A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

dimanche 19 mai 2013

Ces Messieurs de Saint Bonnet (7)


C’était compter sans la comète ! Une comète d’une grosseur prodigieuse, dont la longue queue balaya le ciel de 1664 pendant quinze jours. Tout le monde était épouvanté et l’on ne pouvait que prévoir de funestes événements.
Pourtant la Fronde s'éloignait, Mazarin était mort depuis trois ans, Fouquet emprisonné. Louis XIV s’affirmant comme monarque absolu, commençait la transformation de Versailles et allait faire  du modeste rendez-vous de chasse de son père, un des plus beaux palais d’Europe. Colbert devenait ministre d’état et surintendant des Bâtiments Royaux, tandis que Louvois était nommé secrétaire d’Etat à la Guerre et Dieu sait qu’il allait avoir à faire. Une révolte contre la gabelle éclatait dans les Landes tandis que chez nous, on apprenait pourquoi monsieur de Majenville, vice-bailly de Chartres n’avait pu porter secours à son ami Saint-Bonnet. Homme d’esprit, fort intelligent, adroit aux armes , bon et intrépide cavalier, apprécié de la Cour, bref, ce parfait homme de qualité était accusé de vol et pire de fabriquer de la fausse monnaie.
Voici comment on découvrit l’affaire.
Monsieur de Majenville avait une servante qui allait à confesse. Le prêtre, dénommé Lair à qui elle confia savoir que son maître trafiquait les monnaies refusa de lui donner l’absolution. Furieuse, elle ne put s’empêcher de s’en plaindre de telle sorte que Majenville apprit que le prêtre était au courant de ses manigances.
Le Vice-Bailly, prenant prétexte que Lair tirait sur ses pigeons et détenait des armes sans autorisation, le fit emprisonner. Et comme un prisonnier peut encore parler, Majenville paya le geôlier pour qu’il assassine en douceur le malheureux prêtre. Mais le pauvre homme avait des amis ; on commença à beaucoup parler, du sort du curé et des raisons pour lesquelles il en était là. Majenville allait employer les grands moyens ; un nuit, alors que toute la ville dormait, il fit enfumer le cachot et Lair mourut asphyxié. Mais avant de trépasser, il eut le temps de dénoncer le vice-bailly et de clamer qu’il mourait pour avoir dit la vérité. Il fut entendu de prisonniers des cellules voisines et d’autres témoins. Le lendemain matin, on le trouva mort, à genoux et serrant son bréviaire. Il eut droit à d’honorables funérailles et quelqu’un sur sa tombe fit mémoire d’une prophétie de Nostradamus qui disait :
En l’an 1664,
Lair sera étouffé en prison de Chartres
Le geôlier assassin fut arrêté, mis aux fers et soumis à la torture il avoua toute l’affaire , après quoi, il fut condamné à être rompu.
Majenville donc, fut découvert et obligé de fuir au plus vite ; sa fausse monnaie circulait un peu partout et l’affaire portée devant le Roi, le monarque le fit poursuivre par le Prévôt fortement escorté. Des barrages furent établis avec ordre de vérifier les identités de tous les voyageurs ; on placarda des affiches avec outre le nom de Majenville, celui de son beau-frère, le Sieur de Sainte-Agnès et d’encore un autre beau-frère. Tous furent pendus en effigie. Peine perdue, on ne revit jamais aucun des trois compères. Ce qui se montra souvent en revanche, ce sont leurs faux louis de trente sols chacun qu’on appela des « Vice-Bailly ».
Si ce vice-bailly avait disparu, on entendit encore parler de lui et pour apprendre d’autres de ses exploits.
Son successeur, un nommé La Louvery arrêta un de ses anciens valets nommé Courville . Torturé et condamné à être rompu vif en place publique à Chartres confessa cette histoire.
Majenville et ses complices avaient attaqué un chariot convoyant de l’argent royal dans a région de Lyon. Le coup fait, le vice-bailly galopa à bride abattue et réussit à arriver à Paris avant le messager de la mauvaise nouvelle. Il était donc à la cour pour entendre le récit de l’échauffourée et c’est à lui, le chef des voleurs, que fut donné l’ordre d’enquêter et de poursuivre les brigands.


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