Et je
croye se je vous disoye
Les
valeurs qui sont en mon fait
Qu’a
grant peine creu je seroye,
Et si
suis le moys de juillet.
Je
suis joyeux a peu de plet
Pour
tous biens faire tost meurir.
Si
doit on bien de cueur parfait
En mon
temps Jesucrist servir.
Le
Khâlendrier des Bergiers.
JUILLET- Semaine 1- Jour 1- US et COUTUMES -
Juillet sans orage,
Famine au village.
Parce que Jules César est né le douzième jour du
cinquième mois de l’année romaine, Marc-Antoine dénomma Quintilis pour en
faire le mois de Jules : notre juillet qui sera consacré à Jupiter , le
roi des dieux.
Le poète
Ausone décrit juillet sous les traits
d’un homme roux, nu, bronzé, couronné d’épis et portant un panier plein de
mûres.
C’est un matin de juillet que choisit Don Quichotte,
pour franchir la porte arrière de son
domaine et, monté sur Rossinante, partir courir le monde en quête d’aventures
et de torts à redresser.
L’Eglise catholique, aux nombreux domaines
agricoles ayant besoin de bras pour ses moissons, institua peu de fêtes
religieuses chômées pendant ce mois d’été.
On célèbre pourtant le 3 juillet, St Thomas, mais
au lit et en dormant car cette nuit est réputée propice aux rêves
prophétiques. Il faut donc auparavant, jeûner au pain sec et à l’eau. Puis
aller se coucher sans parler à quiconque et montant
dans le lit, le pied gauche en premier, faire une prière pour les âmes du purgatoire.
Si, par chance, vous vous souvenez de vos rêves le lendemain matin, ce que vous
y avez vu a des chances de se produire.
Le 5 juillet en Russie, on fête la lune qui cette
nuit là se comporte comme une écervelée, elle saute, danse, joue à cache-cache
avec les nuages, change sans arrêt de place et de couleur. La voir prendre tour à tour les sept couleurs de
l’arc en ciel, est d’un excellent augure pour les récoltes.
JUILLET- Semaine 1- Jour 2- CONTE
Le jour de la
Visitation beau
Fait le raisin plus
gros
ZEUS
Jupiter règne sur juillet, comme il régnait sur l’Olympe du temps que
les Grecs le nommaient Zeus. Un pouvoir acquis non sans peines.
Les dieux qui sont immortels, répugnent à envisager la fin de leur
règne. L’idée qu’un de leurs enfants puisse les supplanter peut les conduire à
des extrémités regrettables. Une des plus courantes étant de dévorer cette
irritante progéniture. Cronos, qui ne pouvait avoir oublié de quelle violence,
de quelle sauvagerie il avait du user pour contraindre son père Ouranos à lui
céder le pouvoir, fut averti par un oracle, que sont tour allait venir d’être
évincé par le plus jeune de ses fils. Pour mettre toutes les chances de son
côté, il résolut d’avaler chaque descendant qui lui viendrait.
Rhéa la mère, qui avait vu cinq fois ses enfants engloutis par son
vorace époux, s’en fût cacher ses sixièmes couches dans une grotte du Mont Ida.
Puis, laissant le nouveau-né à la garde de la nymphe Amalthée, emmaillota une
pierre dans des langes et la plaça dans le berceau que surveillait Cronos.
Brutal, vorace, il avala et digéra le tout sans ressentir la moindre lourdeur
d’estomac.
Nourri de miel et du lait d’Amalthée, Zeus grandit en force et en
santé. Sa turbulente joie de vivre produisait de curieux effets sur sa nourrice
qui lassée, prenait parfois l’apparence d’une chèvre. C’est pourquoi on dit
depuis d’une enfant particulièrement dynamique qu’il « rend chèvre »
ses parents.
Parvenu à l’âge adulte, Zeus pour donner raison à l’oracle entreprit de
détrôner son père. Mais que pouvait-il, seul contre le puissant Cronos et ses
formidables alliés, les Titans ses frères ? Zeus avait également des frères
et des sœurs que Cronos gardait prisonniers au fond de ses entrailles. Il
fallait les en faire sortir.
Métis fille d’Océan, savait une drogue propre à faire rendre au père
indigne les enfants qu’il avait avalés. Il entreprit de la séduire. D’abord
réticente, Métis usa de subterfuges pour lui échapper ; elle se cacha sous
diverses apparences, mais ne put longtemps résister au futur maître de l’Olympe
à qui toutes finiraient un jour par céder. Lui pour sa part, retint l’idée des
métamorphoses qui lui seront bien utiles par la suite.
Ses frères et sœurs enfin rendus au jour, Zeus fit alliance avec eux et
toute la fratrie entreprit de se venger de leur infâme géniteur.
La guerre dura dix ans ; Cronos et ses Titans semblaient
invincibles. Cependant, du temps où lui-même luttait pour prendre le pouvoir,
il avait envoyé au fond du Tartare les alliés d’Ouranos, les trois
Hécatonchires, des géants dotés chacun de cent bras et cinquante têtes ;
il y avait aussi relégué trois habiles et puissants cyclopes, ces monstres
gigantesques à l’œil unique. L’oracle consulté avertit Zeus que sa victoire
était au prix de la délivrance des six monstres. Poseidon et Hadès ses frères,
appelés en renfort, les trois dieux parviennent à les libérer. Les Cyclopes
reconnaissants offrent à Hadès une casque qui rend invisible celui qui le
porte ; à Poseidon le trident avec lequel il ébranlera la terre et les
mers et gardent pour Zeus le tonnerre et la foudre. Trois dieux, six monstres
et des armes magiques font que se réalise la prédiction de l’oracle :
Cronos est vaincu. Il restait aux trois frères à se partager le pouvoir. Afin
que nulle discorde ne vienne troubler leur amitié, ils laissèrent le sort
décider pour eux. Poséidon gagna la mer et les eaux, Hadès le monde souterrain.
Zeus avec le ciel, reçut la souveraineté sur tout l’univers.
La paix n’était pas établie pour autant. Les Titans, à leur tour
relégués dans le Tartare, s’allient à des êtres gigantesques, barbus, chevelus,
hirsutes ; des corps de serpents leur servent de jambes ; ils sont
invincibles mais pas immortels : ce sont les Géants. La lutte effroyable
reprend jusqu’à ce que les Olympiens tant par force que par ruse, arrachent la
victoire.
C’est alors que surgit, plus grand que les montagnes, entouré de
vipères des pieds à la ceinture, ses yeux lançant des flammes, cent têtes de
dragons à la place des doigts, le monstre ailé Typhon.
Bravement Zeus fait face au monstre, mais il est seul et Typhon
parvient à lui sectionner les tendons des bras et des jambes et le jette plus
faible qu’un chevreuil blessé sur ses vastes épaules. Il l’emporte dans une
grotte où il l’enferme. Mais Hermès le rusé découvre sa prison et aidé de Pan,
parvient à le délivrer, à soigner ses blessures et lui rendre sa force.
Définitivement victorieux, Zeus peut désormais régner en paix et
épouser Métis.
mais à peine est-elle enceinte que l’oracle annonce la malédiction
traditionnelle : l’enfant que porte Métis est une fille dont le destin est
de détrôner son père. Zeus alors à recours aux méthodes qui sont de tradition
dans sa famille. Et il avale aussi la mère. Mais le bébé pousse et donne en
grandissant une insupportable migraine à son géniteur.
Prométhée, le fils d’un Titan, s’arme d’une hache et sans hésiter,
puisque Zeus est immortel, lui fend le crâne. Il en sort, armée et casquée, la
vierge et sage Athéna.
Laissant Métis où elle est, il épouse alors Thémis qui enfante les
Saisons, puis les Moires qui filent nos destinées.
Une épouse ne peut suffire au Roi des Dieux ; il s’unit à une
autre Titanide : Dioné. Puis à Eurynomé, fille d’Océan qui lui donne les
Grâces. Car l’Olympe et le monde sont à peupler et Zeus soucieux de la santé de
ses femmes, se doit de répartir la tâche sur plusieurs. Mnémosyne enfante les
Muses, Léto donne le jour à Artémis et Apollon, puis c’est l’Union Sacrée,
celle qui lie pour toujours Zeus à sa sœur Héra. Ils auront trois
enfants : Hébé, Ilithye et Arès. Puis, non sans avoir fait au passage une
fille, Perséphone, à son autre sœur Déméter, Zeus continuera à séduire nymphes
déesses et mortelles .En dépit de la jalousie et des colères d’Héra, il aura à
cœur de doter toutes les régions helléniques de héros qui feront leur gloire.
En souvenir des métamorphoses de sa première épouse et pour échapper à
la surveillance de la dernière, Zeus séduira toutes celles qu’il désire sous
les plus diverses apparences :
Une pluie d’or pour Danaé, un cygne pour Léda, un taureau pour Europe,
et jusqu’aux traits de son époux pour la fidèle Alcmène.
Les amours de Zeus sont sans nombre et chacune d’elle peut faire
l’objet d’un conte tant le Dieu des Dieux s’est fait un devoir de peupler la part d’Univers que le sort lui
avait confiée.
JUILLET -Semaine 1 -Jour 3-
PAR ICI LA BONNE SOUPE
A la Sainte Berthe
Se cueille l’avoine verte
Si elle n’est pleine que de lait
Il faut laisser mûrir le blé.
La confiture des Quatre
fruits rouges.
C’est une
confiture rare, composée de cerises griottes, de fraises, de groseilles, et de
framboises en parts égales.
Il faut que les
quatre fruits puissent être récoltés en même temps, ce qui n’arrive pas chaque
année.
Les groseilles
sont en général de bonne composition, il y en toujours. Mais vous pouvez avoir
raté la taille des framboisiers qui vexés, ne donneront pas. Les fraises sont
convoitées par limaces et escargots qui arrivent toujours à leurs fins en dépit
des filets et grillages protecteurs. Quand aux cerises… ah, les cerises !...
entre les gelées tardives et les étourneaux voraces, il n’est pas rare qu’on
doive s’en passer.
Ajoutez à cela les
fantaisies climatiques qui incitent les quatre fruits à ne pas mûrir en même
temps….
Vous me direz
qu’en notre siècle technologique, tout jardinier possède un congélateur dans
lequel il peut conserver les premiers arrivés en attendant la maturité des
autres, mais… ce n’est pas pareil !
J’ai même connu de
rusées ménagères qui cuisaient leur confiture fruit par fruit, pour les
mélanger dans une cuisson finale. Tricheuses ! Pendant que vous y êtes, allez
donc acheter vos quatre fruits rouges en grandes surfaces et… tiens, pourquoi pas
? la confiture toute faite dans les rayons !
Enfin, cette
année, la chance vous a souri, vous avez vos quatre fruits mûrs à point, en
même temps. Alors, c’est tout simple : vous les pesez épluchés et dénoyautés,
vous ajoutez dans la bassine livre pour livre de sucre (roux si possible),
quelques noyaux de cerises pour le parfum (et la fortune de votre dentiste) ;
vous mélangez. Laissez reposer une nuit.
Le lendemain,
cuisson rapide, car attention ! ces fruits, à l’exception des fraises,
sont pleins de pectine, n’en faites pas de la pâte de fruits. C’est bon aussi,
remarquez…
Ecumez au fur et à
mesure et ne jetez pas l’écume. Tiède, sur du pain bis frais tartiné de beurre
salé, c’est un goûter magique.
Un moyen simple de
savoir si votre confiture est à point ; laissez-en tomber quelques gouttes sur
une assiette. Si elles se figent sans couler, arrêtez le feu.
Remplissez les
bocaux de confiture encore chaude ; rebouchez-les et laissez refroidir tête en
bas.
Et voilà, le
lendemain votre confiture rare est prête pour accompagner le petit déjeuner.
Mais, me
direz-vous, pourquoi vous donner tout ce mal : cueillette longue, épluchage
minutieux, cuisson, mise en bocal et … le plus fastidieux : le nettoyage des
ustensiles et de la cuisine où tout colle, tout est devenu rouge et sucré ?
Oui, pourquoi
toute cette peine alors qu’on trouve d’excellentes confitures toutes faites ???
C’est tout simple
: par amour !
Amour du jardin
qui vous a donné les fruits, amour aussi de ceux qui vont s’en régaler.
Oui, la confiture des quatre fruits rouges, c’est
de l’amour en bocal.
JUILLET - Semaine 1- Jour 4-MOTS D’AUTEUR
A Sainte Zoé,
Jeunes oés.
Ceux qui s'en vont, au lieu de partir dans le temps, ont l'air de
partir dans l'espace.
Alexandre VIALATTE
JUILLET - Semaine 1- Jour 5 -LE PANIER DE LA GLANEUSE
Le ramier quitte sa colombe.
EN AVANT LA MUSIQUE
La glane est abondante en juillet, mais ne pensons pas qu’à notre
estomac. L’art aussi a son importance et particulièrement la musique.
Glaneuse remplit ton panier des instruments que t’offre l’été.
Deux lanières de bouleau, de
saule ou de châtaignier deviendront en les écartant et rapprochant brusquement
, des claquettes. Donnez leur un accompagnement en faisant éclater dans vos
mains des gousses de baguenaudier et des fleurs de Silène enflé.
C’est au printemps
qu’on décolle les écorces de marronniers, saules ou tilleuls pour en faire
sifflets et pipeaux. La cardère, encore nommée « cabaret des
oiseaux », se fait crécelle. Quant au roseau, s’il est seul, c’est un mirliton, mais en
groupe, il devient la flûte du merveilleux dieu Pan.. On peut aussi, mais
uniquement si l’on possède une baguette magique le transformer en violon. Il
est cependant plus facile de faire vibrer un brin d’herbe entre vos lèvres.
JUILLET - Semaine 1 -Jour 6-LA MUSE S’AMUSE
En juillet,
Faucille au poignet.
STANCES GALANTES
Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille;
Par mes soupirs laissez vous enflammer;
Vous dormez trop, adorable merveille,
Car c'est dormir que de ne point aimer.
Ne craignez rien; dans l'amoureux empire
Le mal n'est pas si grand que l'on le fait
Et, lorsqu'on aime et que le coeur soupire,
Son propre mal souvent le satisfait.
Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire:
Pour l'éviter, parlez en ma faveur.
Amour le veut, n'en faites point mystère.
Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur!
Peut-on souffrir une plus douce peine?
Peut-on subir une plus douce loi?
Qu'étant des coeurs la douce souveraine,
Dessus le vôtre Amour agisse en roi;
Rendez-vous donc, ô divine Amarante!
Soumettez-vous aux volontés d'Amour;
Aimez pendant que vous êtes charmante,
Car le temps passe et n'a point de retour.
MOLIERE*
JUILLET - Semaine 1- Jour 7 -Y’A
UN TRUC !
En juillet sombre matinée
N’empêche pas belle journée
MORT AU
SUREAU !
S’il participe efficacement à la
constitution de haies champêtres, le sureau
se ressème, drageonne, prolifère et devient vite encombrant. Plus on le
coupe, plus il repousse dru.
Si vous voulez vraiment avoir la
peau d’un sureau, coupez-le auras du sol et enfoncez dans la souche, quelques
gousses d’ail fraîches. Le bois se nécrose et meurt ; fin de
l’envahisseur !
JUILLET- Semaine 2- Jour 1 -US
ET COUTUMES
Qui veut bon navet
Le sème en juillet.
LE TOUR DE FRANCE
L’Eglise Catholique, qui pour
épaissir sa soupe avait besoin de légumes frais, avait prévu peu de fêtes
chômées en juillet afin que ses jardiniers gardent la tête à l’ouvrage.
Mais les hommes aiment les fêtes et si le clergé ne leur en offre pas
ils savent en créer. Ainsi le Tour de France qui fait sortir de leurs jardins
les plus appliqués bineurs de navets. Depuis 1903, le Tour est la grand’messe
des deux roues bien gonflées et des mollets lisses et musclés.
Même les moins concernés par le sport cycliste ont en tête des noms mythiques
dont on ne connaît pas forcément la signification : le Galibier, le Tourmalet, le mont Ventoux, le
Maillot Jaune, celui à pois du Meilleur Grimpeur, le Contre la Montre, le
Peloton, le Sprint Final, et ces classements biscornus qui font que le premier
arrivé n’est jamais le gagnant.
Aussi vénéré que celui des dieux de l’Olympe, il y a le Panthéon des
Vainqueurs du Tour. Même si ces dernières années on les soupçonne de forcer un
peu sur le nectar et l’ambroisie, ils n’en restent pas moins des êtres de
légende : LouisonBobet, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor les joyeux
duettistes, Fausto Coppi et sa Dame Blanche (qui était une femme), Eddy Merxk
au nom impossible à orthographier correctement, Bernard Hinault, Lens
Armstrong ; tous ont gagné et même plusieurs fois le Tour. Sauf Poulidor,
mais lui a gagné le cœur de la France.
Même si on n’y comprend rien, on n’oublie jamais quand une fois on l’a
vue passer, la caravane aux allures de kermesse dominée par la crinière rousse
et les dents blanches de la minuscule Yvette Horner et de son accordéon, juchés
sur une camionnette bariolée d’ annonces publicitaires.
Mais qui se souvient de premier vainqueur du Tour de France ? Il
se nommait Maurice Garin. Le
« Petit Ramoneur », surnom que lui avait valu son métier, a bouclé la
boucle en 94 heures, 32 minutes et avec 2h. 29mn d’avance sur Pothier, le
second. Parti de Villeneuve Saint Georges le 1° juillet 1903 à 15h 16, il a
parcouru 2248km., perdu deux kilos et demi, et gagné 6000fr. de l’époque.
Si depuis ce temps, il arrive au Tour de France de déborder quelque peu
de nos frontières, il se termine toujours à Paris sur les Champs-Elysées :
la plus belle avenue du monde, pour les Dieux du Guidon.
JUILLET- Semaine 2- Jour 2 -CONTE
Pluie du matin
N’arrête pas le pélerin
Yvain le Chevalier au Lion
Au cœur de la forêt
de Brocéliande, Messire Yvain cheminait, perdu dans ses pensées. Il rêvait à son amour perdu et perdu par sa
faute. Ne lui restaient que son honneur et les Aventures. Un cri lui fit dresser
la tête.
Chevalier en quête
qui entend crier se doit d’aller porter secours à qui pousse de telles
clameurs.
Avançant dans un
essart, il y vit un serpent la gueule ouverte, large comme un chaudron qui,
vomissant des flammes, brûlait l’échine et la crinière d’un lion qu’il tenait
par la queue.
Sans se demander si
ce qu’il voyait était rêve ou réalité, Messire Yvain se porte au secours du
lion, car en bon chrétien, il sait que le serpent est créature du diable.
Le bon chevalier
tire son épée ; le serpent se tourne et darde vers lui sa langue
enflammée. Messire Yvain, se
protège le visage au moyen de son écu et sans crainte, avance vers les fauves.
Le serpent se tord et sans lâcher le lion tente d’enlacer le chevalier,
qui le larde de coups d’épée. C’est un combat sans merci. Mais Messire Yvain
est un redoutable escrimeur, d’un revers du tranchant de son arme, il envoie la
tête du serpent voler dans les airs. Mais le reste du corps continue à enserrer
le lion. Et l’épée vole et frappe à coups redoublés, le serpent est coupé en
rondelles, mais dans l’aventure le lion perd le bout de sa queue.
Messire Yvain, se
trouve face au fauve libéré ; sans reprendre son souffle, il se prépare à
livrer un nouveau combat. Mais le terrible animal, étend face à lui ses pattes jointes,
mufle contre terre, croupe en l’air et fait soumission.
Tout heureux de ces
marques de gratitude, le chevalier flatte la crinière du fauve, essuie son épée
et la remet au fourreau. Puis il continue sa route, suivi par le lion qui sera
désormais son compagnon d’aventures et saura le servir et le protéger en toutes
occasions.
JUILLET -Semaine 2 -Jour 3- LE JARDIN EXTRAORDINAIRE
Eau de Juillet
Fait pleuvoir en
Janvier
La taille Lorette
Le Bon Jardinier
nous recommande, au milieu de Juillet, de pratiquer sur pommiers et poiriers,
la seconde « taille Lorette ». Quelle est donc cette taille au gracieux nom de
courtisane romantique ?
Monsieur Lorette,
loin des boudoirs parisiens, l’a inventée au début du siècle dernier, du temps
où il était chef de pratique horticole à l’Ecole d’agriculture de Wagnonville
dans le Nord ; elle se pratique le 15 de chaque mois, de juin à septembre.
On taille au
sécateur les pousses de l’année de plus en plus énergiquement au fil des mois
et on évite ainsi la lourde taille d’hiver, dite « en sec ».
De cette façon,
Monsieur Lorette, améliorait considérablement le rendement de son verger.
Rêvons un peu et
tentons de retrouver ce jolies poires oubliées : Bergamote Esperen, Beurré
Clairgeau, Beurre Diel, Duchesse, Doyenné du Comice, Olivier de Serre,
Passe-Colmar…
Pêcher, mon doux pêché…Allégez-le de
quelques feuilles pour laisser « monter » la couleur aux joues de ses fruits. A
l'inverse du vampire, le pêcher apprécie l'ail qui lui évite la cloque. Cette
horrible cloque qui ne tue pas l'arbre, mais nous prive de ses fruits.
Au pied du pêcher, à l'aplomb des branches charpentières, plantez l'ail en
couronne, puis attendez tranquillement que vos pêches mûrissent.
Il y a aussi bien évidemment, pour ceux qui
ne croient pas (et ils ont tort) aux "trucs de bonnes femmes", la
bouillie bordelaise à pulvériser en trois fois:
1- à l'apparition des premiers bourgeons,
2- après la floraison,
3- en automne, à la chute des feuilles.
Rien ne vous empêche d'associer les deux méthodes.
Et par parenthèse, les "bonnes femmes" ne sont pas de vieilles mémés
radoteuses. Le terme désignait les femmes qui font du bien, celles qui
savent... qui diabolisées sont devenues les sorcières. Puis la crainte des
sorcières s'est affaiblie en même temps que la signification péjorative du
terme. Il nous reste toutefois, les "sages-femmes".
Fumez et préparez
un coin de jardin pour y repiquer les coulants des fraisiers non remontants.
Et n’oubliez pas
de nourrir à l’engrais liquide, toutes les trois semaines, votre oranger en
caisse.
JUILLET -Semaine 2- Jour 4 -QUELLE
HISTOIRE !
Rosée de Saint-Savin
Est dit-on rosée de vin
QUOI D’AUTRE ?
La date du 14
juillet évoque immanquablement la prise de la Bastille, la Révolution, les feux
d’artifices et les bals populaires qui célèbrent l’événement. Il y eut pourtant
au fil des ans d’autres faits marquants que cet anniversaire a totalement
éclipsés.
Embarquons nous
dans la machine à remonter le temps, le pointeur dirigé sur l’année1223 :
Par ce beau jour
d’été, Philippe Auguste, rendait à Dieu une âme douteuse et le même jour lui
succédait son fils Louis, VIII° du nom.
Remontons dans la
machine et pointons sur 1602 : le 14 juillet on donnait à un bébé un
prénom impérial : Jules. Il deviendra cardinal : le cardinal Mazarin,
parrain et ministre du Roi Soleil.
On voyageait
beaucoup en ce siècle ; pas dans le temps mais par mer et par terre. C’est
en 1609, un 14 juillet que Samuel Champlain découvre le lac qui porte son nom.
Avançons,
avançons…le 14 juillet 1855, vient au monde un autre libérateur des
opprimées : Frederick Louis Maylay, inventeur entre autre, de la machine à
laver le linge.
En 1867, Alfred
Nobel crut-il tirer un feu d’artifice en expérimentant la dynamite ?
L’année suivante
Alvin J.Fellows enroula sur bobine le mètre ruban.
Et nous voici au
XX° siècle, celui du cinéma. Le 14 juillet 1910 nous offre William Hanna qui
créa Tom et Jerry. Huit années plus tard, vint au monde Ingmar Bergman pour
nous faire souvenir que la vie n’est pas qu’une rigolade.
En 1938, Alfred
Hitchcock arrive à Hollywood pour y tourner Rebecca.
Et pour faire
oublier la guillotine, sinistre invention qui entache la mémoire de ce jour de
fête, c’est un 14 juillet 1976 que choisit le Canada pour abolir la peine de
mort.
JUILLET -Semaine 2- jour 5 -LE BESTIAIRE ENCHANTE
Beau temps en moissons,
Beau temps en vendanges
Le Lion de Némée
C’est un étrange lionceau engendré par la Chimère et Orthos, le monstrueux
chien de Géryon qu’adopta Héra. Mais les lionceaux grandissent, remuent , chahutent
sans être vraiment conscients de leur force ; on ne peut les garder. Et
celui-là, tout particulièrement costaud, devint féroce aussi la déesse dut-elle
se résoudre à l’abandonner dans une région sauvage d’Argolide qu’il dévasta
pour se nourrir.
Eurysthée, roi de Mycènes qui fit d’Hercule son homme à toutes mains,
lui confia pour éprouver sa valeur, la tâche d’éliminer le fauve.
Equipé de sa massue et de flèches offertes par Apollon, le héros se mit
en route.
Arrivé près de Cléones, il rencontre un paysan et lui demande
l’hospitalité. L’homme, un nommé Molorchos, pleurait son fils unique dévoré par
le lion. Voyant ce superbe athlète, il le prend pour un dieu vengeur et veut
lui offrir un sacrifice. Modeste comme doit l’être un héros véritable, Hercule
refuse. Molorchos insiste.
-« C’est bon, lui dit Hercule, si dans un mois je ne suis pas de
retour, tu pourras me rendre les honneurs funèbres. Si je reviens avec la
dépouille de la bête, c’est à mon père, à Zeus, que tu offriras un
sacrifice. »
Et le héros entreprend à travers bois et champs la traque du féroce
animal.
Un soir enfin, sur le versant d’une colline, il voit le lion couché, la
tête sur les pattes, somnolent, repus. Il est encore tout maculé du sang de sa
dernière victime.
Hercule, s’approche en silence ; il se dissimule dans les replis
du terrain ; arrivé à portée du fauve, il bande son arc et lance une volée
des flèches divines. Malgré toute la magie d’Apollon, elles rebondissent,
irritant à peine la peau de la bête invulnérable qui cependant se réveille,
rugit, montre les crocs et charge le héros qui esquive, lâche arc et flèches et
armé de sa seule massue tente d’assommer le monstre. Le bois rebondit sur le
crâne indestructible. Hercule alors, se décide au corps à corps et des ses bras
puissants, il enserre le lion, fait éclater son torse et brise en même temps
les poumons de l’animal et l’arme en bois d’olivier.
Le lion étouffé se débat vigoureusement, mais peu à peu ses forces
déclinent, il cesse toute résistance et s’effondre mollement, sans souffle et
sans vie.
Ni la pierre, ni le feu, ni le fer ne pourront entamer la peau du Lion
de Némée. Seules ses propres griffes seront les outils dont se servira Hercule,
pour écorcher la bête. Il fera de la dépouille son vêtement et se coiffera de
la tête.
Puis Zeus enverra le lion rejoindre au firmament parmi les
constellations, Io, la chèvre Amalthée, le Bélier à Toison d’or, le Dauphin,
les Poissons et bien d’autres membres de la ménagerie céleste.
JUILLET-Semaine 2- jour 6- LIRE ET RELIRE
Alexandre AFANASSIEV-
(23 juillet 1826 à Bogoutchar, oblast de
Voronej)
On pourrait dire en parlant des
contes, comme dans une comptine ou une randonnée : Perrault les a écrits,
les Grimm les ont collectés et Afanassiev les a classés
Faut-il, pour illustrer son nom chez les
conteurs, commencer dans la vie à la manière d’un héros de conte
merveilleux ? Comme avant lui Mme Leprince de Beaumont, Alexandre
Afanassiev perd sa mère très tôt ;
puis il est envoyé dans une institution religieuse dont il sortira
définitivement anti-clérical. Il poursuit ses études au collège, puis au lycée,
où il s’indigne de l’abondance des châtiments corporels infligés aux élèves.
Le jeune Alexandre est un lecteur
fervent qu’on a bien du mal à tirer hors des bibliothèques. Il ne se contente
pas de lire, il aime aussi écouter les nourrices, les « nianias » et
leurs contes venus du fond des âges.
En 1844, il entre à la faculté de
droit de Moscou ; c’est un travailleur acharné, en butte à maintes
difficultés financières car son père, peu fortuné, ne l’aide pas beaucoup. Le
peu d’argent dont il dispose lui sert à réunir des livres et au fil du temps,
sa bibliothèque deviendra colossale.
Imprégné d’idées progressistes, il rédige un premier article qui paraîtra en
1847 et qui a pour sujet l’économie au temps de Pierre le Grand. Pour son
examen de fin d’études, il fait une conférence sur le droit pénal au XVI° et
XVII° siècle. Il est reçu mais n’a pas le droit d’enseigner en faculté pour
raisons politiques. Il faudrait ajouter qu’un certain humour et le sens de la
répartie caustique ne sont pas toujours goûtés de tous. Il enseigne dans des
établissements privés, mais, pas pédagogue pour deux sous, il se fait chahuter.
Tel le Petit Chose, le héros de Daudet, il n’a aucune autorité.
En 1849, il entre aux Archives
Centrales du ministère des Affaires étrangères de Moscou, où il restera
jusqu’en 1862. C’est une période féconde ; il publie de nombreuses
archives, édite ses propres articles touchant principalement à l’histoire Russe
ou au journalisme satirique du XVIII° siècle, dans des revues en vogue de
l’époque, telles que le Contemporain ou les Notes de la Patrie. Il publie aussi des comptes rendus d’ouvrages
avec une prédilection pour la période de Pierre le Grand, puis il se concentre
sur la mythologie slave.
C’est à partir de 1850, qu’il commence à réunir et publier des textes issus de
la tradition orale russe.
Il recherche les racines
mythologiques de la poésie populaire ; il voit dans le conte une forme de
pensée cosmogonique et l’élève au rang de mythe. Contrairement aux frères Grimm
qui fabriquaient une version optimale du conte à partir de différentes
variantes, Afanassiev s’attache à
montrer l’existence des nombreuses versions, dont certaines en dialecte ou en
ukrainien. »
Historien de la civilisation et
de la littérature Russe, juriste, ethnologue, folkloriste, bibliographe,
critique, journaliste, etymologiste, il connaît admirablement toutes les
langues indo-européennes .
Dans le domaine des sciences
humaines, il est un des savants les plus célèbres de son temps.
Archiviste, il est le premier à
songer à classer les contes par genre, travail repris plus tard par AA et T ,
pour établir la classification des contes-types.
Les histoires collectées par Afanassiev pour la plupart,
sont les mêmes bien entendu que celles de Grimm dont le travail l’a inspiré,
pour la simple et bonne raison , que les contes sont les mêmes sous tous les
cieux. L'Oiseau de Feu est le même volatile que l'Oiseau d'Or.(voir blog) Si
les frères Grimm ont rhabillé les contes en leur donnant le langage parlé dans
leur milieu, en les compilant pour en donner une version plus
"aboutie" selon eux, Afanassiev au contraire est resté plus près des
formes archaïques, tant dans la forme que dans la langue. Pour lui les contes décrivaient
les forces de la nature; cette interprétation est réputée dépassée aujourd'hui
et on se demande bien pourquoi puisque ce sont bien les phénomènes naturels qui
les premiers ont impressionné les hommes et les ont conduit à inventer des
cultes.
La tuberculose, fléau de son
temps l’atteint en 1870 et il en meurt à
l’automne 1871.
Afanassiev,
qui était avant tout un savant et surtout un archiviste a donné une version des
mêmes contes délivrés de l' habillage éducatif et moralisateur donné par
Leprince de Beaumont et Grimm, lesquels ont ouvert la voie aux interprétations
psychanalytiques plus récentes.
Archiviste, il a été le premier à classer les
contes par genre, suivi par AA et T, et c'est sur sa collecte que s'est basé
Vladimir Propp pour déterminer les 31 fonctions et les 7 actions du conte
merveilleux.
En n'habillant pas les contes de littérature, en
respectant l'originalité de la tradition orale, il permet de bien distinguer la
parité qui existe entre tous les contes de tradition indo-européenne mais aussi
leur cousinage avec ceux émanant de civilisations plus éloignées et
différentes. Il met en évidence la racine commune à l'imaginaire de l'humanité
entière. Cet imaginaire slave est particulièrement un pont entre l'Europe et
l'Asie en raison des frontières communes entre ces deux continents.
On trouve chez lui des figures pareilles à celles
de Blanche-Neige ou de Peau d'Ane; des petits enfants sont en danger chez la
Baba Yaga, comme Poucet chez l'ogre ou Hansel et Gretel chez la sorcière; son
Oiseau de Feu, brille d'un éclat aussi pur que l'Oiseau d'Or....
« … Or Filiouchka n’en faisait jamais qu’à sa
tête, et il était aussi leste et rapide que le grand-père était lent et
maladroit. Filiouchka donc, eut envie de manger une pomme. Echappant au
grand-père, il fila au jardin et grimpa dans le pommier. A peine y était-il
que, montée dans son mortier de fer, un pilon à la main, la Yaga brune
surgissait. D’un bond, elle fut sous le pommier et dit :
« Bonjour Filiouchka ! Que
viens-tu faire ici ?- Je veux une pomme !- Tiens, mon petit, prends
la mienne ! – Elle est pourrie ! – En voici une autre !- Elle
est véreuse ! – Allons, Filiouchka, cesse ! »
Il avança la main. La Yaga brune en profita
pour le saisir et le pousser de force dans son mortier. Puis elle partit au galop
à travers buissons, bois et ravins, fouettant furieusement le mortier de son
pilon…. »
Extrait de : La
Baba Yaga et Filiouchka
JUILLET - Semaine 2 -jour 7 -ON
CONNAIT LA CHANSON
Eau de juillet
Fait pleuvoir en janvier
LA CARMAGNOLE
I-
Madame Veto
avait promis (bis)
De faire
égorger tout Paris (bis)
Mais le coup a
manqué
Grâce à nos
cannoniers.
REFRAIN
Dansons la
Carmagnole
Vive le son,
vive le son,
Dansons la
Carmagnole,
Vive le son du
canon !
II-
Monsieur Veto
avait promis (bis)
D’être fidèle à
son pays (bis)
Mais il y a
manqué,
Ne faisons plus
quartier.
III-
Les Suisses
avaient promis (bis)
Qu’ils feraient
feu sur nos amis (bis)
Mais comme ils
ont sauté
Comme ils ont
tous sauté !
IV-
Le patriote a
pour amis (bis)
Tous les bonnes
gens du pays (bis)
Mais ils se
soutiendront
Tous au son du
canon.
V-
Amis, restons
toujours unis, (bis)
Ne craignons
pas nos ennemis (bis)
S’ils viennent
nous attaquer
Nous les ferons
sauter…
JUILLET- Semaine 3-Jour 1-US ET COUTUMES
Beau juillet
Amour parfait
NE CACHEZ PAS LES SAINTS
Les Anglais qui ne font rien comme tout le monde, au lieu de célébrer
St Médard en juin, honorent le 15
juillet – mais eux n’ont rien d’autre à fêter ces jours là- un saint Swithin
qui fut évêque de Winchester et dont quelques moines voulurent déplacer la
sépulture. Le saint qui se trouvait fort bien où il était, envoya pendant 40
jours une pluie à décourager même un moine britannique. Un faible rayon de
soleil éclaira leur renoncement, avant que la pluie ne continue à verdir les
pelouses d’outre Manche.
De notre côté, les écureuils guettent l’humeur de sainte
Marguerite ; s’il pleut le jour de sa fête, adieu noix et noisettes !
Le 22 juillet, sortons les parapluies car c’est le jour choisi par Marie-Madeleine
pour pleurer ses péchés. C’est aussi le début de la canicule : Sirius se
lève et se couche avec le soleil ; dans cette période, ni soins ni
remède ; s’en remettre à la nature.
JUILLET-Semaine- 3 jour 2- CONTE
A la Madeleine,
La noix est pleine.
Le lion de saint Jérôme
Frère Jérôme était loin d’être un
saint quand il fut envoyé en Syrie, dans le désert de Calchis, avec pour
mission d’enseigner les textes saints aux moines d’une petite congrégation.
C’était une pénitence destinée à réformer un caractère impétueux que ni les
prières ni les macération ne parvenaient à dompter. La patience, vous l’aurez
compris, n’était pas sa vertu cardinale.
Et pourtant il lui en fallait pour inculquer un minimum de savoir à de braves
frères au cœur plus grand que l’esprit : une demi-douzaine de gentils
benêts admiratifs et dévoués à ce lettré venu leur administrer la parole
divine.
A la nuit tombée, autour d’un
brasero protégé des vents du désert par une ceinture de fagots montés en muret,
Jérôme traduisait en mots simples les textes latins auxquels les moines, il en
était certain, n’avaient pas compris grand-chose ; et ils écoutaient ses
paroles, ravis.
Un soir, à l’heure où les étoiles
percent le ciel, violet encore des
derniers feux du couchant, la flamme montait, claire et droite et les moines,
mains jointes et têtes baissées, s’abandonnaient à la voix grave qui racontait
de si belles histoires, quand, venant des herbes sèches et des broussailles qui
marquaient la limite du désert, un bruit inconnu leur fit dresser l’oreille et la tête ;
quelque chose de lourd et d’énorme se dirigeait vers eux. Un de moines tendait
un doigt tremblant vers les ténèbres, les autres étaient figés de terreur.
Jérôme tourna la tête : éclairés
par les flammes, deux yeux oranges auréolés d’une crinière flamboyante
s’avançaient vers eux. Un lion, un grand lion du désert, terrible, majestueux,
redoutable, mais à la démarche incertaine.
Les moines s’étaient levés et,
ramassant leur froc à deux mains, couraient comme des fourmis affolées vers
l’abri de l’ermitage. Jérôme, sourcils
froncés et voix tonnante, les rappela au calme. Ils l’aimaient, avaient en lui
une totale confiance, mais plus encore ils craignaient ses colères. Le cœur,
battant, tremblants de crainte, ils se groupèrent autour de lui. La lune était
pleine et éclairait l’arène de sable où le lion pénétra. Certes il était
imposant, mais de plus près on voyait
bien que sa crinière était emmêlée de ronces et de feuilles mortes ; il
portait la tête basse et boitait très bas.
Jérôme qui à aucun moment n’avait
montré le moindre signe de frayeur, dit sévèrement à ses frères :
-« Que craignez-vous ?
Allez-vous fuir devant un animal blessé ?
Le moines relevèrent le capuchon
dont ils s’étaient voilé les yeux : frère Jérôme avait une fois de plus
raison. Ce lion boitait et ne manifestait aucun signe d’hostilité. Pourtant il
continuait à approcher et, nerveusement, ils firent des signes de croix. La
grosse bête se coucha aux pieds de Jérôme et, le regardant intensément, tendit
vers lui sa patte blessée. Le moine s’accroupit et l’examina : une longue
épine s’était fichée dans les coussinets et la blessure commençait à
s’infecter. Il ordonna qu’on aille lui chercher de l’eau, des bandages et sa
boîte à onguents. Et tandis que les moines, contents de quitter le voisinage du
gros animal couraient au monastère,
Jérôme, avec une douceur, une patience qui étaient peu dans ses manières, retirait délicatement
l’épine. Puis il nettoya la plaie, la
frotta d’une pommade de sa composition et pansa la grosse patte.
-« Ce lion est fatigué,
dit-il au frère qui était resté avec lui. Allons lui préparer une litière où il
pourra reprendre des forces. »
Le moine, peu soucieux de voir le
lion de nouveau fringant, mais soumis à son supérieur, étendit de la paille
devant la cellule de Jérôme, puis, priant pour leur salut à tous s’en fut
dormir.
Le lendemain et les jours
suivants, comme un chien gigantesque et docile, le lion mit ses pas dans ceux
de son infirmier. Il devint évident que son intention était de s’établir dans
la communauté. Un soir après la prière, Jérôme regarda au fond des yeux ce
nouveau catéchumène et lui dit :
-« Reste avec nous si tu
veux, mais saches que l’oisiveté déplaît à Dieu. Aussi devras-tu prendre ta
part de nos tâches.
Il réfléchit un moment puis ajouta :
-« Il est vrai que tu ne
sais pas faire grand-chose… Mais tu es grand et fort, tu inspires la terreur,
aussi je t’institue le garde du corps de notre petite ânesse. Elle va chaque
jour en grand péril ramasser le bois dont nous avons besoin ; tu l’accompagneras
et tu la défendras en cas de danger.
Heureux d’être officiellement
intégré à la communauté, le lion accepta la mission et l’on put voir chaque
jour au lever du soleil, l’étonnant spectacle d’un petit âne trottinant aux
côtés d’un grand fauve. Ils revenaient le soir, d’un pas plus calme, l’ânesse
portant sa charge et les deux animaux devisant joyeusement.
L’été arriva et avec lui les
journées les plus chaudes ; la congrégation avait moins besoin de
bois ; les bâtées plus légères prenaient moins de temps à ramasser. L’âne
et le lion expédiaient leur travail à la fraîche et avaient ainsi le reste du
temps pour muser. Un après-midi, le lion
faisait la sieste à l’ombre de succulents buissons dont se régalait sa
compagne. On n’entendait d’autre bruit que le bourdonnement des mouches, celui des mandibules de l’ânesse et le
ronflement paisible du lion caché sous les feuilles.
Une caravane de marchands d’huile
serpentait à travers les dunes. Voyant une ânesse solitaire, ils eurent vite
fait de décider qu’elle était abandonnée et de se l’approprier, n’oubliant ni
son harnais ni sa charge de fagots.
Le lion à son réveil chercha
partout sa compagne, fit le tour des buissons, poussa le doux rugissement avec
lequel il avait coutume de l’appeler. Comme elle ne répondait pas et demeurait
invisible, il rugit de plus en plus fort, courut de plus en plus vite et en
tous sens sans trouver la moindre trace de la disparue. Jusqu’à la nuit, il
arpenta les environs sans relâche et c’est le cœur brisé qu’il dut se résoudre
à abandonner sa quête.
Pendant ce temps à l’ermitage,
les moines accomplissaient leurs tâches du soir dans le noir le plus
complet : ils n’avaient plus d’huile pour leurs lampes et ils attendaient
le retour des deux compères pour allumer le feu de camp.
Le lion se sentait trop triste et
trop coupable pour rentrer seul et prendre sa place habituelle ; il s’en
fut trouver refuge dans les herbes hautes, celles d’où il était sorti quand il
était venu se faire soigner par Jérôme. Tapi derrière les buissons, il vit
arriver le moine, éclairé d’une simple chandelle. Il venait comme chaque soir raconter la
Bible à ses frères. Mais sans le feu qui
les réconfortait, inquiets de l’absence de leurs animaux familiers, les moines
n’arrivaient pas à fixer leur attention. Sans cesse ils tournaient la tête en
direction du désert espérant les voir apparaître. Enfin, tête basse et à pas
lents, le lion sortit de sa cachette et vint ramper devant son ami. Ne voyant
pas l’ânesse à ses côtés, les moines qui n’avaient jamais fait totalement
confiance au grand fauve murmurèrent et frère Anselme, qui depuis toujours
était chargé de l’entretien de l’ânesse et qui l’aimait tendrement, montra du
doigt l’animal et cria dans un sanglot :
-« Dieu du ciel ! Il
l’a dévorée !!!
Frère Grégoire, qui plus que les
autres craignait le lion proféra :
-« Je vous avais prévenu,
cette bête ne pouvait pas…
Jérôme, une fois de plus fronça
les sourcils, leva les mains et sans lui laisser finir sa phrase, imposa
silence à Grégoire :
-« Ce lion, jusqu’à preuve
du contraire a toujours été notre ami. Seul Dieu peut juger de sa
conduite ; nous n’avons pas à prendre sa place. Attendons demain et le
jour nous montrera quel malheur nous a frappés !
Puis, d’un ton sans réplique, il
souhaita le bonsoir à l’assemblée et dit au lion d’aller dormir à sa place
habituelle.
Le soleil se leva, implacable et
brillant dans un ciel d’azur métallique ; de long en large et jusqu’aux
frontières du pays, les moines, taches noires sur le sable brûlant,
indifférents à la chaleur torride, cherchaient leur ânesse.
A la nuit tombée, ils ne purent
que hocher tristement la tête. Cependant, ni le chagrin ni la fatigue ne leur
avaient coupé l’appétit et c’est d’un mâchoire décidée, qu’ils attaquèrent un
repas frugal mais qu’ils estimaient mérité. Bien plus mérité que celui que
Jérôme servait à son lion, ce qu’ils ne manquèrent pas d’exprimer avec rancœur.
A cause du lion, l’ânesse était perdue ; il aurait fallu le punir !
Le regard noir de Jérôme les empêcha de poursuivre :
« Mais regardez-le, il est
plus tristes que vous autres qui mangez de si bon appétit ! Il
dépérit et ne touche plus à sa
nourriture…Mais, et il s’adressa au lion, ce n’est pas une raison pour ne rien
faire. Tu as laissé partir notre servante ; tu dois prendre sa place.
C’est donc toi désormais, qui iras chercher le bois de notre feu. »
Et dès le lendemain, les hôtes du
désert, purent admirer le Roi des Animaux, la tête passée dans un harnais et un
bât sur le dos, s’en aller dignement ramasser des fagots.
L’hiver approchait et le vent du
désert de plus en plus cinglant faisait grelotter la congrégation. Les moines pour se chauffer, utilisaient tant
de bois qu’il y en avait de moins en moins à ramasser, aussi le lion devait-il
s’aventurer de plus en plus loin, ce qui le faisait rentrer de plus en plus
tard. Un soir, à la nuit tombée, il entendit des sonnailles. Qui pouvait donc à
cette heure, s’aventurer dans ces solitudes ? Il escalada une dune pour
mieux voir : dans le clair de lune, une caravane s’avançait en désordre :
des chameaux étiques à la bosse ramollie, des chariots mal arrimés, des hommes
en guenille et précédent la triste procession, chargée de fagots, autour du cou
un licol bleu usé, mais dont il n’avait pas besoin pour reconnaître son amie
perdue, l’ânesse, sa chère petite ânesse. Débarrassé en quelques secousses de
sa charge et de son harnais, rugissant à la fois de fureur et de joie, le lion
en un éclair, fondit sur la caravane. Hommes et animaux terrifiés
s’éparpillaient en tous sens, d’autres à genoux, la face dans le sable, attendaient une mort
qu’ils ne pouvaient éviter. Le lion n’avait nulle intention meurtrière ;
tel un chien de berger, il décrivait des cercles, gueule béante, montrant les crocs rugissant
au nez de qui tentait d’en sortir. Il mit ainsi son monde sur la piste qui
menait au monastère et que l’ânesse avait su reconnaître. Elle prit la tête de
la troupe et, le lion fermait la marche. Voilà ce qu’au clair de lune vit frère
Anselme qui était sorti, se demandant ce qu’avait le lion pour faire tant de
tapage. Un par un les moines apparurent et enfin Jérôme, sourcils froncés qui,
d’un œil sombre, toisa les caravaniers. Il se mordait la langue pour ne pas se
laisser aller aux écarts de langage prêts à sortir de sa bouche. Les voleurs
terrifiés par le lion avaient maintenant affaire au moine qui leur semblait non
moins redoutable.
Enfin l’un d’eux osa parler et
demander pardon. –« Disparaissez, tonna Jérôme !
-« Mais il fait nuit, plaida
l’homme, laissez nous nous reposer et demain nous serons partis.
-« Vous ne craignez pas
Dieu quand vous volez une bête innocente… il vous protégera !
-« Frère, je vous en prie…
pardonnez-nous ! Tenez, comme amende, nous vous donnerons cinq litres de
notre huile à chacun de nos passages !
Les moines qui avaient tant
besoin d’huile étaient près d’accepter, mais Jérôme gronda :
-« Ce serait trop
facile ! Laissons Dieu vous juger… allez, disparaissez, et que la nuit
vous avale !
La lune avait disparu ;
lentement, la caravane s’évanouit dans l’obscurité.
Une chandelle éclairait
Jérôme ; les moines gardaient le silence. Enfin frère Grégoire, enroulant
timidement sa ceinture de corde autour de ses doigts, osa aborder son irascible
supérieur :
-« Nous sommes des hommes
de Dieu, Frère Jérôme. Que faites-vous
du pardon que vous nous enseignez ?
Jérôme ferma les yeux, soupira,
puis dit à frère Anselme de courir après
la caravane. Elle n’était pas allée bien loin.
-« Dormez ici, grommela le
moine, bourru, mais… n’oubliez pas votre promesse : cinq litres d’huile à
chaque fois que vous passez par ici !
Et les voleurs ont tenu parole.
Plus jamais la congrégation n’a manqué d’huile. Leurs lampes ont brillé, autant
que leurs feux, entretenus par les fagots de la petite ânesse. Le lion lui,
garde un œil ouvert même en dormant ; le soir, il écoute Jérôme raconter
les belles histoires de la Bible, et l’on dit qu’il est désormais aussi savant
que son maître est patient.
JUILLET - Semaine 3- jour 3 -C’EST
BON SIGNE
A la Sainte-Christine,
Mûrit l’aubépine
Le Lion
A la mi-juillet, les moissons
sont bien avancées et Juillet devient Thermidor, dont le 9° jour vit la fin de
la Terreur et fut fatal à Robespierre. Ce nom vient de l’habitude qu’avaient
les anciens d’aller aux thermes pour se rafraîchir en cette période chaude de
l’année.
C’est le temps où dans le ciel,
le Lion s’empare de la Lyre d’Orphée pour donner la sérénade au Dauphin.
Il est, Victor Hugo nous
l’affirme, superbe et généreux ; il plaît aux femmes et le sait. Il
s’avance d’un pas royal et nonchalant, vers la lionne vindicative. La lionne ne
laisse à aucune autre le soin de chasser pour son nonchalant et royal époux.
Placé au cœur de l’été brûlant,
le Lion est une signe de feu : le feu du foyer, stable, rassurant, chaleureux. Ardent tel un soleil, il illumine
la terre, mais cette ardeur peut la
blesser.
La froide terre du Capricorne ne
peut que s’adoucir à son approche ; celle printanière du Taureau ne s’en
inquiète guère, mais que la Vierge, en manque d’eau, asséchée par les moissons
prenne garde aux incendies.
Incendies que le grand vent du
Verseau pourrait encore attiser, que les courants d’air des Gémeaux
propageraient. Seule la douce brise de la Balance entretiendra paisiblement son
foyer.
Le feu et l’eau font rarement bon
ménage. Jamais le Lion ne goûtera les eaux maritimes et salées des Poissons. S’il peut lui arriver de se
désaltérer dans les lacs et les rivières du Cancer, c’est d’une patte prudente
qu’il s’aventurera dans les sombres marécages du Scorpion.
Au fond le feu ne s’entend bien
qu’avec le feu. Le fougueux Bélier allumera son brasier tandis qu’un vieux Lion
pourra se reposer, assoupi devant les braises rougeoyantes du Sagittaire.
JUILLET -Semaine
3 -JOUR 4 -LUSTUKRU
Juillet ne s’est jamais passé
Sans voir du blé nouveau sassé
VOCABULAIRE
Monsieur Jourdain s’extasiait sur la langue turque, qui dit tant de
choses en si peu de mots. La langue scientifique n’est pas inférieure au turc
sous ce rapport.
Ainsi, les physiologistes désignent par le seul mot d’otodactylomanes,
les gens qui se nettoient l’oreille avec le petit doigt ; par le mot
d’onyxophagomanes, ceux qui ont la mauvaise habitude de se ronger les
ongles ; par le mot de kirskatoepsomanes, les jeunes gens qui tirent sans
cesse leur ombre de moustache pour la faire pousser.
Après l’adoption de cet ingénieux vocabulaire et la redoutée réforme de
l’orthographe phon, Voltaire pourrait sortir de sa tombe et chercher parmi les
hommes la belle langue française ; il ne la reconnaîtrait pas.
JUILLET-Semaine 3 -Jour 5- COURRIER DU CŒUR
St Vincent sec
et beau ,
Fait du vin comme de l’eau
Du Chevalier Danceny à Cécile Volanges
Avant de me livrer,
Mademoiselle, dirai-je au plaisir ou au besoin de vous écrire, je commence par
vous supplier de m’entendre. Je sens que pour oser vous déclarer mes
sentiments, j’ai besoin d’indulgence ; si je ne voulais que les justifier,
elle me serait inutile. Que vais-je faire après tout, que vous montrer votre
ouvrage ? Et qu’ai-je à vous dire, que mes regards, mon embarras, ma
conduite et même mon silence, ne vous aient dit avant moi ? Eh !
pourquoi vous fâcheriez-vous d’un sentiment que vous avez fait naître ?
Emané de vous, sans doute il est digne de vous être offert ; s’il est
brûlant comme mon âme, il est pur comme la vôtre. Serait-ce un crime d’avoir su
apprécier votre charmante figure, vos talents séducteurs, vos grâces
enchanteresses, et cette touchante candeur qui ajoute un prix inestimable à des
qualités déjà si précieuses ? non, sans doute : mais, sans être
coupable, on peut être malheureux ; et c’est le sort qui m’attend, si vous
refusez d’agréer mon hommage. C’est le premier que mon cœur ait offert. Sans
vous je serais encore, non pas heureux, mais tranquille. Je vous ai vue ;
le repos a fui loin de moi, et mon bonheur est incertain. Cependant vous vous
étonnez de ma tristesse ; vous m’en demandez la cause : quelquefois
même j’ai cru voir qu’elle vous affligeait. Ah ! dites un mot, et ma félicité sera votre ouvrage. Mais,
avant de prononcer, songez qu’un mot peut aussi combler mon malheur. Soyez donc
l’arbitre de ma destinée. Par vous je vais être éternellement heureux ou
malheureux. En quelles mains plus chères puis-je remettre un intérêt plus
grand ?
Je finirai, comme j’ai
commencé, par implorer votre indulgence. Je vous ai demandé de
m’entendre ; j’oserai plus, je vous prierai de me répondre. Le refuser,
serait me laisser croire que vous vous trouvez offensée, et mon cœur m’est
garant que mon respect égale mon amour…..
Choderlos de
LACLOS – Les Liaisons dangereuses
JUILLET - Semaine
3- Jour 6 -AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS
Pour leur fête, souvent
Les Sept Dormants redressent le temps.
Elégance, économie (1925)
Etait-ce la même ? Ou bien une autre, et une autre, et encore
une autre ? « Ni tout à fait la même, ni tout à fait une
autre… » Je parle de cette jeune femme, de satin noir et de bas roses
vêtue, qui offensait, cet hiver, l’hygiène et le bon sens, vous savez bien,
cette dame…
Février, mars, ont versé sur Paris la pluie la plus noire qui puisse
choir d’un ciel gris, la neige la plus froide parce qu’elle fond, la grêle qui
craque sous le pied comme un collier rompu. Par certains après-midi maudits, on
vit sous des rafales semi-liquides, semi-gelées, les chevaux de fardier
s’arrêter tête basse ; les chauffeurs de taxi gagner le bar le plus proche ;
les garçons livreurs devenir, sous les porches géants, autant de statues en
toile cirée. On vit l’autobus hésiter, le tramway réfléchir, aveuglé. On vit la
place de l’Opéra, le boulevard et la rue de la Paix déserts, miroitants,
bombardés par la colère d’en haut…
C’est par ce temps, c’est à ces heures de trouble climatérique que
je la vis, la dame en manteau de marocain ou de satin noir, chaussée de trois
petites lanières vernies, la jambe gantée de soie couleur urticaire ou couleur
de crise de foie. Engoncée de blaireau mais les pieds quasi-nus, elle allait,
endurcie, menton en proue, ventre en avant et séant rentré.
Elle croisa – trop rarement- son antagoniste, la dame en ciré noir,
en gabardine imperméable, en suroît de pêcheur. Celle-ci marchait, d’aplomb sur
de fortes semelles, le pied au chaud dans le bas de laine rayé. Un jour je
reconnus, réfugiée sous l’arc roman d’une porte cochère, mon amie Valentine.
Elle attendait l’embellie, et pataugeait dans le marécage universel. Je me
mêlai de lui faire reproche, et de lui demander compte de son équipement
incongru. Avec l’aigreur qu’inspire un commencement de laryngite, elle
riposta : « Croyez-vous, ma chère, qu’au prix où sont les étoffes et
les façons, je puisse m’offrir, selon chaque caprice du temps, trente-six
tenues ? »
Car les femmes on gardé, de la guerre, quelques termes militaires,
et disent « tenue » où elles disaient « toilette ». Mon amie
Valentine s’en tient au chiffre de trente-six. Plus vague, plus hyperbolique
que cent mille, elle me brandit sous le nez, avec son misérable petit parapluie
conique, son trente-six comme un bouclier. Je voulais pourtant enquêter
sérieusement, et je prétendais savoir si l’économie, dans un budget féminin,
bannit l’élégance, cette élégance suprême qui consiste à porter un vêtement à
son heure, dans son milieu et dans son climat. A voir se rebeller, comme une
poule sous la rafale, mon amie Valentine, j’ai touché du doigt le point où
finit l’indiscrétion, où commence le sacrilège. On peut toujours plaisanter une
femme, même cruellement, sur ses cheveux courts et plats, sur sa nuque de
lycéen maigre, ses omoplates de poulet mal nourri, sa robe trop courte, son
chapeau en seau de toilette, ses bijoux de Canaque. Mais il ne faut pénétrer
qu’avec une extrême précaution, des gants de caoutchouc et une lampe de mineur,
dans le domaine où, réduite à manifester de l’initiative, une femme a mal
choisi au lieu de choisir bien.
Pressée, un autre jour, d’expliquer pourquoi elle avait élu tout
l’hiver, en guise de tout-aller, une robe-manteau de satin noir à col et
parements de loup montée, si j’ose écrire, sur bas casserole-fourbie et
souliers-passoire, mon amie Valentine s’ouvrit à moi, de mauvaise grâce :
« Vous comprenez, non seulement ça m’économise un tailleur de lainage,
mais encore le manteau de soie sur robe de satin ou de Georgette constitue un « numéro »
qui permet toutes les surprises de la journée, le déjeuner dehors, même le
dîner, le dancing ou un théâtre… Ainsi, tenez,
avant-hier… »
Je n’écoutai pas beaucoup le reste, je me cramponnais à une vérité,
vérité féminine, un peu abrégée, un peu impure, vérité pourtant. « Qui
permet toutes les surprises… » Depuis le premier rapt, la
femme, qui n’a peur de rien, n’a pas
oublié de redouter la surprise. En outre, elle est paresseuse, et la paresse
souvent la détourne d’une saine coquetterie vigilante. Vous la croyez
changeante, et diverse ? Point. Que rêve-t-elle ? Etre habillée et parée, comme elle dit, « une
fois pour toutes ». Elle a cru, en coupant ses cheveux, qu’elle
s’éveillerait, le matin, coiffée une fois pour toutes. Mais le coiffeur
veillait, maître des guiches, émondeur de la nuque, détenteur d’un certain pli
de cheveux près de l’oreille, et je
connais mainte libérée qui déjà gémit : « Ah ! c’est assommant…
Il faut que je me fasse tailler tous les quinze jours… et mon pli ne tient pas,
derrière l’oreille… »
Soignées, pansées comme des chevaux de prix vers dix heures,
combien, de femmes courrent avec plaisir, avant le dîner, vers leur seconde
toilette ? O nonchalantes, combien d’entre vous s’en tiennent au « raccord »
exécuté dans un vestiaire de restaurant ? La poudre, le rouge en nuage, le
coup de peigne, le brossage des mains et des ongles… Et puis, on entrouvre la
robe-manteau qui garde encore, -mais ne l’épluchons pas de trop près !-
quelques mouchetures de la boue sableuse du bois, on laisse apparaître une
plate tunique lamée d’or, brodée de cent couleurs, et on se sent prête à passer
une bonne demi-nuit dehors.
Le matin, près des Lacs, c’est vous que j’ai rencontrées si souvent,
apôtres de l’élégance économique. Vous marchiez vite, le nez enfoui dans les
poils du blaireau, du pijicki, voire du vison, car le vent pinçait, et l’eau
giclait, et vos bas roses n’étaient pas fiers. Mais ne savais-je pas que vous
cachiez dans le petit sac une autre paire de bas roses et, sous le satin noir
ou le velours tête de nègre, une tunique aile-de-papillon, décolletée et sans
manches.
Le printemps est là. S’il est clément, il vous permettra d’endosser,
vers onze heures, la sandale claire, la robe fleurie, -sous quel nouveau
manteau d’uniforme ?- la robe dans laquelle vous dînerez ce soir, vous,
élégantes qui voulez que je vous salue du nom d’économes… Economes ?
Peuh !… Paresseuses.
COLETTE
JUILLET -Semaine 3 -Jour 7- QUEL METIER !
Si le jour de Saint-Samson
Le pinson boit au buisson,
L’amour peut chanter sa chanson,
Le vin sera bon.
Artificier
Il est de petits métiers saisonniers dont on se demande ce que font
ceux qui les exercent le reste de l’année. Est-ce le marchand de glaces qui
allume son brasero et fait griller des marrons au coin des rues en hiver. Le
vendeur de muguet nous propose-t-il des cocardes le jour du 14 juillet ?
Et son collègue l’artificier, que fait-il à la saison pluvieuse ?
Il travaille ! Car artificier est loin d’être un « petit
métier ».
L’artificier est un artiste, un magicien de la lumière mais aussi un
technicien minutieux et précis qui manie des explosifs. Son métier, dangereux,
exigeant, est très ancien. Il apparaît en Chine vers le 8° siècle de notre ère,
avec l’invention de la poudre. Son usage n’était nullement belliqueux et la
tradition chinoise dit que le feu d’artifice était destiné principalement à effrayer les spectres et à faire fuir les
mauvais esprits.
Ramenée au 13° siècle dans les bagages de Marco Polo la poudre fut
utilisée par les Français de manière beaucoup moins pacifique : les
premières bombardes tonnèrent à Crécy en 1346.
Mais l’art des artificiers chinois servit aussi à célébrer les
victoires. Il atteint un haut degré de perfection au XVII°
siècle et s’associe à la musique.
Haendel, en Angleterre compose une Musique pour les feux d’artifice
royaux. Lors des grandes fêtes de Versailles, le feu d’artifice était un des emblèmes
du Roi-Soleil.
C’est en 1739 que les frères Ruggieri, natifs de Bologne , s’installent
à Paris et deviennent les artificiers de Louis XIV. Leurs descendants exercent
encore de nos jours puisqu’ils s’associent en 1997 à Etienne Lacroix. Ce sont
eux qui illuminent les concerts de Jean Michel Jarre et de Johnny Halliday. On
leur doit aussi les Nuits de Feu de Chantilly et les fêtes de lac d’Annecy.
JUILLET - Semaine 4 -Jour 1 -US ET COUTUMES
A la Madeleine, la noix est pleine
A Saint Laurent (10 août) on fouille dedans
LES NOMBRES : le 7
Il existe dans les contes sept
types de personnages au moyen desquels vous pouvez faire de votre vie un conte:
1- Le méchant qui est souvent un monstre, un dragon, un ogre, une sorcière ou
votre belle-mère.
2- Le protecteur, fée , magicien ou votre parapluie.
3- L'auxiliaire: un lutin ou un animal qui sert d'intermédiaire entre le
protecteur et le héros qui pourrait être votre chat si ce dernier ne vous
faisait parfois penser au monstre.
4- Celui ou celle pour qui le héros doit partir en quête: c'est une princesse,
un roi, une reine ou encore un des parents du héros ou même celui de vos
proches dont c'est bientôt l'anniversaire.
5- Celui qui ordonne la quête: un roi ou une reine la plupart du temps. (là,
pas de doute, vous avez reconnu votre boss!)
6- Le héros: c'est vous!
7- Le traître, personnage intermédiaire entre le méchant et le héros... inutile
de préciser, ils sont en nombre au cours de votre quête.
Pourquoi 7: trêve de plaisanteries, regardons-le d'un peu plus près , ce
nombre!
Barbe-Bleue a sept femmes, le Petit Tailleur en "tue sept d'un coup",
les dragons ont souvent sept têtes, Poucet et le Chat Botté possèdent des
bottes qui parcourent sept lieues en une seule enjambée.
Dans toute l'Europe, il existe superstitions et traditions concernant le septième
enfant d'une famille, lequel est supposé avoir certains pouvoirs ou
particularités tels que don de voyance ou talent de guérisseur: voici le Petit
Poucet qui cause la mort des sept filles de l'ogre . Il pourrait bien
symboliser la fin des civilisations matriarcales: Poucet prend les couronnes
d'or des filles pour les poser sur la tête de ses frères et c'est l'ogre qui
tue ses propres filles: le règne des garçons peut commencer.
Un sujet de réflexion: dans les contes, principalement lorsque l'influence du
christianisme se fait sentir, l'ogre et le diable ont la même fonction. Dans
certaines versions, le diable s'est substitué à l'ogre. Aussi dans le Petit
Poucet, il faudrait prendre le meurtre des filles, donc du matriarcat comme une
oeuvre néfaste.... ce qu'on ne peut que constater.
Le nombre sept renvoie à la division lunaire en quatre fois sept jours et aux
sept planètes de l'astrologie traditionnelle qui correspondent aux sept jours
de la semaine: Soleil/dimanche, Lune/lundi, Mars/mardi, Mercure/mercredi,
Jupiter/jeudi, Vénus/vendredi, Saturne/samedi.
Dans le temps de la naissance du conte, Uranus, Neptune et Pluton étaient
ignorées.
Entre autres significations du nombre sept, mentionnons encore la Kundalini des
Yogis, énergie cosmique qui passe à travers sept shakras: six corporels, plus
le "lotus aux mille pétales".
Et aussi, les sept couleurs de l'arc-en-ciel, les sept pêchés capitaux et...
n'oublions pas de tourner sept fois la langue dans notre bouche avant
d'affirmer que tout ceci est véridique.
JUILLET - Semaine 4 -Jour 2 -CONTE
En canicule, point d’excès,
En aucun temps, point de procès
CUIR DE RUSSIE
Sur la lande bretonne des loups chantent la pleine lune. Dans la
chambre haute d’un manoir, une vieille dame les écoute. Elle ne peut pas dormir ;
un vieux cœur fatigué l’étouffe ; l’empêche de bouger, de marcher, de
vivre… D’ailleurs, elle ne vivra plus longtemps ; bientôt elle sera libre…
Libre comme les loups.
Ceux là sont peu nombreux ; un couple et quelques jeunes. Du train
où on les chasse, il n’y en aura bientôt plus
Elle ne craint pas les
loups ; elle n’aime pas les chasseurs.
L’hiver, les loups affamés hurlaient par centaines dans les forêts de
son pays natal ; on les voyait galoper sur les plaines glacées. Il fallait
aux voyageurs une solide escorte pour leur échapper. Parfois même, devait-on
leur livrer un cheval.
C’est ce qu’on racontait , ce qu’elle a raconté .
Mais jamais son père le gouverneur n’aurait sacrifié un seul des cent
chevaux de son haras. Quand il voyageait, avec ou sans sa famille, plusieurs
dizaines de cavaliers armés accompagnaient son traîneau et ceux de sa suite.
C’était toujours escorté de cette véritable armée que se déplaçait le
général-comte R… gouverneur de la capitale
et sa famille . Des loups n’auraient jamais osé menacer un tel équipage.
Les loups sont craintifs ; les bergers le savent bien et elle
aussi. Dans son premier roman une des petites filles modèles le dit: « les
loups sont poltrons » Il suffit de
claquer les sabots l’un contre l’autre pour les faire déguerpir ; et puis,
ils ont peur des chiens.
Ce sont les lévriers de sa mère qui ont fait fuir ceux qui …. Mais à
vrai dire ce n’étaient pas des loups. Les loups qui emportent la petite fille
c’est dans le roman… La vraie histoire, elle s’en souvient : elle avait
quatre ans. Sa mère lui avait dit qu’elle était assez grande désormais pour
l’accompagner dans ses promenades en forêt.
« Mais prend bien garde, avait-elle ajouté, tu sais que je marche
vite ; ne traîne pas en arrière, ne rentre pas dans le sous-bois, reste
bien sur le chemin près de moi et des chiens. »
Et c’est vrai qu’elle marchait vite, la mère de Sophie ; la petite
trottinait derrière faisant quatre enjambées pour une de sa mère. Sa mère si
belle, si élégante, si sévère. Et l’écart se creusait ; les chiens joyeux
bondissaient d’avant en arrière. Et la petite voyait la silhouette maternelle
de plus en plus loin sur le chemin ; un bouffée de désespoir lui monta au
cœur : elle en eut la certitude, sa mère l’avait emmenée en forêt pour la perdre.
Pas parce qu’elle ne pouvait plus la nourrir comme Hansel et Gretel ou le Petit
Poucet ; ses parents étaient riches. Mais parce qu’elle ne voulait plus
d’elle. Elle en avait assez de la punir sans jamais l’améliorer.
« Taisez-vous bavarde ! On ne comprend rien à vos
histoires ! » Elle aimait tant raconter des histoires !
« Vilaine menteuse ! Qu’avez-vous encore
inventé ? » Elle ne croyait pas mentir ; elle arrangeait juste
un peu la réalité pour la rendre plus belle.
« Montrez-moi vos mains, vilaine gourmande, petite
voleuse ! ». Mais les bonbons, les fruits confits , les gâteaux qui
sont là sur les tables, quand on a faim, c’est tentant !
« Voulez-vous bien rester un peu tranquille, ne courez pas, ne
grimpez pas partout ! Comportez –vous comme une petite fille sage ».
Mais les garçons, eux ont le droit de courir, de grimper aux arbres et elle
peut le faire aussi bien qu’eux !
« Calmez-vous mademoiselle le coléreuse et filez dans votre
chambre ». Comment ne pas se mettre en colère parfois, quand on vous
reproche chaque geste que vous faites ?
Et pourtant, elle voudrait tant devenir telle que sa mère la
souhaite !
C’est trop tard désormais, elle va rester dans la forêt ; devenir
la proie d’une sorcière, ou d’un ogre qui l’engraissera avant de la manger. Le
chagrin lui pique les yeux ; devra-t-elle sacrifier les deux gimblettes
qu’elle a dans sa poche ? les émietter pour retrouver son chemin.
Inutile ; les oiseaux mangeraient les miettes ; il vaut mieux les
garder pour plus tard, quand elle aura faim. Elle a d’ailleurs un petit peu
faim déjà. Elle trotte pour rattraper sa mère, mais à travers ses larmes elle
voit le long du bois des points rouges et cette odeur, fruitée, sucrée, pas de
doute ce sont des fraises ! elle adore les fraises…
Ne pas rester en arrière, ne pas s’écarter du chemin… oh, juste une ou
deux fraises et d’ailleurs elle sait que sa mère se rend chez son
fermier ; elle n’aura qu’à courir. Elle s’accroupit… un ou deux fraises…
Mais il y en a plein… elle suit les fraises dans le sous-bois…
Un autre enfant a vu aussi les fraises… Un enfant de sa taille mais qui
n’a que quelques mois…
Qu’il est joli ce nourrisson poilu, tout brun, tout velouté, un gros
jouet et Sophie veut le toucher, le caresser, mais elle lui fait peur. Le bébé
crie et la mère se précipite. Elle est là dressée devant la petite fille,
griffes en avant gueule ouverte sur des dents énormes. Sophie accroupie le
contemple médusée. Elle a peur un peu,
mais ne panique pas ; elle a entendu les chasseurs raconter :
devant un ours, on ne doit pas bouger.
L’ourse gronde, une galopade effrénée casse des branches mortes, les
chiens aboient, mettent en fuite la mère et l’ourson.
Et l’autre mère surgit alors ; elle s’empare de sa fille, la gifle
à toute volée et dans le même mouvement la serre farouchement contre elle. De
cette étreinte, Sophie devra se souvenir toujours, car elle ne recevra guère
d’autre manifestation d’amour .
JUILLET -Semaine 4 -Jour 3 -RIMES
SANS RAISON
En canicule beau temps
Fait tout entre le bon an
Auto-Portrait
Je suis futile
C’est très utile ;
Ca met d’l’animation
Dans la conversation.
Ah, quelle ambiance,
Quand on y pense !
L’esprit agile
Des gens futiles
Aime la dérision,
Discute avec passion
Et sans modération
Des nouvelles modes
Qu’on accommode….
JUILLET -Semaine 4 -Jour 4 -DE TOUT UN PEU
Saint Jacques serein,
Hiver chagrin.
COÛT DE TABAC
Le 21 juillet 1862,Velpeau , (le chef de bande) présentait à l’Académie
de médecine un mémoire signé du docteur Demeaux, qui préconisait le tabac comme
une panacée. Le tabac, selon l’auteur, fortifiait non seulement la santé, mais
encore la vertu :
« J’ai observé, disait Mr. Demeaux, que les jeunes gens des
collèges sont plus sages, plus purs, plus vertueux qu’autrefois. J’attribue cet
heureux changement à l’habitude qu’ont les écoliers de fumer en cachette, et je
regarde le tabac comme un bienfaisant nénuphar qui calme l’effervescence de la
jeunesse. »
L’Académie (encore heureux !)refusa les honneurs du procès-verbal
à cette thèse subversive. Les
« potaches » eussent étés trop heureux d’y puiser des arguments. La
Ligue contre l’abus du tabac leur prêche au contraire que la cigarette est la
mère de tous les vices. Il appartiendrait à l’Etat, grand maître de la morale
et de l’hygiène nationale, de terminer la controverse. Le tabac calme-t-il
simplement les ardeurs de la jeunesse ? ou bien éteint-il du même coup les
meilleures facultés du cerveau, à commencer par la mémoire ?
L’Etat ne sait qu’une chose : c’est que le monopole du tabac lui
rapporte plusieurs centaines de millions. Alors….
JUILLET -Semaine 4- Jour 5- C’
EST POUR RIRE
Si les fourmis s’agitent à la Sainte-Anne,
Il pleut un mois et une semaine.
Le temps qu'il aurait du faire la semaine
dernière.
Dans les régions Nord, parisienne, Nord-Ouest, Bretagne et
Ouest: quelques belles averses coupées de pluvieuses éclaircies.
Région Sud, sud-Est, Aquitaine, Franche-Comté,
Saint-Pierre-et-Miquelon: température voisine et adjacente à l'état du ciel.
Fortes chaleurs alternant avec le verglas caniculaire.
Centre, Massif Central, Société Générale et Banque des
Pays-Bas: brouillards matinaux, mer d'huile avec filet de vinaigre sur les
hauts plateaux.
Température moyenne générale: maximum: 38,5°; minimum:39,8°
Si vous n'avez pas eu ce temps-là dans la région que vous
habitez, adressez-nous vos réclamations; nous nous ferons un devoir de nous les
transmettre à toutes fins utiles.
Pierre DAC
JUILLET -Semaine 4 Jour 6 CE SOIR JE SERAI LA PLUS BELLE
Pour leur fête souvent,
Les Sept Dormants redressent le temps.
CA NOUS BOTTE !
On est toujours plus belle avec des chaussures propres. Ce qui n’est
pas souvent le cas des bottes en caoutchouc vu l’usage auquel elles sont
destinées.
Cependant on peut, un jour ou l’on veut frimer, les avoir belles et
brillantes.
Il faut d’abord les laver à l’eau savonneuse pour les débarrasser de la
boue qui les orne. Vous les rincez bien et les laissez sécher à l’air. Jamais
de chaleur directe genre cheminée ou radiateur. La Comtesse de Ségur avait fait
sécher les siennes sur un calorifère ; elle ne s’en est vantée dans aucun
de ses romans et c’est sa fille qui l’a caftée. Donc, vous ne l’avez pas imitée
et vos bottes sont sèches et intactes : vous les frottez avec un chiffon
humide sur lequel vous aurez versé quelques gouttes de glycérine. Bourrez-les
de papier journal et rangez –les à l’abri du soleil, des éclairages
fluorescents et de toute source de chaleur.
Quand vous aurez
constaté que ce traitement de beauté prolonge en plus leur durée de vie, vous
ne le ferez plus seulement les jours de cérémonie.
PP
Semaine 4 Jour 7 LE PARTRIOLE
Chaleur de Saint-Germain
Met à tous le pain dans la main.
Le septièm’ mois de l’année
Que donnerais-je à ma mie ?
Sept chiens courants,
Six lièvr’ aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quatre canards volant en l’air,
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole
Qui vole dans ce bois.