau à bout rond. Posez un mouchoir en papier blanc sur l’endroit comme sur l’envers et repassez au fer très chaud, sec. Recommencez autant de fois que nécessaire en changeant les mouchoirs. Otez les dernières traces à l’alcool à 90° ; rincez et lavez.
Pour le tapis : grattez, posez un papier kraft et repassez au fer chaud, sec. Terminez en nettoyant à l’eau savonneuse.


Semaine 2 – jour 1 US ET COUTUMES

Poussière de Mars
Rend le troupeau plein de gloire.






LE CAREME


Quand arrive la deuxième semaine de mars, on commence à regarder le ciel.
Les deniers jours de l’hiver semblent bien longs. Surtout si le temps est mauvais car on dit qu’il le restera encore pendant six semaines.
Les gens de l’Est observent la fumée : si elle s’étend en nappes, les récoltes seront bonnes ; si elle est droite ou dispersée, ils craignent une mauvaise année et des maladies pour hommes et bêtes.
Pour éviter ces calamités, les Francs Comtois font leurs fumiers le jour du Mardi Gras, ce qui préserve le bétail d’au moins sept maladies.
Pendant la nuit du Mardi Gras au Mercredi des Cendres, inutile de chercher votre chat ; il est au sabbat.
Si vous avez semé du chanvre, selon que vous le voulez court ou long, choisissez la taille de la dernière personne qui quêtera à la messe.
Le 12 mars, on fête St Paul :

« De saint Paul la claire journée
Dénote une bonne année.
S’il y a des brouillards
Mortalité de toutes parts. »

Le jour de la fête de l’Ane, les Chartrains déguisés en Centaures et leurs épouses en Bacchantes tireront le char de Bacchus jusque dans la cathédrale. Ils précéderont Aliboron, suivi d’un cortège d’humains costumés en animaux. Les enfants comme de coutume feront sans se faire prier le plus de bruit possible. Les mauvais esprits dérangés ne seront peut-être pas seuls à s’enfuir
Puisqu’en mars commence le Carême, imposé par l’Eglise dès le 3° siècle, et qui durait alors 46 jours, de Mardi Gras jusque Pâques, il est temps de se conformer à quelques judicieux principes. N’oublions pas que même les oiseaux Franc-Comtois jeûnent le mercredi des Cendres.
Il faudra tout d’abord cesser de faire la lessive dès la semaine précédente au risque de  provoquer la  mort d’un proche.
Il vaut mieux, également, éviter de coudre pendant cette période car les souris mangeraient  le fil et tout serait à recommencer.
Ensuite, faire le jour du Mardi-Gras un bouillon qui répandu autour de la maison, éloignera les serpents et fera taire les grenouilles.
Le premier jour du carême en asperger les maisons avec un rameau de buis bénit ; pour les grenouilles  répandre ce bouillon dans les fossés et dans les mares.
Pour tenir le renard à distance des poules, répandre du bouillon d’andouille autour du poulailler. Jeté au sol et au plafond, il éloigne les insectes. En verser au pied des vignes et des arbres fruitiers favorise la production de fruits (prononcer distinctement : « Souviens-toi du bouillon de Mardi-Gras »)
Les anglais (et leur étrange cuisine) plongent une bague dans le bouillon ; elle porte chance à celui qui la trouve s’il ne s’étrangle pas en l’avalant.
Se marier pendant le Carême est déconseillé ; les enfants nés de cette union seraient chétifs.
En Irlande, la première nuit de Carême, les âmes du Purgatoire sont autorisées à sortir ; ayez l’obligeance avant de vous coucher de leur laisser du feu et des sièges.
Les enfants Alsaciens nés pendant le carême sont parfois somnambules ; chaque fois que sonne l’Angélus, ils peuvent voir les mauvais esprits et reconnaître les sorciers.
Chanter l’alléluia fait pleurer la Sainte Vierge (Et le siffler donc !)
Le premier dimanche de Carême, la Fête des Brandons est une survivance du culte solaire et de celui de Cérès. On allume des flambeaux de paille, on  fait des feux de joie et on danse. On  peut promener des flambeaux dans les vergers dans l’espoir éloigner les nuisibles et les vers, et aussi d’avoir une bonne récolte. Faire de même dans les champs pour les protéger de l’ivraie et de la nielle.
S’il vente ce dimanche là, il ventera toute l’année ; le vent sera le vent dominant des mois suivants ; s’il pleut, il pleuvra tous les dimanches de l’année.

A la fin du Carême ne refusez jamais d’offrir une collation à qui vous la demande ; vous auriez  faim pour tout le reste de l’année. En mars, c’est la fin de l’hiver et c’est aussi bien souvent la fin des provisions et le début des famines. Que fait-on quand caves et greniers sont vides et que des étrangers rôdent. ?






Semaine 2 – jour 2 CONTE

Taille tôt, taille tard,
Mais taille en Mars.







LA SOUPE AU CAILLOU


On ne sait plus quand, on ne sait plus où, après un hiver plus que rigoureux, Mars n’en finissait pas de ramener un printemps tardif. Depuis la Noël jusqu’à Mardi-Gras un pauvre soleil ne se montrait guère. Arriva un jour de Carême prenant, où le vent soufflait et tombait la pluie sur le sol gelé. Personne au dehors. Dans les maisons closes, près des cheminées on restait serrés. Le jeûne arrivant ne changerait pas beaucoup de celui auquel il avait fallu durant tout l’hiver forcer bêtes et gens. C’était une année de maigres récoltes, de tristes vendanges. Plus rien dans les huches ni dans les celliers et dans les étables, paille et foin manquaient. C’était un village dans la saison grise ; grise était l’humeur de ses habitants.

Barbu et crotté, sac sur le dos, bâton à la main, vint un voyageur. Le sac était gros et faisait des bosses. Près de la fontaine  l’étranger s’arrête, pose son barda, en sort un violon, commence à jouer.
Aux premières mesures, devant lui se dresse Monsieur le Bedeau, grognon personnage qui réglementait de son propre chef, entre deux offices, la vie du village. Il lui intima de filer bien vite. Cette fois encore, le porte-parole de la mesquinerie, de tout l’égoïsme de ces paroissiens, ce fut le bedeau :
. -« Nous n’avons plus rien ! Rien à partager avec un mendiant ! Passe ton chemin !»-
-« Je ne mendie pas, mais la route est longue, lui dit l’étranger. Il me faut dormir… Puis-je m’abriter dessous cette halle, avoir un peu d’eau de votre fontaine, deux ou trois cailloux de votre chemin ?»-
Quelques borborygmes du grognon bedeau furent la réponse :
-« Refuser de l’eau ? On n’est pas sauvages… dormez sous la halle et demain matin, qu’on ne vous voie plus…. Et… mais, dites-moi… pourquoi les cailloux ? »
-« Juste pour ma soupe, dit le voyageur ! »

Et il s’installa, sortit de son sac un vaste chaudron, le remplit d’eau claire, alluma un feu et dans la marmite, jeta les cailloux. Avec son bâton, remua le tout, goûta au brouet, se frotta les mains et prit son violon.
Entre deux chansons, il touillait sa soupe, humait la vapeur qui s’en dégageait, puis hochait la tête, rajoutait de l’eau et recommençait.
Derrière les fenêtres, on s’interrogeait… L’étranger cuisine… C’est qu’il a trouvé quelque chose à cuire…. De quoi s’agit-il ?
La  mère Labouture,  doyenne du village et la plus curieuse, sortit la première, s’approcha du feu :
-« Que cuisinez-vous dans votre marmite ? »-
-« Un plat de chez nous ! Le seul qui convienne en temps de disette ! »-
-« Et quoi donc que c’est ? »-
-« La soupe aux cailloux ! »-
-« La soupe aux cailloux. Comment  vous faites ça ? »
-« Oh, mais c’est très simple… On prend sur la route quelques beaux cailloux ;  on les fait  bouillir dans de l’eau bien pure…Mais comme c’est dommage… j’en aurai bien trop,  juste pour moi seul,  je ne vais quand même pas jeter le reste ! »-
La vieille Labouture était affamée, ses deux yeux brillants fixaient  la marmite. L’étranger sourit :
-« Si vous en voulez, prenez  une écuelle.»
Il trempa une cuiller dans le chaudron, goûta…
-« Dommage…ça manque de sel…  Mais, bon, j’en ai pas… »-
-« Puisque vous m’offrez de votre soupe, je peux bien vous donner du sel ; attendez-moi, je vous en rapporte. »-
Et la mère Labouture de trotter jusque chez elle, pour revenir avec une écuelle,  le pot à sel et quelques grains de poivre…
Mais on l’avait vue !§§§§

Benoît Morvonnais, mauvais galopin, et le benjamin de toute une tribu d’affreux garnements très mal embouchés, toujours à l’affût de vilaines farces et de chapardages surveillait la place. En cette fin d’hiver son estomac creux gargouillait beaucoup et rendait ses yeux, son nez, ses oreilles particulièrement sensibles et fins.
Dans le grand chaudron l’étranger fait cuire il ne sait trop quoi ; la vieille Labouture, promène une écuelle….Benoît Morvonnais veut avoir sa part, traverse la place,  s’approche, renifle…
-« Dites,  les deux vieux, qu’est-ce que vous touillez?  Elle sent rien vot’soupe…»-
-« Sois poli, morveux, et file d’ici, on n’a rien pour toi ! », grinça Labouture.
-« Mais bien sûr que si, sourit l’étranger, comme je vous ai dit,  y’en a pour tout l’ monde ! Seulement c’est vrai, ça  sent pas grand chose… Faudrait un oignon ! »-
-« Un oignon, j’ai ça ! Si j’en rapporte un, j’ aurai de la soupe ? »-
-« Oui, bien entendu ! »-
Le gamin fila et revint bien vite avec un oignon, du thym,  du laurier, des clous de girofle. Sa mère ne les chercherait pas avant longtemps vu qu’elle n’aurait pas de sitôt de quoi faire un pot au feu !
L’étranger les jette le tout dans la marmite avec les cailloux et Benoît, avide, muni d’un grand bol,  s’approche du feu :
-« Un peu de patience, il faut que ça cuise ! Danse en attendant »-  Il prend son violon et joue quelques valses.

Le père Dugreffon, du temps qu’ils étaient jeunes et fringants avait fréquenté la fille Labouture . Pour une histoire bête, ils avaient rompu. On avait parlé de ci et de ça, d’autre chose encore, mais au fond personne n’avait jamais su l’objet du conflit et les vieux eux-mêmes depuis tout ce temps l’avaient oublié. Mais toujours est-il qu’ils ne s’adressaient  plus une parole… Pourtant ils guettaient et n’ignoraient rien des faits et des gestes que chacun faisait.
Que de  souvenirs dans ces airs de valses ! Dugreffon poussa  la petite porte de son jardin et mine de rien,  d’un air affairé traversa la place. Il prit l’air surpris, approcha de la marmite
Justement, l’étranger goûtait en disant à voix haute :
-« Ca ira ! Mais,  tout de même… si j’avais une ou deux carottes et un vert de poireau… »-
-« D’la légume ? J’en ai pt’êt’ ben cor’ un peu ! »- marmonna le vieux qui fit demi-tour et revint bientôt avec un panier plein de beaux légumes, que l’étranger ajouta à sa soupe. Le jeune Morvonnais s’était emparé de la grande cuiller et touillait la soupe au caillou de tout son cœur, voisin de son estomac affamé. Les pieds de la mère Labouture battaient la mesure et les moustaches de Dugreffon tremblaient en cadence.

-« Que se passe-t-il, mes amis ? »-
 Mademoiselle Herminie de Bézendouce, la nièce du curé tentait de faire oublier dans l’amidonnage impeccable des surplis de son oncle et dans la confection de bouquets pour l’autel, les égarements d’une jeunesse follette. Attirée par la musique et aussi par le fumet naissant de la soupe aux cailloux, elle venait aux renseignements.
-« C’est l’étranger, mam’zelle… Il fait la soupe pour tout le monde ! »-, l’informa Benoît.
-« De la soupe ! Mais avec quoi mon dieu ! Nous n’avons plus rien ! »-
-« Mais je n’ai besoin de rien, sourit le grand musicien. Il y a déjà plus qu’il ne faut ! Quoique… »-
-« Quoi donc ? »
-« Une petite couenne de lard pour donner du goût… Mais ce n’est pas indispensable… »-
-« Attendez ! »-
Mademoiselle Herminie trotta jusqu’au presbytère et revint avec un gros morceau de lard qui avait résisté à l’hiver.
-« De toutes façons, dit-elle en le jetant dans la marmite, demain c’est Carême et d’ici Pâques, il pourrait s’abîmer à moins que les souris ne s’en occupent ! »-
Cette fois la soupe au caillou commençait à sentir fameusement bon et le bruit courait dans le village famélique que le grand étranger là-bas qui jouait du violon, avait une recette de soupe qui allait nourrir tout le monde et que du coup, un tel et un tel,  qui avait donné ci, qui avait donné ça…..
-« Et si on a rien à donner, tu crois qu’on en aura quand même ?»-
Alors chacun cherchait au fond des coffres et des placards ; le moindre petit reste fut apporté pour ajouter à la marmite. Une ou deux vieilles poules qui avaient eu le tort d’oublier de pondre, allèrent rejoindre le bouillon ; le meunier apporta de la farine ; les fermières, des œufs, du beurre, de la crème. Ceux qui n’avaient rien prêtèrent de la vaisselle et des ustensiles.
Des beignets se mirent à frire pour accompagner la soupe et monsieur le curé envoya chercher dans sa cave quelques bouteilles qui ne servaient pas à la messe.
On dressa des tables, on y mit des nappes ; chacun apporta son bol et son couteau. Il y eut du bouillon, du lard, des saucisses, de la poule, du bœuf, de l’omelette au lard, du pain croustillant, du biscuit, des tartes, des oeufs à la neige et même de café. Les hommes pour finir firent goûter la gnôle et tous les enfants eurent des canards.
Le violon chanta, les sabots dansèrent. Le jour se levait quand le ventre plein, les mollets fourbus et le cœur heureux, on alla coucher. Et le lendemain, chaque ménagère nota dans son livre comment on prépare, quand l’hiver est long, la soupe au caillou.
Et me direz-vous, où donc est allé le grand voyageur ?.... Cherchez Herminie !




Semaine 2 – jour 3 LE JARDIN EXTRAORDINAIRE

S’il gèle aux 40 Martyrs,
Il gèlera encore 40 nuits.



LE FIGUIER


Entre les rosettes des pissenlits (pendant qu’elles sont encore tendres, mangez les feuilles en salade ; pour les racines, vous verrez plus tard),  anémones, pervenches,  primevères, violettes, pensées, giroflée et  pâquerettes montrent leurs petits museaux tendrement colorés.
On peut aussi voir de la nielle : en ramasser des pieds le premier dimanche de carême porte bonheur et chasse le diable.

Si vous êtes en climat serein ou si vous disposez dans votre jardin d’un coin bien abrité,  plantez cet arbre consacré au dieu Mars : il préserve de la foudre.
Si vous avez déjà subi le feu du ciel, creusez à l’endroit de l’impact,  un trou entouré d’une margelle et plantez-y le figuier. La foudre ne reviendra jamais.

Le 1° mars, en souvenir d’anciennes dévotions à Cérès, vous allumerez des feux et ferez courir vos enfants dans les champs, outre la tranquillité que vous procurera cette coutume, qui les occupe, les réchauffe, les fatigue et leur assure une nuit calme, elle vous garantira des terres productives. Du même coup vos jardins seront débarrassés du bois mort provenant des tailles de l’hiver et dont vous ne saviez que faire.
Entre le 4 et le 7, évitez de faire des semis.
Le 10 du mois, pour avoir de beaux fruits, ne pas hésiter à cracher sur les arbres. Si ce n’est pas efficace, c’est au moins simple et peu coûteux.

Le 19 mars, à la saint Joseph, il est temps de semer les choux cabus.  Un petit Jésus pourra en sortir.
Taupes et mulots sont les ennemis du jardinier. Si vous avez le cœur trop tendre pour les exterminer, gens de l’Yonne, de l’Aube et de la Marne, essayez cette conjuration :
« Sortez, sortez d’ici mulots, ou je vais vous brûler les crocs ! » 
Normands, prononcez plutôt : « Taupes et mulots sors de men clos ou j’te casse les os »



Semaine 2 – jour 4 QUELLE HISTOIRE !


A la Saint-Grégoire,
Taille la vigne pour boire






LES TEMPLIERS


Mars 1314… L’hiver n’est pas fini..
Un feu d’enfer crépite dans l’immense cheminée à hotte. Quatre corps nus s’enlacent perdus dans des fourrures ; les lits de ce temps sont vastes. Des tentures recouvrent les murs suintants d’humidité ; on étouffe dans cette chambre aménagée dans une ancienne tour de guet. Un des jeunes gens va ouvrir le verre dépoli qui obture la meurtrière.
Tout près, dans l’Ile aux Juifs, au pied de Notre-Dame, un brasier diabolique crépite ; l’odeur répugnante de la chair brûlée s’insinue par l’ouverture, domine celle des sachets de poudre parfumée et des herbes odorantes qui jonchent le sol. Le délire bruyant de la foule excitée, les hurlements déchirants des suppliciés couvrent les plaintes d’amour qui sortent de la couche.
Une voix puissante, terrifiante, une voix qu’on n’attendait plus, tonne ; la foule se tait ; les amants se dressent et s’immobilisent, toute idée de plaisir ou de volupté évanouie.
Jacques de Molay, Grand Maître des Templiers, avant d’être réduit en cendres a trouvé la force de maudire le pape, le roi Philippe, ses tortionnaires ; ils ne verront pas la fin de l’année.
Dans le tour de Nesle, les brus du roi et leurs amants l’entendent ; aucun d’entre eux ne reverra le printemps




Semaine 2- jour 5 LE BESTIAIRE ENCHANTE

Si l’hiver ne janviotte,
Si février ne févriotte
Mars vient et ne laisse rien.


 Le Phenix             


 Le plus beau de tous les oiseaux, symbole d’immortalité et de résurrection, porte en tête une couronne et ne se nourrit que de rosée.
Si vos pas vous portaient en Phénicie, et qu’au bord de la Méditerranée vous rencontriez un héron pourpre à l’encolure dorée, ce serait  vraisemblablement un Phénix.
 Certains (étaient-ils à jeun ?), l’ont vu mauve avec de longues plumes roses et la queue bleu de ciel . Mais on dit aussi qu’il peut changer de couleur à volonté. La sienne ou la nôtre ?
Le Phénix est immortel mais doit cependant se régénérer tous les 500 ans. Il s’envole alors pour la ville d’Héliopolis en Egypte. Là, il choisit le premier des arbres fruitiers cultivés par l’homme : le palmier dattier. Comme le Phénix, il vit si vieux qu’on le dit immortel et capable de renaître de lui-même. Au sommet du palmier élu,  avec de la myrrhe,  de l’encens et d’autres aromates, le Phénix se construit un nid. Puis il chante un hymne au soleil, prend son envol et monte jusqu’à lui, portant dans son bec quelques brindilles qui, au contact de l’astre, s’embraseront.  D’un coup d’aile, il reviendra sur terre pour se poser dans le nid qui prendra feu et le consumera .Des cendres, il renaîtra pour un nouveau cycle de vie  qui durera 1461 ans au bout desquels sera la Grande année qui verra la régénération cyclique du Cosmos.



MARS - Semaine 2 – jour 6 LIRE ET RELIRE

Fleur maïsière
Ne va pas à la panière



LES FRERES GRIMM-


Perrault a eu le grand mérite de tirer de l’oubli où ils sombraient, huit contes emblématiques.
Ils sont tels les troncs d’arbres dont les racines plongent dans les mythologies du monde . Un peu plus de cent ans après,  les 238 branches collectées dans tout l’Allemagne par les frères Grimm en formeront la frondaison.
Si la démarche de Perrault était littéraire et probablement philosophique, Jacob et Wilhelm Grimm, linguistes et aussi juristes ont fait œuvre ethnologique .  Les « Contes pour les Enfants et la Maison » n’en sont pas moins une formidable machine à rêves. Ils sont souvent sombres et tragiques, le merveilleux y est moins léger que chez Perrault qui décrivait la vie mondaine jusque dans Barbe-Bleue. On y voit plus de sorcières que de fées et les héros y rencontrent des tâches plus rudes que semer des petits cailloux ; les dragons ont souvent sept têtes à couper qui parfois repoussent et il n’est pas rare d’y avoir à tuer cruellement son animal favori pour être délivré d’un mauvais sort.
La punition du « méchant » est souvent d’une grande barbarie, telle la fin de la marâtre de Blanche-Neige :
« Cette femme perfide poussa alors un juron et elle se lit à avoir terriblement peur, si peur qu’elle ne parvenait pas à se ressaisir. Elle ne voulut tout d’abord plus du tout se rendre au mariage ; cependant elle n’avait pas de paix : elle devait y aller pour voir la jeune reine. Et, quand elle entra, elle reconnut Blanche-Neige, et sa terreur et son angoisse étaient telles qu’elle était incapable de faire le moindre mouvement. Mais on avait déjà mis à chauffer, au-dessus d’un feu de charbon, des souliers de fer que l’on apporta avec des pinces et que l’on plaça devant elle. Elle fut alors bien obligée de mettre ces souliers chauffés à blanc et de danser ainsi, jusqu’à ce qu’elle s’effondre, morte, sur le sol. »









MARS -Semaine 2 – jour 7 ON CONNAIT LA CHANSON

En Mars l’ève
Fait monter la sève



L’Amour de Moy


L’amour de moy s’y est enclose
Dedans un joli jardinet
Où croît la rose et le muguet
Et aussi fait la passerose

Ce jardin est bel et plaisant
Il est garni de toutes flours
On y prend son ébattement
Autant la nuit comme le jour.

Hélas il n’est si douce chose
Que ce doux rossignolet
Qui chante au soir au matinet ;
Quand il est las il se repose.

Je la vis l’autre jour cueillir
La violette en un vert pré ;
La plus belle qu’oncques je vis
Et la plus plaisante à mon gré.

Je la regardai une pose
Elle était blanche comme lait
Et douce comme un agnelet
Et vermeillette comme rose.





MARS -Semaine 3 – jour 1 US ET COUTUMES

Mange des crêpes aux brandons.



PAQUES


Pâques approche et vous souhaitez des œufs en grand nombre pour les colorier, les cacher au jardin et amuser les petits enfants : nourrissez vos  poules à l’intérieur d’un cercle de tonneau, d’un cerceau ou tout autre cercle ;  faites aussi plusieurs fois le tour du poulailler en semant les os du repas de la veille, ce qui éloigne les renards. N’omettez pas de dire  à voix haute et distinctement: « Tiens, Renard, voilà ta part ! ». Pour plus d’efficacité, il faut n’être vu (et entendu) de personne.
En Lorraine, c’est l’os du jambon que l’on offre, pas au renard mais au loup. On fait monter sur le toit le plus jeune garçon de la famille. Il jette l’os dans la rue en criant : « Oh ! Loup !  tiens,  loup ! val  te pah. »

Les nuits du 20 au 24 sont des « Nuits Noires », néfastes pour les naissances.  Les femmes sur le point d’accoucher devront se retenir jusqu’au 25. Ce jour là, quand elles auront fini, elles pourront aller greffer quelques arbres, mais s’abstenir de faire la lessive. Transgresser l’interdit les  exposerait à revenir au lavoir après leur mort tous les ans à la même époque, et ceci pour l’éternité ! De plus, le linge lavé ce jour là, se transformerait en paille ; qui est utile aussi et qu’on n’a pas besoin de repasser.
Le 24, chez les Romains, jour sacré de Cybèle, « mère des dieux » et avide de sang humain ; c’est la « fête du sang ».
S’il gèle le 25, jour de l’Annonciation, on ne récoltera ni grain ni vin.
Si cette fête coïncide avec le vendredi saint ou le dimanche de Pâques, de grands malheurs sont à prévoir : 1910 mort d’Edouard VII, 1951, mort de GeorgesVI ; et ça pourrait être plus grave !
En revanche, les Russes pensent que l’Annonciation qui  tombe un lundi ou un dimanche, est signe de bon augure.
Les Lorrains redoutent pour leur bétail un carême qui débute en mars ; et il débute presque toujours en mars, ce qui est fâcheux pour les agneaux et les moutons aux alentours de Pâques.
Ne rien semer les trois derniers jours de mars ; ne pas se faire saigner non plus : risque de mort !
Les anglais, de crainte d’attirer le mauvais sort, n’empruntent jamais d’argent ces trois derniers jours. Les fréquenter de préférence à ce moment-là.
Les enfants nés en mars sont bons, sympathiques et inquiets ; les Poitevins plus particulièrement, ont la tête grosse.
On se méfiera des mois de mars qui comportent 5 mardis et qui  ne laissent aux belges ni choux ni trognons.
Le tonnerre de mars laisse présager une  pénurie de fruits, de blé, d’huile et de vin ; il annonce  aussi guerre et mortalité.



MARS - Semaine 3 – jour 2 CONTE

N’a passé pour mauvais temps.


La  TOISON d’OR.

Autrefois Dionysos aima Théophané. De leurs amours naquit un bien étrange enfant : il était fait d’or pur et il avait des ailes. Jupiter qui le vit, désira l’adopter, l’emporta sur l’Olympe où il le fit dormir dans une bergerie ; car c’était un bélier. Un Bélier raisonnable et qui savait parler.

Athamas, roi de Thèbes, prit pour seconde épouse Ino, fille de Cadmos. Néphélé, répudiée, qui avait deux enfants, une fille, Hellé et un garçon, Phryxos, craignait fort pour leur vie et elle avait raison.  Ino avait un fils, qu’elle voulait voir régner ;  Phryxos devait mourir.  Dans les greniers royaux, on gardait les semences des prochaines récoltes. Ino y pénétra, stérilisa les graines. Il n’y eut l’an suivant, ni moisson, ni récolte. L’oracle consulté, soudoyé par Ino, dit au roi que jamais plus rien ne pousserait sur la terre de Thèbes, s’il n’acceptait d’offrir son fils en holocauste. Athamas refusa, mais le peuple affamé ayant appris la chose, fit céder le monarque.
 La pauvre Néphélé suppliait tous les dieux d’épargner son enfant. Hermès qui l’entendit,  avertit Jupiter. Le maître de l’Olympe envoya son Bélier, qui le prit sur son dos pour le mettre à l’abri très loin vers l’Orient, au royaume de Colchide. La jeune Hellé, craintive, voulut suivre son frère. Elle n’avait jamais vu ni entendu la mer. Le bruit des flots lui fit une frayeur horrible, la tête lui tourna et, lâchant la toison, elle tomba dans les flots à l’endroit qui depuis se nomme l’Hellespont.
Phryxos, fuyant Ino, lui avait  pris les dents provenant d’un dragon qu’avait jadis occis le roi Cadmos, son père ; ces dents étaient magiques. Il parvint en Colchide où le roi Aletes  lui fit un bon accueil, et même il lui donna sa fille en mariage. Il fallait une dot, mais Phryxos n’avait rien sauf les dents du dragon, qu’il offrit volontiers.
Un jour vint cependant où regrettant Iolcos, il voulut retourner au pays de son père, emmenant avec lui ses enfants, son épouse et aussi le Bélier. Aletes refusa car l’animal divin était pour sa nation un garant de bonheur et de prospérité.
Comment garder captif un homme qui commande à un Bélier volant ?
Le roi, pour faire hommage au belliqueux Arès,  organise des jeux. Toute la cour est là. Le Bélier confiant, couché près de son maître, soudain s’agite et bêle. Des guerriers armés, sur l’ordre d’Alétes le saisissent et l’entraînent. Phryxos alors comprend qu’il sera sacrifié et veut s’interposer. Malencontreux hasard ou ordre criminel ? Il est frappé à mort. Mais avant d’expirer, il maudit Alétes et jure qu’un fantôme viendra le  tourmenter tant que la Toison d’Or du Bélier divin ne sera pas rendue au royaume d’ Iolcos.
Sur un chêne du bois consacré à Arès, Aletes fit clouer l’éclatante dépouille et mit pour la garder un dragon insomniaque.
Zeus parmi les étoiles a placé son Bélier , mais sa lueur est faible puisque le Toison d’Or est restée en Colchide
L’écho de ce forfait fit murmurer  la Grèce.


MARS -Semaine 3 – jour 3 C’EST BON SIGNE

Sème tes pois à la Saint-Patrice
Tu en auras tout ton caprice.




LE BELIER



Le front orné de cornes vigoureuses, environné de flammes, vêtu de rouge et bardé d’acier, le Bélier, la tête en avant, force la porte du printemps.
L’agneau qui a pu échapper au loup, celui qui a survécu aux festivités Pascales, devenu adulte, perd son innocence et emprunte au dieu Mars qu’il accompagne souvent, son caractère belliqueux

Mars devient Germinal et inspire Zola, natif du Bélier comme Charlemagne, Thérèse d’Avila, Marlon Brando et tant d’autres têtes chaudes
Le dieu Mars qui gouverne le mois est associé à la planète rouge qui a son domicile diurne dans la constellation du Bélier.  La nuit, elle habite de préférence le Scorpion ; c’est pourquoi, âpre chaude et sèche, on a coutume de l’associer aux tyrans, aux guerres et aux catastrophes.

Les personnes nées dans cette période ne craindront pas le travail,  mais ne feront pas tous  fortune. Ils n’ont pas cependant à redouter la pauvreté.
  Grands amoureux les natifs se marieront tard ; s’ils se marient. La chasteté leur est pénible ; Thérèse d’Avila a du beaucoup écrire et se mortifier pour parvenir à la supporter.
S’ils donnent dans leur jeunesse le meilleur d’eux-mêmes et s’ils n’en meurent pas, les natifs du Bélier sont assurés de parvenir à un âge avancé.
Il leur faudra toutefois se méfier de la pleine lune si elle tombe un 15 mars et se souviendront que les Ides de Mars ont mal réussi à Jules César.
Si leur toison est d’or, la postérité gardera leur mémoire.



MARS - Semaine 3 – jour 4 LUSTUKRU !

COMMENT CUISINER L’ HOMME ?


Nous discutons toujours sur les questions de victuailles, nous savons que le lapin aime à être mangé cuit, et que le canard préfère la casserole à la broche? Mais l'homme? Quid de l'homme et comment demande-t-il à être mangé? Un cannibale des îles Fidji donnait récemment - au cours d'une interview qu'il accordait à un journaliste américain- quelques aperçus très personnels sur les préférences des anthropophages. D'abord, ils préfèrent de beaucoup la chair de l'Océanien à celle du blanc. La chair du blanc est très salée; celle du Polynésien est beaucoup plus douce. Rien n'est plus mauvais, paraît-il que le vieux matelot. La saveur du vieux matelot est exécrable; et ceci vient de l'usage que fait ce dernier de l'alcool et du tabac. Joignez-y une salure excessive; bref, ce n'est pas mangeable. (Et ce disant, le vieux noir palpait le bras du journaliste, et il lui poussait le doigt entre les côtes d'une manière qui ne semblait pas être totalement platonique. Car enfin, faute de grives, on mange des merles.) "Vous me demandez quels sont les meilleurs morceaux", ajouta le vétéran. "La tête d'abord: les yeux et la cervelle pour commencer, puis les joues. Les joues des jeunes sujets font un morceau très délicat. Le haut du bras, le mollet, la cuisse passent encore, mais le reste ne vaut rien; c'est pour les chiens." Et le sauvage vint l'après-midi retrouver le journaliste, armé d'un fusil, lui offrant de le conduire à quelque distance, dans un endroit où il trouverait "beaucoup de perroquets". Bien que très salé, le journaliste préféra se passer de perroquets. Et il n'a peut-être pas eu tort.

NOS LOISIRS - 24 mars 1907





MARS - Semaine 3 – jour 5 COURRIER DU CŒUR

Chaud à la Saint-Joseph
Fera l’été bref.



De Victor Hugo à Léonie Briard


 «  Samedi – trois heures du matin.
Je rentre. J’ai ta lettre. Cette douce lettre, je l’avais lue aujourd’hui dans tes yeux. Que tu étais belle tantôt aux Tuileries sous ce ciel de printemps, sous ces arbres verts, avec ces lilas en fleurs au-dessus de ta tête. Toute cette nature semblait faire une fête autour de toi. Vois-tu, mon ange, les arbres et les fleurs te connaissent et te saluent. Tu es reine dans ce monde charmant des choses qui embaument et qui s’épanouissent comme tu es reine dans mon coeur.
Oui, j’avais lu dans tes yeux ravissants cette lettre exquise, délicate et tendre que je relis ce soir avec tant de bonheur, ce que ta plume écrit si bien, ton regard adorable le dit avec un charme qui m’enivre. Comme j’étais fier en te voyant si belle! Comme j’étais heureux en te voyant si tendre!
Voici une fleur que j’ai cueillie pour toi. Elle t’arrivera fanée, mais parfumée encore; doux emblème de l’amour dans la vieillesse. Garde-la; tu me la montreras dans trente ans.
Dans trente ans tu seras belle encore, dans trente ans je serai encore amoureux. Nous nous aimerons, n’est-ce pas, mon ange, comme aujourd’hui, et nous remercierons Dieu à genoux.
Hélas! Toute la journée de demain dimanche sans te voir ! Tu ne me seras rendue que lundi. Que vais-je faire d’ici là ? Penser à toi, t’aimer, t’envoyer mon coeur et mon âme. Oh! de ton côté sois à moi! à lundi! — à toujours !  »



MARS -Semaine 3 – jour 6 AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS

Mardi-Gras pluvieux
Fait le cellier huileux



POUR BIEN S' HABILLER 
 - Fémina-Bibliothèque - 1911



"Comme l'amour, enfant de Bohême, ainsi qu'il est chanté dans Carmen, la Mode n'a jamais, jamais connu de loi. Ou plutôt, si elle en a établi une, c'est pour mieux la renverser. La mode a du bon et du mauvais. Si elle a du mauvais, c'est grâce à la foi aveugle que lui vouent certaines femmes, même les plus intelligentes. Malgré leur coquetterie innée qui devrait, les avertir et les éclairer, elles acceptent, les yeux fermés, des déformations qui vont parfois jusqu'à la caricature."





MARS - Semaine 3 – jour 7 LES METIERS

S’il pleut à la Saint-Benoît,
Il pleuvra 37 jours plus 3.




La mercière-


Entre la luxueuse avenue Montaigne et le prestigieux faubourg Saint-Honoré, tournent autour du rond point des Champs-Elysées  de nombreuses petites rues que l’on parcourt  en voiture, sans vraiment les considérer, avec l’obsession fébrile d’y trouver une place pour stationner.
Il existait naguère dans ces rues méconnues, une foule de petits commerces et artisanats ignorés de ceux qui fréquentent les « grandes maisons », mais bien connus de ceux qui y travaillent.
Ainsi, rue de Ponthieu, dans une échoppe tenant du couloir biscornu plus que du magasin, Madame Jules fumait sa pipe. Etait-ce son nom ou bien un sobriquet que lui avaient valu sa voix de rogomme et son inamovible bouffarde ? Peu importe. Madame Jules était mercière.
Ses clients portaient les plus grands noms de la mode mais on ne les y voyait jamais. Leurs émissaires étaient des gamines nouvellement arrivées de province ou de banlieue, toutes imbues de ce grand nom qu’elles représentaient et qui les intimidait encore. Elles venaient là, envoyées au « réassort » par Mme Agnès, flouteuse chez Dior, Mr Jean, tailleur chez Saint-Laurent ou Mme Nicole, modiste chez Cardin. Avec à la main un échantillon d’étoffe, elles devaient dénicher le fil ou le grosgrain dont la couleur « collerait » exactement. La crainte de l’erreur, souvent paralysait leur choix. Le boyau qui servait d’échoppe à Mme Jules était mal éclairé et la rue de Ponthieu assez peu lumineuse quand on allait « voir au jour ». Les commentaires de la « première », voire de tout l’atelier pouvaient être cinglants en cas d’erreur. Trop d’erreurs accumulées risquaient de chasser la novice loin de ces paradis où elles rêvaient de passer les épingles lors de l’essayage d’une célébrité.
Mais l’œil de Mme Jules derrière ses grosses lunettes et en dépit de la pénombre qui régnait dans son antre, était infaillible. Et si son conseil était peu amène – l’arpette se faisait souvent traiter de gourde ou d’empotée-, il était toujours judicieux.
Au retour dans l’atelier, il était vain pour la gamine d’espérer des éloges ; elle n’avait fait que « son boulot ». On ne félicitait jamais une apprentie ; sa seule récompense était de se voir enfin confier un travail un peu délicat, avec l’angoisse recommencée d’être ou ne pas être à la hauteur du « nom » auquel elle consacrait ses journées.




MARS - Semaine 4 – jour 1 US ET COUTUMES

Carnaval crotté,
Pâques mouillées,
Coffres comblés.





LE NOMBRE TROIS

Bien que le total des habitants de l’Olympe soit douze (certains en dénombrent quatorze), les dieux principaux sont trois, qui se partagent le gouvernement du monde :
ZEUS, maître du ciel et de la terre ; POSEIDON qui règne sur les ondes et HADES qui détient l’empire du monde souterrain.

On trouve chez les Chrétiens la Sainte Trinité : le Père,le Fils et le Saint-Esprit.

Dans les contes, les vœux sont généralement au nombre de trois et les formules magiques, doivent souvent se répéter trois fois pour être efficaces.




MARS - Semaine 4 – jour 2 CONTE

Mars frappe avec la queue,
Avril avec la tête.



Mars amoureux


Tout au nord de la Grèce est un pays peuplé de chevaux sauvages et de guerriers farouches ; c’est la Thrace patrie de Mars, le dieu des combats. Pourtant le trublion de l’Olympe ne fut pas toujours aussi agressif.
 A Jupiter son époux, qui n’était pour rien dans la naissance de cet enfant, Junon la mère, raconta non sans un superbe aplomb, qu’après avoir été piquée par une plante offerte par Flore – c’était une aubépine et l’on sait à quel point les dards de l’aubépine sont perçants -, elle avait miraculeusement conçu. Jupiter, expert en excuses vaseuses en tous genres concernant l’engendrement de ses nombreux bâtards, fit semblant de la croire et pour accréditer aux yeux des Dieux l’idée d’une union mystique avec une fleur magique aux vertus fécondantes, proclama le jeune Mars, dieu de la nature en fleurs. Et comme tel, il présiderait au printemps, à la renaissance de la végétation. C’est plus tard, quand les hommes devenus cultivateurs eurent des territoires à défendre, qu’il devint belliqueux et s’arma d’une lance,  d’une épée et  d’un bouclier protecteur.
Satisfait de ces nouveaux jouets et pour avoir l’occasion de s’en servir, il se mit alors à chercher querelle à tous les êtres mortels ou immortels qui croisaient sa route. A Hercule, dont il enviait la force et les exploits, à la sage Athéna, chargée de modérer ses ardeurs guerrières et à bien d’autres encore.
Seule trouvait grâce à ses yeux l’amoureuse Vénus.
Mais Apollon aussi courtisait la déesse. Apollon était beau, doré comme un soleil, aimant l’art et les jeux.  Mars était un guerrier, coléreux et brutal.
Pour se faire aimer de Vénus, Apollon déployait tous ses talents, inventait la musique, inspirait les poètes. Mars lui, n’avait pas de ces raffinements, et l’on savait très bien qu’il avait pour coutume de prendre par la force ce qu’on lui refusait. Allez savoir pourquoi, la belle a préféré le soudard à l’artiste !
 Pour cacher leurs amours ils élirent une grotte au fond d’un bois sacré. Econduit, plein de rancœur, Apollon poursuivait sans relâche son rival victorieux qui, suivi d’Alectryon un jeune mortel dont il avait fait son aide de camp, tout le jour parcourait la terre pour tenter de semer le lumineux archer.
Dès la nuit tombée, Mars enfin pouvait retrouver sa belle. Il postait à l’entrée de leur chambre d’amour le jeune Alectryon qui avait pour mission de veiller et de les prévenir si quiconque approchait.
 Apollon qui voit tout et de plus est devin, finit par découvrir le repaire des amants. Alectryon héla, n’était pas un dieu ; pour avoir suivi Mars et couru tout autant que son maître, il était épuisé. Alors il a veillé, veillé tant qu’il a pu, mais il finit par s’assoupir et n’entendit pas s’approcher Apollon qui d’ailleurs ne faisait aucun bruit. Il ne vit pas non plus les rayons lumineux émis par le dieu  toucher les deux amants enlacés.
Apollon a surpris Vénus et Mars au lit : il tient enfin sa revanche. Vénus était mariée à Vulcain le plus laid mais le plus habile des Olympiens.
Averti de son infortune, l’époux silencieux, rentre en ses ateliers et là, tisse un filet. Un filet merveilleux, fin comme la soie et solide comme le roc, dont il entoure la couche des amants. Ils n’ont rien remarqué et  leurs ébats déclenchent le piège qui les immobilise.
 Vulcain, sans crainte du ridicule qu’entoure souvent sa situation convoque tout l’Olympe. Les dieux s’amusent ; Mercure qui aime à rire, ose même prétendre qu’il n’est aucun d’entre eux qui n’envie la place du guerrier, mais les déesses par solidarité féminine ont refusé de venir contempler la honte de Vénus.  Jupiter intervient, somme Vulcain de délivrer les deux coupables, mais il refuse. Qu’on lui rende alors le prix qu’il a versé pour obtenir cette épouse qui se conduit comme une catin. Grande délibération chez les dieux. Qui va payer l’amende ? Mars, le coupable refuse tout net. Il n’est pas né pour faire cesser la discorde fût-ce au prix de ses amours. Neptune alors,  qui aime aussi Vénus, veut la sortir de cette situation ridicule. Il accepte de se porter garant pour Mars. Vulcain possesseur de tant de trésors estime son honneur racheté ; il ouvre le piège.
Les deux amants coupables sont renvoyés dans leur pays natal. Vénus, honteuse surtout de s’être fait prendre, est priée d’aller se faire oublier dans l’île de Chypre. Mars retournera pour quelque temps en Thrace.  
L’ombrageux ne rit pas. Le pauvre Alectryon fait les frais de sa rage : il est changé en coq, condamné à chanter jusqu’à la fin des temps au lever du soleil.





MARS -Semaine 4 – Jour 3 RIMES SANS RAISON

S’il pleut sur les Rameaux,
Il pleut sur les fléaux






Conte



C’est un conte noir
Un conte à rebours
Au fond d’un trou noir
Tendu de velours

C’est un conte idiot
Sans queue et sans tête
Qui va à vau l’eau
Sans rien qui l’arrête

Au fil de la plume
Sans ami Pierrot
Un conte de brume
Conte à demi-mot

Ce n’est pas facile
D’écrire l’histoire
D’un conte imbécile
Qui n’a rien à voir

Avec les princesses
Et les magiciens
Avec les ogresses
Il ne rime à rien

C’est un conte en grille
Plein de mots croisés
Pour petite filles

Démoralisées




MARS - Semaine 4 – jour 4 DE TOUT UN PEU

Le vent du jour du Buis
Dure autant que lui





LES CARPES DE FONTAINEBLEAU-


Les carpes du palais de Fontainebleau ont leur histoire qu’elles pourraient raconter si elles n’étaient pas muettes comme … des carpes.
On a cru longtemps que les carpes de l’étang de Fontainebleau étaient plusieurs fois centenaires, puisque  François 1°les y avait fait installer.
Mais…
Napoléon III en villégiature à Fontainebleau, voulut, un matin, tandis que tout le palais était encore endormi, se promener seul sur l’étang. Il avisa, parmi les barques amarrées à la rive, une étroite et fine périssoire. La fantaisie le prit de monter dans cette frêle embarcation.
Mais, canotier d’occasion, il fit de vains efforts d’équilibre. La catastrophe était inévitable et elle se produisit. La périssoire se retourna et l’empereur but le bouillon. Bon nageur,il tenta de regagner le bord, mais la vase épaisse et puante rendait ses mouvements difficiles. Il ne risquait pas de se noyer mais d’être empoisonné par la gadoue accumulée depuis plusieurs siècles. Il finit quand même par regagner la rive mais, dès le lendemain, il fit curer l’étang.
En admettant qu’on n’ait pas renouvelé l’opération depuis, les carpes seraient alors contemporaines non de François 1° mais de Napoléon III.







MARS - Semaine 4 – jour 5  C’EST POUR RIRE


Mars est comme la romance,
Il finit comme il commence.




LE DODO



Nous apprenons chaque jour, avec désolation, qu’une nouvelle espèce animale est en voie d’extinction. Heureusement, les progrès de la science et de la génétique en particulier, pourront peut-être venir à bout de cette catastrophe écologique.
Les orques, les ours blancs, les tigres du Bengale risquent de finir comme le Dodo, ce gros oiseau emblématique de l’Ile Maurice, si balourd et familier que les Européens débarquant dans l’île en firent un carnage . Sa chair étant peu estimée, l’espèce eût été préservée, si les animaux importés par les colonisateurs, chats, chiens et rats surtout, n’étaient venus à bout des survivants. Le dernier Dodo s’est éteint vers 1680. On peut le voir, empaillé et perdant un peu ses plumes, au musée de Port-Louis.
Des fragments, d’os, de becs, de pattes, sont disséminés dans différents musées européens tels que Londres, Prague, Copenhague.
Des chercheurs, pour identifier l’étrange oiseau ont prélevé de L’ADN sur ces débris ; l’idée leur est venue d’inséminer des oiseaux femelles pour tenter de faire renaître quelques spécimens. L’ADN a révélé que le Dodo est cousin du pigeon, mais avec ses 12 Kg et son 0,70 m de haut, le dodo est bien trop gros pour une mère pigeonne. Seule la taille du cygne avoisine celle du dodo. Ce sont donc des femelles cygnes qui couvent actuellement de gros œufs sur le point d’éclore.
Verrons-nous dans les prochains jours des poussins-dodos ?




MARS - Semaine 4 – jour 6 CE SOIR JE SERAI LA PLUS BELLE

Neige en Mars
Vaut blé en sac.





L’HUILE DE PAQUERETTE


« Hélas ! Mon joli temps se passe, mon téton commence à mollir ! », se lamentait Christine de Pisan.
Pour ralentir la chute, elle aurait pu utiliser cette huile tonifiante et parfumée, facile à faire à la maison.
Il vous faut : 30gr de fleurs de pâquerette et 125ml d’huile de pépin de raisin.
Mettez vos fleurs dans un flacon, et remplissez-le avec l’huile ; laissez macérer 10 jours à la lumière naturelle en remuant de temps à autre.
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A appliquer sur les seins, le soir au coucher en massage tournant dans le sens des aiguilles d’une montre.



MARS -Semaine 4 – jour 7 LE PARTRIOLE







Le troisièm’ mois de l’année
Que donnerais-je à ma mie ?
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole
Qui vole dans ce bois.