A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

samedi 30 août 2014

Quelque part en Franche Comté



se cache le domaine mystérieux du Prince Crapaud










samedi 23 août 2014

En l'honneur de Ste Rose de Lima...

qui fut la première canonisée du Nouveau-Monde...


vendredi 22 août 2014

Une chronique hors catalogue...

Les chroniques d'Olivier de Robert: des tomates hors catégorie

une vidéo censurée sur you tube !



Antoinette et Claude

jeudi 21 août 2014

C’est la première fois qu’une tribune est dédiée à notre communauté, mais c’est une tribune historique.






L’Archevêque Desmond Tutu vient juste de publier un appel vibrant à la conscience dans un journal israélien. Le prix Nobel, figure incontournable de la lutte anti-apartheid, se range aux côtés de 1,7 million d’entre nous, et appelle aux désinvestissements pour contrer l’occupation et la répression en Palestine. Il incite les israéliens (dont 87% soutiennent les bombardements de Gaza) à se libérer de ce statu quo terrible. Il faut absolument le lire.

Son éditorial est ici.

L’article a été publié uniquement dans un journal israélien, mais c’est un moyen terriblement efficace de légitimer ce que certains gouvernements voient encore comme une position controversée -- le reste du monde doit le voir. Partageons-le avec tout le monde !

Cette campagne est vraiment en train de changer les choses. Le chanteur Russell Brand a enregistré une vidéo qui soutient notre campagne et les entreprises que nous visons sont en train de contacter les équipes d’Avaaz et veulent nous rencontrer. Les Avaaziens du Royaume-Uni sont en campagne pour que le pays arrête de vendre des armes à Israël, leur gouvernement commençant lui aussi à émettre des critiques. Plus surprenant encore, même le gouvernement des Etats-Unis a annulé un convoi de missiles pour Israël !
C’est une chance extraordinaire pour nous de nous mobiliser une fois de plus aux côtés de l’Archevêque Tutu, un des rares leaders profondément non-violent et porteur d’espoir. Parce que dans un monde déchiré par les extrémistes qui se dénoncent entre eux, la force non-violente est transformative: elle donne la force d’être ferme, même dur, en défendant la justice, au nom d’un attachement à toutes les personnes qui refusent de se sentir victimes de la peur et de l’ignorance, nos deux ennemis universels. Un attachement qui reconnaît que tous nos destins et libertés sont intimement liés. C’est l’esprit précieux que nous ont laissé les meilleurs leaders, de Gandhi à Tutu, et que notre communauté s’efforce de garder à l’esprit à chaque nouvelle campagne.

Avec espoir,
Ricken, Alex, Fadi, Jeremy, Ana Sofia, Ari et le reste de l’équipe Avaaz.

PS : Cette campagne vise à créer les conditions d’une paix durable entre Israël et la Palestine, et des foyers sûrs pour les populations des deux pays. L’antisémitisme comme le racisme anti-Palestiniens, comme toutes les formes de haine, sont grotesques, dangereux, et doivent être combattus. Au bout du compte, si les extrémistes des deux côtés oeuvrent à menacer un avenir de Paix, notre travail est de rassembler les personnes raisonnables de part et d’autre pour qu’elles se mobilisent pour sauver Israël comme la Palestine. S’il vous semble que cette campagne est partiale, vous pouvez voir ici les réponses et explications de l’équipe Avaaz.





Avaaz est un réseau citoyen mondial de 38 millions de membres
qui mène des campagnes visant à ce que les opinions et les valeurs des peuples influent sur les décisions mondiales. ("Avaaz" signifie "voix" dans de nombreuses langues). Nos membres sont issus de tous les pays du monde; notre équipe est répartie sur 18 pays et 6 continents et travaille dans 17 langues. Pour découvrir certaines de nos plus grandes campagnes, cliquez ici ou suivez-nous sur Facebook ou Twitter.

mercredi 20 août 2014

lundi 18 août 2014

Pour une fois, une page people... de la part de Claude.

Le « oui » secret de Jean Seberg et Romain Gary

M le magazine du Monde | • Mis à jour le | Par


Elle avait 24 ans, lui 49. Le 16 octobre 1963, l'actrice d'A bout de souffle épousait l'auteur de La Promesse de l'aube. Des noces en forme d'énigme qui résistent toujours aux biographes du couple suicidé.

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C'ÉTAIT IL YA QUELQUES ANNÉES. Un Corse avisé m'avait parlé, presque en baissant la voix, du mariage de Jean Seberg et de Romain Gary, dans un village posé sur la route d'Ajaccio à Bastia. L'actrice américaine et le double Prix Goncourt. Les amants magnifiques, le couple suicidé. Mon informateur se souvenait que c'était en pleine semaine d'école, après la rentrée des classes et les vendanges catastrophiques de l'année 1963. Il se rappelait aussi que personne n'avait rien su de ces noces d'amour qui auraient dû faire la « une » de tous les magazines de France et d'Amérique, du mariage le plus secret entre la NRF et Hollywood. Il m'avait donné envie de monter à Sarrola.
Cet automne-là, il n'est pas encore le mystificateur Emile Ajar, Fosco Sinibaldi ou Shatan Bogat, mais déjà l'auteur couronné des Racines du ciel, ancien combattant des Forces françaises libres et compagnon de la Libération. Gary (« braise » en russe) a raccroché son blouson d'aviateur pour des costumes anglais de diplomate. Avec son profil au couteau de peintre, il est devenu le Méphistophélès du Quai d'Orsay, toujours fidèle à sa croix de Lorraine. Elle est la Cécile de Bonjour tristesse, dont Godard a remarqué la coupe garçonne et la manière gracieuse d'allumer sa cigarette ; il en fait une Patricia qui, dans A bout de souffle, troque la chemise d'homme et le pantalon corsaire de l'héroïne de Sagan pour un jean skinny et une marinière qu'elle porte sans soutien-gorge. . « Qu'est-ce que c'est, dégueulasse ? », demande-t-elle de ses yeux bleus grands ouverts aux spectateurs des salles obscures. Les filles abandonnent la choucroute de « BB » et demandent les mêmes cheveux ras que Seberg. Elle est l'icône des Cahiers du cinéma et de la Nouvelle vague.

Lorsque Romain Gary et Jean Seberg se rencontrent en 1960, elle vient d’être révélée par Godard dans A bout de souffle.

Ce sont deux exilés de l'intérieur que, le 16 octobre 1963, Sarrola accueille incognito dans le registre de sa mairie. Elle a 24 ans, lui 49. Son pays à elle est celui des plaines du Midwest, des familles puritaines WASP. Lui est né dans une Vilnius qui faisait encore partie de l'empire russe, trimballé par la guerre de l'Angleterre à l'Afrique, avant que sa carrière ne l'envoie en Bulgarie, en Bolivie et en Californie. Ils ont choisi la Corse. Des noces en forme d'énigme. « Peut-être le point équidistant entre leurs pays à chacun ? », avait demandé mon ami corse.

A PARIS, L'ENQUÊTE BREDOUILLE. Roger Grenier, membre du très select comité de Gallimard, a connu Camus et Ionesco, Cortazar et Blondin, Bachelard et Valery Larbaud. A l'occasion du centenaire de la naissance de Romain Gary, il vient de préfacer Le Sens de ma vie, transcription du dernier entretien accordé par son ami à Radio-Canada, quelques mois avant son suicide, en décembre 1980. « Le dernier état de son autobiographie », dit-il. Pas davantage de référence, pourtant, à ce mariage fantôme, que dans Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable ou dans Chien blanc. « Je crains de ne pas pouvoir vous aider, soupire dans son bureau le vaillant éditeur de 94 ans. En 1963, je ne fréquentais pas Romain. Et il ne m'a jamais parlé de ces noces. »
Sous la pluie de livres consacrés à l'écrivain ou à l'actrice, quatorze mots résument en général la cérémonie : « Le mariage eut lieu le 16 octobre 1963 à Sarrola-Carcopino, en Corse. » Seule Myriam Anissimov, auteure de Romain Gary, le caméléon, monument biographique élevé en 2004 aux pieds de l'écrivain, détaille d'un paragraphe l'épisode mystérieux. « Le soir du mariage, ils dînèrent à l'hôtel Campo dell'Oro, près de l'aérogare, à vingt kilomètres du village, et repartirent le lendemain en bateau aussi discrètement qu'ils étaient arrivés. » C'est un établissement pour stewards, hôtesses, pilotes (comme Gary...) et joueurs de football en déplacement, coincé entre les pistes de l'aéroport, la route et la voie de chemin de fer. Depuis les balcons, on croirait que les avions se posent sur la mer, comme de gros goélands.

LE COUPLE S'EST CONNU TROIS ANS AVANT CE MARIAGE, À LOS ANGELES. Gary et sa femme, l'écrivain Lesley Blanch, recevaient au consulat de France la jeune actrice et son mari, François Moreuil, un avocat d'affaires plein d'ambition. A table, Mme Moreuil est timide et sublime dans sa robe en soie bleu nuit de Givenchy. Le consul général fanfaronne et joue les matamores, en ancien niçois qu'il fut. Vingt-quatre ans les séparent, leurs yeux ne se quittent pas. C'est love at first sight. « Vos mocassins sont superbes ! Permettez-vous que je les essaie ? » provoque Gary en baissant le regard vers les chaussures de Moreuil, qui s'exécute à la fois interdit et flatté. Quelques mois plus tard, Jean Seberg entame une procédure de divorce, qui aboutit en juin 1962, juste avant la naissance de Diego, cet enfant qu'ils ont tant désiré. Gary se sépare officiellement de son épouse britannique le 5 septembre 1963. Peu de temps avant le mariage incognito dans le village de la Basse-Gravone.
A l'hôtel Campo dell'Oro, les barmen se souviennent des tournois de bridge d'Omar Sharif, qui un soir d'ivresse avait offert sa montre de prix à l'un des leurs, mais pas de l'écrivain ni de l'actrice. Claudine Merli, la propriétaire de l'établissement, est formelle : « Dans le livre d'or, j'ai Brel, Brassens, Bécaud, mais pas Seberg et Gary. » Et pour cause : l'hôtel a été construit en 1969, soit six ans après le mariage. Avec ses biographes, Gary continue à jouer à cache-cache. Direction Sarrola, avec pour boussole une photo de la noce, cliché inédit confié par Diego Gary au Mercure de France pour un album consacré en avril 2014 à Jean Seberg, et qu'il a gentiment accepté de prêter à « M ».
Diego avait 1 an au moment du mariage. Dans mon sac, j'ai pris son livre, S ou L'espérance de vie. Le fils de Romain et de Jean a aujourd'hui 52 ans, et je me souviens de cette image bouleversante : visage fin, cheveux raides, plein de ce chagrin trop lourd pour ses 18 ans, l'orphelin se tenait seul derrière le cercueil de son père, dans la cour des Invalides, où la France rendait hommage au compagnon de la Libération. Sa naissance avait été cachée elle aussi, pour ne pas froisser les convenances d'Hollywood et du Quai d'Orsay. « Je revois nos petits déjeuners sur la place de Porto-Vecchio, derrière l'église où mes parents se sont mariés », écrit-il au détour d'une page. Deuxième fausse piste ? « C'est un roman », me rassure Roger Grenier au téléphone. Porto-Vecchio est à trois heures en voiture de Sarrola. Et, dans Le sens de ma vie, Gary explique qu'il n'a « jamais mis les pieds dans une église ».


ILS SONT SIX SUR LA PHOTO DE DIEGO. Au milieu, les nouveaux mariés, tels qu'on les devine par la grâce d'un bouquet de fortune. Jean porte un petit manteau blanc évasé - Dior, peut-être -, jeté sur une robe qu'on imagine trapèze, comme en raffolent les années 1960. Pas de voile. Pas de lunettes de star. En 1963, l'actrice a abandonné sa coupe culte pour la coiffure de Grace de Monaco. Depuis qu'ils vivent ensemble rue du Bac, à Paris, Romain a fait de sa Jean une ambassadrice de l'élégance française. Derrière eux, sur le cliché, un muret comme on en voit dans tous les villages corses, le posatoghju où l'on s'assied, à la tombée du jour, pour discuter. Il ressemble bien à celui de Sarrola, même s'il paraît plus bas sur la photo. « Nous l'avons rehaussé il y a cinq ans environ, pour le mettre en conformité avec les normes de sécurité en vigueur », rassure le jeune maire, Alexandre Sarrola, qui a succédé à son grand-père, Noël, au terme d'un mandat historique de soixante ans exactement. Son aïeul pose à la gauche de Jean Seberg, un poil plus petit que le mètre cinquante-six de l'actrice, sec comme un sarment de vigne. A sa droite, « le cousin François, qui faisait secrétaire de mairie », explique le chœur du village venu expertiser la photo témoin..
Ce 16  octobre 1963, à 14 h 30, « Natale » (Noël, en corse) était venu chercher le couple à l'aéroport, arrivé par l'une des deux ou trois caravelles hebdomadaires en provenance de Nice. Puis les a « montés » lui-même au village, dans sa traction, sur la route creusée de fondrières qui ne laissait passer qu'une voiture à la fois. Sans doute leur a-t-il fait faire le tour du village, comme tous les maires de Corse qui veulent convaincre que le leur est le plus beau. A 16 heures, sur la place déserte où trône le monument aux morts, monsieur le maire avait ouvert la salle des mariages au couple de stars, son écharpe tricolore ceinte autour de la taille comme toujours.
Martine Pieri a 86 ans et cinq filles. Depuis la mort de « Noël », c'est la seule, au village, qui se souvient de cette journée particulière. « J'étais avec mon pauvre mari et un vigneron dont on était montés voir la vigne. Seul un tiers du raisin avait pu être pressé, cette année-là, après une saison de chien. Devant la mairie, je dis : "Tiens, la voiture de monsieur le maire !" Mais, dans la mairie, Noël me fait signe avec les deux mains de ne pas entrer », mime-t-elle. Martine Pieri reste sur le muret pour voir sortir les mariés. « "Ce sont des Russes ?", je demande à Noël, car j'avais vu un jour un architecte russe qui ressemblait à ce marié que je ne trouvais pas très beau. "Ce sont des étrangers", a répondu Noël. Un peu plus tard, je découpe le morceau dans le journal qui raconte le mariage, j'avais la manie de découper ce qui se passait à Sarrola. "Regarde, Noël", je lui dis, "voilà la noce de tes étrangers". »

Ce n’est que le 23 octobre 1963, soit sept jours après sa célébration, que le mariage de Romain Gary et Jean Seberg est relaté dans Nice-Matin.

A la mairie, je retrouve l'article de Nice-Matin, plus un autre du Provençal, taillés avec les ciseaux de Martine. Ils portent la date du 23 octobre, une semaine après le mariage. Magie d'une époque sans smartphone, ni tweets, ni selfies : aucune photo de la noce ne les accompagne. « Romain Gary et Jean Seberg tels qu'on aurait pu les voir dans leur découverte d'un village pittoresque », clame la légende d'un cliché d'archives où le couple semble en croisière. Sept jours de retard, et pas d'illustr', comme on dit dans le métier. Jours de France, Paris-Match, tout le monde a raté le mariage de Jean Seberg et de Romain Gary. Même les paparazzis qui, cette année-là, ont empoisonné le tournage du Mépris, à Capri.
Seberg et Gary les redoutent plus encore que Bardot. En cet automne 1963, l'actrice américaine vient de participer, à Washington, à la grande marche pour les droits civiques des Noirs emmenée par Martin Luther King. Elle a aussi dîné avec son mari à la Maison Blanche, à l'invitation de John et Jackie Kennedy, mais elle dérange une Amérique paranoïaque qui - le FBI l'a avoué depuis - va comploter contre cette alliée des Black Panthers jusqu'à sa mort. Gary, de son côté, veut éviter de froisser son ex-femme, l'excentrique auteur des Sabres du paradis. Voilà pourquoi ils ont choisi la Corse. Et fait affaire avec un maire zitu e mutu, comme on dit sur l'île - taiseux et muet. Arrangeant, aussi. « Noël ne refusait rien à personne, sourit le sénateur Nicolas Alfonsi, son allié politique. Si on lui demandait un billet pour aller sur la Lune, il répondait : je vais réfléchir ». Cet automne-là, il accepte de ne pas publier les bans « Gary-Seberg » pendant le délai réglementaire, arguant d'une « urgence à procéder à mariage ».
L'académicien Jérôme Carcopino n'aurait-il pas pu recommander à l'écrivain ce village facile d'accès dont il est originaire ?, s'était interrogé Nice-Matin. « Pas du tout. Je n'ai pas vu l'académicien depuis son passage au village il y a deux ans », avait éludé Noël Sarrola. Marie-Jeanne Poggiale, dite Mijanou, a une autre idée. L'ancienne institutrice rappelle que Sarrola abritait un compagnon de la Libération, Joseph Casile. Prise de Tobrouk, bataille de Bir-Hakeim, campagne de Tunisie… Sa petite-fille, Sophie Emond-Gonzard, montée passer l'été au village, se souvient que son grand-père avait rencontré Romain Gary, qui voulait « écrire quelque chose sur les compagnons de la Libération ». Mais c'était bien après 1963.

IL FAUT REVENIR À LA PHOTO. Le couple à gauche, c'est Charles et Françoise Feuvrier, les témoins, qui se sont posés avec les futurs mariés à Ajaccio. Lui est général de division aérienne, ancien du groupe de bombardement Lorraine des FFL, comme Gary. Il est resté très proche de Charles de Gaulle. Sa signature et celle de son épouse, à droite sur l'acte de mariage, c'est un peu l'ombre tutélaire du Général sur les noces. Dans sa biographie, Anissimov écrit que Feuvrier, l'organisateur de la cérémonie, a bénéficié de la « complicité » de Sarrola car il était aussi un « ancien combattant de la France libre ». Dans le canton, tout le monde sait pourtant que l'ancien maire, radical de gauche rond et consensuel, n'a jamais prétendu à ce brevet de gloire. « Pendant la guerre il est resté au village sans faire grand-chose », confirme son ami Paul Leca, le maire de Valle-di-Mezzana, le village le plus proche. Si le général Feuvrier l'a connu, ce n'est pas à ce titre.

Le couple travaillera ensemble sur Les oiseaux vont mourir au Pérou, Le couple travaillera ensemble sur Les oiseaux vont mourir au Pérou, un film réalisé en 1968 par Gary, avant de divorcer en 1970.

On n'est jamais loin, avec Romain Gary, de ces réseaux brumeux forgés dans l'armée des ombres et les méandres des services secrets de la France libre, que ressuscite la Ve République naissante et dont la Corse va raffoler. Couvert de médailles, Feuvrier n'est pas un inconnu dans le monde militaire. Il n'y a d'ailleurs pas laissé que de bons souvenirs. Avant de devenir responsable du personnel de Peugeot, où la CGT se souvient encore de ses méthodes musclées, il fut directeur de la sécurité militaire de l'Etat, et chargé, à ce titre, de faire la guerre en Algérie, à l'OAS, en liaison avec Philippe Massoni. « On ne peut exclure que Massoni se soit occupé de l'affaire du mariage », réfléchit Jean-Charles Marchiani, un autre préfet corse. Joue-t-il les intermédiaires ? Le général Feuvrier appelle-t-il plutôt le préfet de Corse, Marcel Turon ? « Papa m'a toujours dit que le mariage de Gary s'était fait avec un préfet, raconte la fille du maire, Catherine Cerati-Sarrola, née en 1955.  Il était bien avec tous. »
« Je vous écrirai un petit mot quand vous pourrez en parler », avait lâché Gary à M. Sarrola avant de prendre congé. Mais, cinq jours plus tard, la presse parisienne finit par avoir vent de l'affaire. L'épicerie du village est assaillie d'appels. Des journalistes locaux viennent chercher monsieur le maire à la terrasse du Royal, son repaire ajaccien, et même jusque dans ses vignes. « Je ne suis au courant de rien... Je n'ai pas célébrrrré de marrrriage depuis août », commence par assurer l'édile, madré comme un paysan. Avant de se dédire d'une pirouette : « J'ai été beaucoup plus discret qu'une urne puisque j'ai tenu cinq jours ! » « Sarrola me donnait souvent des tuyaux, raconte Pascal Bontempi, à l'époque chef d'agence du Provençal et correspondant du Figaro dans l'île. Mais cette fois-là, il ne m'a rien dit. » « Il avait donné sa parole d'honneur à Romain Gary » sourit le journaliste ajaccien Constant Sbraggia, qui a cuisiné Sarrola, peu avant sa mort. Le maire était resté laconique, fidèle à son serment. « Il semblait obsédé par le jeune âge de la mariée », raconte Sbraggia. Et par l'humeur de son époux : « Gary ne parlait pas, ne souriait pas, semblant à peine concerné par l'événement. » Détaché. La photo des noces laisse d'ailleurs une drôle d'impression. Gary a passé un bras autour des épaules de Jean Seberg. Mais de l'autre main, bravache et potache, il mime avec deux doigts le V victorieux des libérateurs.

A l'aeroport d'Orly (Paris) : l'ecrivain Roman Kacew dit Romain Gary alias Emile Ajar avec sa femme Jean Seberg et leur fils Alexandre Diego ainsi que leur chien Sandy, le 14 decembre 1968


UNE AUTRE CHOSE AVAIT FRAPPÉ LE MAIRE : LE COUPLE SEMBLAIT PRESSÉ. Arrivés par la caravelle de Nice en début d'après-midi, ils avaient embarqué sur le Napoléon, qui levait l'ancre pour Nice à 19 h 30 le soir même. Quelques cabines, des transats sur le pont, et, à fond de cale, des légionnaires à képis blancs qu'on semblait vouloir cacher. C'est une opération commando, comme lorsqu'on épouse l'autre, aussi, pour le protéger. A l'époque, la France gaulliste est au plus mal avec les Etats-Unis. Elle cherche à sortir du commandement intégré de l'OTAN et à fermer les bases militaires américaines. Le registre en atteste, Jean Seberg ne dispose d'une autorisation de séjour sur le sol français que jusqu'à décembre 1963. Gary et Seberg mariés à Sarrola comme à Las Vegas ou à Reno ?
Dernier regard sur le registre de la mairie avant de quitter le village. Dans la marge, la mention du divorce en 1970. « Officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération, croix de guerre 1939-1945, médaille de la Résistance... » Gary ne voudra pas de l'Académie française, en 1980, mais avait fait rajouter ses décorations sur le document, le jour du mariage : ces médailles-là, il les veut. Le « 3 » de 1963 a été raturé par la jolie écriture IIIe République de Noël Sarrola. Décidément... Jean Seberg est « domiciliée à Paris 108 rue du Bac », où elle s'était installée avant son mariage. Ce n'est pas l'adresse donnée par Romain Gary, découvre avec moi le maire stupéfait. Lui est noté « demeurant à Sarrola-Carcopino ». Si même l'acte de mariage est faux...
Avant de reprendre l'avion, je rends visite à l'Ajaccien Jérôme Camilly. Cet ancien enquêteur d'Antenne 2 a travaillé avec Gary sur une saga des compagnons de la Libération, un projet qui n'a jamais vu le jour, raconte-t-il dans Brève escale en Corse, un petit livre tout juste paru chez Colonna Edition. A lui aussi, Gary avait oublié de parler de son mariage en Corse. Une anecdote lui revient tout à coup. Etait-ce la fin juin 1979, juste avant que Jean Seberg ne soit retrouvée morte, enroulée dans une couverture, à l'arrière de sa voiture ? Ou au mois de juin 1980, quelques mois avant que Gary ne se tire une balle dans la bouche ? Rue du Bac, l'écrivain demande à Camilly où il va passer l'été. « En Corse, chez moi », répond le journaliste. « Je peux venir ? », demande Gary, qui réserve illico une chambre « avec vue sur la mer » au Sheraton Cap, dans le golfe d'Ajaccio. « Emmène-moi faire un tour », téléphone-t-il dès son arrivée à Camilly. « J'arrive avec ma vieille Renault 12, raconte l'Ajaccien. Romain s'assied à côté de moi - je ne l'ai jamais vu conduire. "Prends le rond-point... Reviens vers Ajaccio... Tourne à droite... Reprends par là..." Il m'indique la route à suivre, avec précision. » Les voilà, dix-sept ans plus tard, au village nuptial. Camilly s'était demandé pourquoi, ce jour-là, Gary s'extasiait tant devant ce « beau village ». Comme si, sur le chemin de Sarrola, l'écrivain qui inventait ses vies avait voulu éprouver ses sentiments - leur part d'imposture, et de vérité. Ou simplement vérifier qu'il n'avait pas rêvé.




vendredi 15 août 2014

La photo du samedi

Laissons aux chevaux sauvages les vertes prairies du
Wyoming et voyons un peu ce qui se passe en Thymerais au 15 août:




Bounty et ses copains saluent AMARTIA et ses chasseurs d'images

Lire et relire... Posé sur 2021bureau/souvenirs/vrac

Voyez comme ça se trouve: une amie revient du Grand Ouest Sauvage, ses indiens, ses bisons,  ses vertes prairies où galopent des chevaux encore indomptés. Et, admirez la coïncidence , il m'échoit il y a peu un de ces livres dont ne veulent plus les bibliothèques et qui ont coutume de se réfugier chez moi. Un livre destiné aux jeunes et que je n'avais jamais lu et pourtant... des histoires d'animaux, j'en ai dévoré!
Parce que nous autres enfants des Trente Glorieuse, si nous avions à leur début la télévision(et c'était encore rarement le cas), elle n'avait en tout cas qu'une seule chaîne et encore... en noir et blanc. L'ordinateur domestique et internet n'existaient pas et encore moins les jeux vidéo....
 Aussi pour meubler les longues soirées d'hiver et les jours maussades des vacances n'avions nous que des livres. De ces livres, enfants qui me liriez par hasard, vous feraient flipper: plus de 300 pages d'une police serrée, pratiquement pas d'images mais nous y arrivions et plus étonnant encore, nous aimions ça !
Et dans ces volumes dont la seule vue vous fait bailler, j'ai découvert et suivi les aventures de Michael chien de cirque et de son frère Jerry (dans l'île) du petit Jody et de son faon et surtout de Lassie la Fidèle, dont par fidélité personnelle j'avais un exemplaire assez remuant à la maison. Des livres arrosés de larmes abondantes qui ont enchanté mes jeudis et mes vacances.  Que vaudraient d'ailleurs ces histoires si un drame atroce ne les sous-tendait et dont la fin heureuse nous rendait béats de bonheur.
Eh bien, vous me croirez si vous voulez, mais de toutes ces histoires dont la liste ci-dessus est loin d'être exhaustive, il en est une qui m'avait échappé, c'est celle de Flicka. Flicka la sauvage, l'indomptée que ses origines et son fichu caractère mènent au bord du gouffre.
Le manque est comblé et je ne saurais trop vous engager vous les grands à vous pencher sur son destin et à l'offrir aux plus jeunes.
Presque tous aiment les chevaux et rêvent d'en avoir un à eux; voilà une bonne occasion de les inciter à alterner écran et papier imprimé. Qui plus est, le caractère des chevaux,  leurs réactions, le débourrage (la bonne et la mauvaise méthode),le métier d'éleveur avec ses aléas et sa rigueur qui parfois choquent ceux qui n'en savent rien, tout est parfaitement décrit...
Flicka galope à jamais dans les vertes prairies du Wyoming; profitez de cet été au climat douteux pour aller la rejoindre...

samedi 9 août 2014

Un prince charmant


...changé en crapaud et comble d'infortune, pétrifié, attend le baiser d'une d'entre vous...


Les Chrétiens du Moyen-Orient...bureau/souvenirs/vrac

... sont menacés, persécutés. La France en accueille un certain nombre et elle fait bien.
On nous les montre à leur arrivée fatigués, désorientés mais plus enore bouleversés. Ils ont quitté leur pays, leur vie, et les voici en sécurité certes, mais dans une contrée si différente de celle qui les a vu naître. C'est au nom de leur foi, de leur croyance que ces gens ont du fuir. Pour leur foi, ils ont risqué leurs vies, vu périr nombre de leurs proches et dans le comité d'acceuil, je cherche en vain un membre du clergé, un représentant de cette Eglise qui se veut catholique et donc universelle... Pourquoi?

dimanche 3 août 2014

Lire et relire...bureau/souvenirs/vrac

Mon peu de goût pour les romans n'est pas un secret. Il vaudrait mieux dire, mon peut de goût actuel... parce que je fus une grande lectrice de romans du temps que les écrivains nous faisaient voyager un peu plus loin qu'aux alentours de leur nombril, du temps qu'au lieu ne nous narrer leur quotidienne aventure si semblable à la nôtre, ils savaient créer des personnages aux pérégrinations passionnantes, des personnages dont volontiers nous chaussions les souliers pour faire avec eux un chemin qu'on
aurait bien aimé être le nôtre... du temps des Gary, des Kessel, des Druon, des Troyat, du temps d'Ambre et d'Autant en Emporte le Vent, du temps de jane Austen et d'Eugène Sue... mais la liste n'en finirait pas.
En mémoire de tous ces romans que j'aimais, je continue, imperturbable à ouvrir tout ce qui porte le mot roman inscrit sur sa couverture. Et je l'abandonne bien vite n'ayant souvent pas le courage d'aller jusqu'à la 36° page imposée par les bons éditeurs aux membres des comités de lecture.
J'ai donc vaillament entamé, La Servante Abyssine de Carine Fernandez et... j'ai voyagé dans les pas de Zinesh, la veuve abyssine qui, pour échapper à la misère de son pays natal se fait servante chez les riches.
Et qui de plus riche que les princes et princesses d'Arabie Saoudite?
Sans être allée aussi loin mais pour avoir un peu connu le Maghreb, j'ai retrouvé là les couleurs, les senteurs, la sécheresse des paysages, l'opulence artificielle des jardins intérieurs..
Compris la vacuité des ces vies de femmes qu'on envoie étudier en Europe et qui bardée de diplômes décrochent un avenir de reproductrice oisive dans des palais artificiels; qui entre deux grosseses et encore vaudrait-il mieux dire deux accouchements trompent leur ennui dans les salles de fitness des palaces locaux ou les bras d'un amant caché et là, on comprend mieux leur manque d'énergie à se révolter contre le port de l'abayah.... 
Donc cette fois, je n'ai pas vu passer la 36° page et à la 179°,  Zinesh m'a laissée gourmande encore de ce qui allait lui arriver au seuil d'une vie nouvelle...
Madame Fernandez qui, si j'en crois votre éditeur n'avez écrit que deux romans, celui-ci et la Comédie du Caire, s'il vous plaît, donnez une suite à La Servante Abyssine.

samedi 2 août 2014

Camomille

 Pour vous assurer digestion légère, sommeil paisible et cheveux blonds, voici quelques fleurs de camomille qui ont survécu à la moisson:



vendredi 1 août 2014

Bon anniversaire


La comtesse de Ségur n'a pas raconté que des histoires de petites filles qui ne peuvent plus guère servir de modèles aujourd'hui. Elle a décrit à peu près toutes les couches de la société de son temps: le Second Empire. Elle avait des préoccupations qui sont encore les nôtres aujourd'hui, le travail le dimanche par exemple.

Sophie de Ségur, (née Rostopchine, elle n'avait garde de nous le laisser oublier), s’est toujours sentie étrangère au « grand monde » qui ne l’a acceptée qu’avec condescendance. Elle admet que ces gens se sentent supérieurs sans comprendre vraiment en quoi. En revanche, ce qu’elle déteste absolument, ce sont les bourgeois et les parvenus ; les gens dont la seule valeur est la richesse. Elle a ce snobisme suprême de préférer un paysan ou un ouvrier au grand cœur et au raisonnement droit, à un riche sans finesse ni éducation. En réaction contre la bourgeoisie d’argent, l’extrême droite chrétienne à laquelle elle appartient, se préoccupe du sort des classes défavorisées. Dans Diloy le Chemineau, le général d’Alban, un des avatars de Fédor Rostopchine son père, et aussi de Philippe de Ségur, (l'oncle de son mari qui fut aide de camp de Napoléon1°),fulmine contre « Messieurs les fabricants » qui ne respectent pas les jours de repos de leurs ouvriers, les empêchant ainsi, et c’est le plus grave, d’aller à la messe.

« - Voyons, mon brave garçon, assois-toi et dis moi quelle est la place qu’on t’a offerte ?
C’est chez un fabricant de chaussons, monsieur le comte ; on m’offre le logement, le chauffage et deux francs cinquante par journée de travail.
-De combien d’heures la journée ?
-Douze heures, monsieur le comte.
-C’est deux de trop. As-tu les dimanches et fêtes ?
-Ce n’est pas de droit. On peut exiger que je travaille dans les temps pressés.
-Et c’est toujours temps pressés pour MM. Les fabricants. Et les enfants, les occupe-t-on ?
-Quand ils ont dix ans, monsieur le comte, on leur donne de l’ouvrage à cinquante centimes par jour.
-Le travail est-il fatigant, difficile ?
-Sauf qu’on est assis tout le temps du travail, ce n’est pas trop dur.
-Et les enfants, travaillent-ils dehors ?
-Non, monsieur le comte, à l’atelier ; ils ne sortent pas.
-Et ont-ils leur dimanche ? peuvent-ils aller au catéchisme, à l’école, dans la semaine ?
-Pas quand on a besoin d’eux.
- Et on aura toujours besoin d’eux….Surtout quand le chef est un homme sans foi ni loi. Je connais ce chef de fabrique, M. Bafont. C’est un gueux qui ne croit à rien, qui ne songe qu’à gagner de l’argent. Il se moque de l’ouvrier et de sa moralité… »


Sophie l'aristocrate fut la grande amie - et peut-être davantage- d'Eugène Sue. Quand ses convictions socialistes envoyèrent en prison l'auteur des Mystères de Paris, elle fut contrainte sous la pression de son entourage de cesser de le recevoir . Que seraient devenues les Petites Filles Modèles si la Comtesse de Ségur avait osé laisser parler son coeur???

Elle aurait aujourd'hui 215 ans. Bon anniversaire, chère Sophie.