A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

vendredi 31 mai 2013

Le photo de ... samedi dernier



C'était "Envie de Jardin 2013"  en résumé.


D'autres jardins, d'autres fêtes chez Amartia.

mercredi 29 mai 2013

Ces Messieurs de Saint-Bonnet (fin)

Or donc, Saint-Bonnet était prisonnier, enchaîné, on l’avait vu les menottes aux poignets et pourtant, redouté des uns et aimé des autres, on ne trouvait personne qui voulut témoigner contre lui. Alors le bruit se répandit qu’il refuserait la liberté tant qu’il ne serait pas pleinement justifié ; puis on sut d’autre part qu’on avait payé le déplacement des quelques rares personnes qui, ayant appris son incarcération avait osé déposer contre lui. Ces rumeurs et quelques avis placardés dans les paroisses délièrent les langues ; surtout les mauvaises !
Monsieur de La Palissonnière, avait envoyé à Chartres l’intendant criminel d’Orléans qui reçut les dépositions récoltées par les curés. L’intendant fit savoir par huissier à tous les témoins qu’ils allaient devoir se présenter à la Tour de Chartres pour être confrontés devant lui à l’accusé. Ce fut un beau désordre ; sur les deux cent témoins convoqués, certains persistaient à charger le prisonnier, mais d’autres l’innocentaient ; certains avaient vu, d’autres n’avaient qu’ouï dire. Mais hélas, l’affaire était entendue d’avance. Noël approchait ; alors que le détenu s’apprêtait à entendre la messe de minuit, les archers firent irruption dans son cachot, le saisirent, le ligotèrent sur un cheval pour le conduire à Orléans où il fut mis en cellule.
Bien que prisonnier, on continuait à le redouter ; il avait des amis et on craignait un complot pour le délivrer. Son procès fut bientôt terminé. Condamné à avoir la tête tranchée et exposée à Chartres sur la porte Guillaume, le jour de l’exécution fut fixé au 25 janvier 1666, jour de la Conversion de saint Paul, comme l’annonçaient ces quatre vers :
Le jour de la Conversion de saint Paul,
Saint-Bonnet présenta son col,
Etant monté sur l’échafaud,
Livra sa tête à trois bourreaux.
Car il en fallut trois, tant Saint-Bonnet était encore redouté, tant on craignait toujours un coup de force. A plus de cinquante lieues à la ronde, on parlait du procès et de la condamnation de cet homme qui comptait encore des amis.
Le jour de l’exécution, la garnison d’Orléans était sous les armes ; les portes de la ville étaient fermées et gardées. On fit monter  sur une charrette le condamné, accompagné de deux bons pères. En passant devant l’église Sainte-Catherine, il demanda un arrêt et alla s’agenouiller sur le parvis. Enfin, parvenu à la place où était dressé l’échafaud, il y monta hardiment en saluant l’assistance ; il y avait là, dit la chronique, plus de dix mille personnes. Il refusa d’avoir les yeux bandés et se mit à genoux devant le billot. 
On avait fait venir le bourreau de Paris, celui d’Orléans et celui de Chartres. Trois bourreaux pour un seul condamné… L’un lui lia les mains et les jambes, un autre lui coupa les cheveux et fit signe au troisième qui s’approcha le coutelas à la main pour faire son devoir. Saint-Bonnet, si intrépide qu’il fût,  eut néanmoins un réflexe de frayeur qui fit dévier le coup ; l’exécuteur lui coupa la moitié du menton. Saint-Bonnet sous la douleur tenta de se relever et rompit les cordes qui lui liaient les jambes. Il s’en fallut de peu qu’il ne tombât de l’échafaud ; un des bourreaux le rattrapa par une jambe et le remit en place ; l’autre l’empoigna par les cheveux tandis que le troisième achevait de lui trancher le cou. Cette boucherie terminée, le bourreau de Chartres prit la tête, la mit dans un sac pour la rapporter dans sa ville. Au bout d’une pique, la tête du malheureux Saint-Bonnet fut plantée à la tour Guillaume où elle resta pourrir deux ans, avant de tomber dans les fossés de la ville.

Ainsi périt Monsieur de Saint-Bonnet l’aîné, le dernier de ses frères, les plus nobles, les plus estimés gentilshommes d’un pays où l’on se souvenait encore de leur grand-père, Grand Ecuyer de France, tué à la bataille de Dreux. On pouvait voir encore à cette époque son effigie dans la chapelle Saint-Crépin en l’église Saint-Pierre de Dreux.
Le corps de Monsieur de Saint-Bonnet fut inhumé en l’église Saint-Paul à Orléans en présence de toute la noblesse de la ville.
Longtemps après ces évènements on regrettait l’infortuné gentilhomme dont on continuait à louer  la vaillance et l’adresse. Sa renommée dépassait la province et on disait de lui qu’il était la meilleure épée de France. Et la légende nous est parvenue d’un homme dont aucun adversaire n’était venu à bout, bon cavalier, adroit aux armes, généreux et à qui  la grâce fut donnée de mourir en bon chrétien.


dimanche 26 mai 2013

Ces Messieurs de Saint-Bonnet (8)



Voilà donc la raison pour laquelle le vice-bailly, ayant bien trop à faire pour s’aider lui-même, n’avait été d’aucun secours pour son ami Saint Bonnet, le seul des frères, si l’on excepte ceux qui étaient religieux, à rester en vie.
Il s’était depuis, établi à la Gouffrie sur la paroisse de Saint Martin de Lezeau. Fidèle à ses habitudes, il ne pût faire autrement que se mettre en délicatesse avec le curé qui le prit en aversion et alla s’en plaindre au maréchal de La Ferté qui résidait alors à La Loupe. Il en dit tant et tant de faux plus que de vrai, que le Maréchal convoqua Saint Bonnet en ces termes : « Nous, Maréchaux de France, commandons au sieur de Saint-Bonnet de nous venir trouver en notre château de La Loupe, demain matin. » et c’était signé Maréchal de La Ferté.
Saint Bonnet obtempéra et se fit vertement tancer :
-« Par corbleu, Saint-Bonnet, vous ferez toujours le méchant ; que je vous dise en quatre paroles ce qu’il en est : premièrement, vous n’allez pas à la messe ; secondement, vous avez manqué votre curé d’un coup de carabine comme il portait le sacrement à un malade ; troisièmement vous fâchez tout le monde ; en quatrième lieux vous faites les grains de tous les particuliers à vos chevaux … Prenez garde ! je vous mettrai quatre prévôts après les fesses, qui vous attraperons bientôt ! »
L’imprudent Saint-Bonnet répondit : « Monseigneur, s’il y a une de ces choses de véritable, je ne veux pas être pendu, mais je veux être rompu vif ! Il est vrai que je ne vais point à la messe de mon curé, mais j’y vais à Maillebois ; secondement, je ne porte point de carabine et qui plus est il n’y a pas de malade dans ma paroisse ; troisièmement, il n’y a personne qui se plaigne de moi dans le pays. Mais Monseigneur, faites s’il vous plaît informer sur toutes ces choses, et vous verrez qu’il n’a pas dit une seule parole véritable ! »
Le Maréchal à demi convaincu congédia Saint-Bonnet avec cet avertissement : « Adieu Saint-Bonnet, gouvernez-vous bien et prenez garde à vous ! »
Alors qu’il s’en retournait, Saint- Bonnet rencontra un de ses amis, l’abbé de Fonteny qui était l’aumônier du Maréchal. Il lui confia ses déboires ; l’abbé le rassura en lui disant que La Ferté avait bien d’autres soucis et plus graves et qu’il se faisait fort de l’apaiser. Saint Bonnet selon lui n’avait rien à redouter. Du temps passa et n’entendant plus parler de rien, Saint-Bonnet rentré à la Gouffrie  oublia toute l’affaire.
Mais le curé de Saint-Martin, lui, n’oubliait rien et voyant le Maréchal faire si peu de cas de ses griefs, il s’en fut jusqu’à Orléans trouver l’Intendant du moment, Monsieur de la Palissonnière. Il lui raconta à sa mode la vie des Saint-Bonnet en n’omettant aucune des calomnies aucun des mensonges qui se colportaient à leur sujet, les siens tous les premiers. L’intendant lui accorda foi et ordonna au nouveau Vice-Bailly de Chartres d’arrêter le trublion. Aussi le 17 juillet 1665, le Vice-Bailly entouré d’une forte escorte vint s’embusquer dans les bois de Saint-Vincent escomptant que Saint-Bonnet ne manquerait pas de passer par là et qu’il le prendrait sans coup férir. Il avait avec lui vingt-deux archers, mais aucun, le jour où Saint-Bonnet traversa le bois n’osa l’approcher tant sa réputation de hardi cavalier, d’agilité et d’adresse aux armes les terrifiait. Pendant plusieurs jour, Saint-Bonnet battit tranquillement la campagne tant ces braves craignaient pour leur peau. Le temps passait ; finalement, le Vice-Bailly et ses archers résolurent d’attendre la nuit et d’aller se cacher dans la grange du curé de Saint-Martin. C’était un vendredi ; ils y passèrent la journée et la nuit du lendemain. Le  dimanche au matin, Monsieur de Saint-Bonnet, pour se conformer aux recommandations du Maréchal, vint entendre la messe à Saint-Martin. Mal lui en prit ; un homme du Vice-Bailly placé là en espion le vit entrer et courut à la grange pour avertir la  troupe qui fit irruption dans l’église. Saint Bonnet n’avait pour armes que son épée et un fusil. Le jeune de La Hillière, son neveu l’accompagnait. Au milieu de l’office, et à deux contre plus de vingt, ils n’avaient aucune chance. Ils durent se rendre ; on prit les cordes des cloches de l’église pour les garrotter, puis on les traîna jusqu’ à la Gouffrie. Là, on jucha Saint Bonnet sur un de ses chevaux et dans cet équipage, il fut conduit et emprisonné à Chartres où on le laissa croupir. On fit de cet épisode une chanson avec ces quatre vers pour refrain :

Le dix- neuvième de juillet
Un dimanche de grand matin
Fut pris le sieur de Saint-Bonnet
Dans l’église de Saint Martin.

vendredi 24 mai 2013

mercredi 22 mai 2013

Lire et relire bureau/souvenirs/vrac


Dan BROWN - Le Symbole perdu-

On a le droit de temps à autre, de lire une bonne grosse daube dans laquelle on apprend entre autres, que le Yi-King et les tarots sont des méthodes divinatoires.
En ce qui me concerne, les tarots évoquent un jeu  qui fit ma joie pendant de longues soirées d'hiver rustiques. J'aime ces longues et fortes cartes aux images plus fouillées que celles des traditionnelles 32 de la belote . Et de même qu'à la belote je jouais au mépris de toutes les règles pour le seule bonheur de pouvoir annoncer:"Belote, rebelote et dix de der!", au tarots mon but ultime était "d'emmener le Petit au bout". Ces plaisirs sémantiques firent de moi une calamité pour les partenaires auxquels j'étais attribuée. Bien évidemment, je sais qu'existent le Tarot de Marseille et le Jeu de Mlle Lhéritier; mais s'il en est de la divination par les tarots comme pour le Yi-King, alors là, tel  le soleil à l'horizon des champs voisins, le doute s'élève, flamboyant et majestueux, salué par les aboiements respectueux de mes chiennes.
Le Yi-King ne prédit pas l'avenir; il vous informe simplement de ce qui risque d'arriver dans telle ou telle conjoncture, si on fait fi de ses avis. Et là, croyez-en mon expérience, ça rigole pas! 
Tout ça pour dire que, si dans le Symbole Perdu, les "révélations" concernant les Francs-Maçons sont de la même exactitude, ne vous en servez pas pour briller dans les dîners en ville. Il pourrait s'y trouver un "frère" pour vous rabattre le caquet.
A part ça, si vous pouvez dépasser le mépris pour la grammaire , la syntaxe et le "beau français" du traducteur, si clichés et lieux communs ne vous dérangent pas... il reste une promenade autour des monuments de Washington, une intrigue assez bien ficelée, un certain suspens, au moins jusqu'aux deux tiers du bouquin. A partir de là, on peut se demander si l'auteur comme autrefois Eugène Sue ou Alexandre Dumas, ne serait pas ,par hasard, payé à la page.

dimanche 19 mai 2013

Ces Messieurs de Saint Bonnet (7)


C’était compter sans la comète ! Une comète d’une grosseur prodigieuse, dont la longue queue balaya le ciel de 1664 pendant quinze jours. Tout le monde était épouvanté et l’on ne pouvait que prévoir de funestes événements.
Pourtant la Fronde s'éloignait, Mazarin était mort depuis trois ans, Fouquet emprisonné. Louis XIV s’affirmant comme monarque absolu, commençait la transformation de Versailles et allait faire  du modeste rendez-vous de chasse de son père, un des plus beaux palais d’Europe. Colbert devenait ministre d’état et surintendant des Bâtiments Royaux, tandis que Louvois était nommé secrétaire d’Etat à la Guerre et Dieu sait qu’il allait avoir à faire. Une révolte contre la gabelle éclatait dans les Landes tandis que chez nous, on apprenait pourquoi monsieur de Majenville, vice-bailly de Chartres n’avait pu porter secours à son ami Saint-Bonnet. Homme d’esprit, fort intelligent, adroit aux armes , bon et intrépide cavalier, apprécié de la Cour, bref, ce parfait homme de qualité était accusé de vol et pire de fabriquer de la fausse monnaie.
Voici comment on découvrit l’affaire.
Monsieur de Majenville avait une servante qui allait à confesse. Le prêtre, dénommé Lair à qui elle confia savoir que son maître trafiquait les monnaies refusa de lui donner l’absolution. Furieuse, elle ne put s’empêcher de s’en plaindre de telle sorte que Majenville apprit que le prêtre était au courant de ses manigances.
Le Vice-Bailly, prenant prétexte que Lair tirait sur ses pigeons et détenait des armes sans autorisation, le fit emprisonner. Et comme un prisonnier peut encore parler, Majenville paya le geôlier pour qu’il assassine en douceur le malheureux prêtre. Mais le pauvre homme avait des amis ; on commença à beaucoup parler, du sort du curé et des raisons pour lesquelles il en était là. Majenville allait employer les grands moyens ; un nuit, alors que toute la ville dormait, il fit enfumer le cachot et Lair mourut asphyxié. Mais avant de trépasser, il eut le temps de dénoncer le vice-bailly et de clamer qu’il mourait pour avoir dit la vérité. Il fut entendu de prisonniers des cellules voisines et d’autres témoins. Le lendemain matin, on le trouva mort, à genoux et serrant son bréviaire. Il eut droit à d’honorables funérailles et quelqu’un sur sa tombe fit mémoire d’une prophétie de Nostradamus qui disait :
En l’an 1664,
Lair sera étouffé en prison de Chartres
Le geôlier assassin fut arrêté, mis aux fers et soumis à la torture il avoua toute l’affaire , après quoi, il fut condamné à être rompu.
Majenville donc, fut découvert et obligé de fuir au plus vite ; sa fausse monnaie circulait un peu partout et l’affaire portée devant le Roi, le monarque le fit poursuivre par le Prévôt fortement escorté. Des barrages furent établis avec ordre de vérifier les identités de tous les voyageurs ; on placarda des affiches avec outre le nom de Majenville, celui de son beau-frère, le Sieur de Sainte-Agnès et d’encore un autre beau-frère. Tous furent pendus en effigie. Peine perdue, on ne revit jamais aucun des trois compères. Ce qui se montra souvent en revanche, ce sont leurs faux louis de trente sols chacun qu’on appela des « Vice-Bailly ».
Si ce vice-bailly avait disparu, on entendit encore parler de lui et pour apprendre d’autres de ses exploits.
Son successeur, un nommé La Louvery arrêta un de ses anciens valets nommé Courville . Torturé et condamné à être rompu vif en place publique à Chartres confessa cette histoire.
Majenville et ses complices avaient attaqué un chariot convoyant de l’argent royal dans a région de Lyon. Le coup fait, le vice-bailly galopa à bride abattue et réussit à arriver à Paris avant le messager de la mauvaise nouvelle. Il était donc à la cour pour entendre le récit de l’échauffourée et c’est à lui, le chef des voleurs, que fut donné l’ordre d’enquêter et de poursuivre les brigands.


samedi 18 mai 2013

Le bouquet du samedi


D'autres bouquets, d'autres fleurs, d'autres images chez AMARTIA

jeudi 16 mai 2013

On a retrouvé le squelette de Henri IV




En effet le "Bon Roi Henri " affirmait que:  "jusqu'à 40 ans, j'ai cru que c'était un os!"

mercredi 15 mai 2013

Ces Messieurs de Saint Bonnet (6)


Montreuil sûr de lui, les mains aux hanches s’avança dans la cour prétendant parvenir à amener La Noë et les siens à se rendre : mal lui en prit. La Noë retranché dans le grenier, visant par un trou du toit, d’un seul coup de pistolet resté fameux, cassa la tête de Montreuil, le bras d’un sieur Defern et creva l’œil d’un troisième.
Chateaudacier, quand on vint lui apprendre la mort de Monsieur de Monteuil entra dans une rage folle que l’épouse de Pronsac ne contribua guère à calmer. « J’en suis bien aise ! » dit-elle en entendant le messager. Chateaudacier lança une bordée de jurons et lui répliqua :  « Mon neveu et mort et ton mari va y passer ! » Là-dessus, il s’empare d’un pistolet et le décharge dans la tête du malheureux Pronsac toujours lié et garrotté dans une chambre voisine.
Pronsac liquidé, le tour de La Noë était venu. Retranché sous les toits dont plus une tuile n’était entière, il était devenu une cible facile. Il ne trouva pour bouclier qu’une sorte de grand plat d’étain ; un seul coup en vint à bout.
Comme il ne tirait plus ni ne se montrait, les assaillant s’enhardirent, cassèrent les portes et mirent la maison à feu et à sang. Seuls réchappèrent un nommé Vaugrain et un nommé Lejouffac, qui parvinrent à s’enfuir.
Un certain Dumoulin se laissa tuer comme un crapaud, sans se défendre ; les frères Duprez, Lafleur, cuisinier de monsieur de Manou et un nommé Lalandre, restèrent sur le terrain. On entassa les corps avec ceux de la Noë et Pronsac dans une charrette. Ils furent conduits à Dreux puis à Paris où on les enterra au cimetière des Innocents.
Après qu’ils eurent fini de ramasser les morts, force fut aux conjurés de constater que l’affaire pour eux n’était pas terminée : Saint Bonnet l’aîné courait toujours et allait certainement chercher à venger ses frères.
Le maréchal de Senneterre désireux de remettre un peu d’ordre dans la pays et ayant appris que Saint Bonnet était parti aux trousses de Chateaudacier, réfugié à Marville, se rendit sur place pour tenter une médiation. Il présenta d’abord ses condoléances à Saint Bonnet et lui demanda de tourner la page ; continuer la lutte ne lui rendrait pas ses frères. Saint Bonnet lui représenta la douleur où il était d’avoir les avoir perdu si brutalement, l’un au gué des Graviers et l’autre froidement exécuté par Chateaudacier. Senneterre alors, prit l’engagement d’obliger ses adversaires à le laisser en paix, si lui-même faisait un geste de conciliation. Seul désormais, il ne pouvait qu’accepter ; on fit alors sortir Chateaudacier de la chambre où il s’était calfeutré. Les deux adversaires se donnèrent l’accolade et on put espérer que l’affaire terminée, le pays allait retrouver un peu de calme.



lundi 13 mai 2013

Ces Messieurs de Saint-Bonnet (5)


Vous trouverez les premiers épisodes, colonne de droite, rubrique "Quelle Histoire", libellé Saint-Bonnet.

Donc à Blévy, le manoir des Saint-Bonnet était en état de siège. Monsieur le maréchal de Senneterre fit amener deux pièces de canon ce qui épouvanta les assiégés. Mr de Pronsac voyant cela perdit courage ; seul le chevalier de la Noë semblait continuer à vouloir à se défendre comme un diable. Cependant, profitant de l’abattement de Pronsac déconcerté, il prit conseil des autres assiégés. Ils s’entendirent pour soint livrer Pronsac, soit le jeter par la fenêtre. Mme de Pronsac qui les avait entendus dit à son mari prostré , la tête entre les mains :
-« Mon mari, le chevalier de la Noë conspire votre mort ; rendez vous et faites confiance en la justice du Roi »
Pronsac se rendit à son avis et sortit avec elle, sa sœur, sa belle-sœur et ses enfants dont un qu’il portait dans ses bras. A peine dehors, il fut lié et garrotté comme un criminel et emprisonné dans la maison d’une demoiselle Fons. Quatre hommes furent postés pour le garder et les autres continuèrent le siège.
Tout ceci n’était que fourberie. Bien avant que Pronsac n’envisage de se rendre, les assiégeants voyant qu’ils allaient manquer de poudre et de boulets avaient offert à La Noë la vie sauve pour lui et ses pairs s’il livrait Pronsac.
Aussi, une fois Pronsac hors de combat, La Noë leur dit :
-«  Hé bien ! Messieurs, vous avez Pronsac ; tenez votre parole ! »
Ils refusèrent au motif que l’un d’entre eux, Boisclair n’était pas d’accord. Il avait ses raisons : La Noë lui avait enlevé sa femme ! Aussi dès le début de l’échauffourée, il avait offert au président de Dreux, à Chateaudacier et aux autres conjurés 3000 livres pour que La Noë soit tué au cours de l’affaire
Ulcéré La Noë se barricada dans le manoir et aidé des valets qui restaient se mit à tirer sur les assiégeants. Comme ces derniers étaient  à cours de munitions, ils mirent le feu à la grange, aux bergeries, aux écuries, dans tous les corps de bâtiment à l’exception de ceux où ils étaient retranchés à l’abri des coups d’arquebuse.
La Noë bien muni de poudre, de plomb et de vivres pouvait tenir un bon moment.
Il fallait pour en venir à bout donner l’assaut et parvenir au logis principal. A coup de pics, de houes et de tous les instruments qui leur tombaient sous la main, les assaillants ouvrirent un brèche dans la muraille.

samedi 11 mai 2013

Le Chat sur un toit pas trop chaud


Pour une fois, ce n'est pas moi qui ai pris la photo; je vous présente un des chats de mon frère surpris par son papa...




jeudi 9 mai 2013

Ces Messieurs de Saint-Bonnet (4)


Pendant l’échauffourée, Monsieur de Saint-Bonnet l’aîné se trouvait à Maillebois. Un gentilhomme de ses amis vint l’avertir qu’un de ses frères était tombé au gué des Graviers et que l’autre était en fuite. Il sauta à cheval et, suivi de son valet Lachapelle, partit au galop en direction de

Blévy. Avant d’arriver à son manoir, il se retourna et vit six cavaliers lancés à sa poursuite ; il obliqua et prit la fuite en direction de Chateauneuf, sans parvenir à semer ses poursuivants. Arrivé près d’Hauterive, il ordonna à son valet de faire volte-face.
Les assaillants, se virent face à deux hommes résolus et armés de mousquets. Ils connaissaient l’adresse et la bravoure proverbiales de Saint-Bonnet, aussi jugèrent-ils plus prudent de faire demi-tour et de les laisser gagner la forêt.
Cependant les conjurés constataient que leur projet d’assassiner les trois frères ne se déroulait pas comme prévu. Deux restaient qui allaient certainement chercher à venger la Hillière, celui qui était tombé au gué des Graviers. Ils les savaient trop forts et trop adroits pour espérer les vaincre s’ils n’étaient pas en nombre, aussi résolurent-ils de ne les affronter que  groupés.
Pourtant, une dizaine de jours plus tard, l’un d’entre eux, un  fils de Monsieur de La Chaussée, eut affaire au Rouvray. Les Saint- Bonnet qui le guettaient, le poursuivirent et lui donnèrent bien de l’épouvante. Il avait un bon cheval, aussi parvint-il à s’enfuir et à sauver sa vie. Mais l’aventure servit de leçon aux autres qui plus que jamais se jurèrent de ne pas se séparer.
Monsieur de Saint-Bonnet, son frère Pronsac et le chevalier de la Noë, pour leur part se préparaient à tenir bon, retranchés dans leur maison de Blévy.
 Montreuil, qui était cornette dans un régiment de cavalerie, partit un vendredi chercher du renfort dans la garnison proche, pour venir soutenir les assiégeants. Voyant arriver la troupe,  les gentilshommes des alentours surgirent en nombre et de tous côtés. Ils étaient bien trois cent pour assiéger huit hommes, maîtres et valets confondus, retranchés dans la maison Saint-Bonnet.
Saint-Bonnet l’aîné, qui avait plus d’esprit et de conduite que les autres, avait pu sortir  discrètement et gagner Manou, près de Belhomert où il avait pour ami Monsieur de Majenville, vice-bailly de Chartres. Il espérait avec son aide, faire lever le siège de sa maison et délivrer son frère et le chevalier de la Noë.
Saint-Bonnet et Majenville réunirent près de deux cents hommes. Ils se mettaient en route pour Blévy, quand un ordre intervint interdisant au vice-bailly de se mêler de cette affaire qui empêchait la levée des deniers du Roi. La troupe dut se disperser. Il faut dire que Saint-Bonnet, avait mal choisi son allié ; Majenville entamait un période de disgrâce qui le conduirait moins d’un an plus tard à de graves accusations, dont celle de faire de la fausse monnaie… mais ceci est une autre histoire.

mardi 7 mai 2013

Ces Messieurs De Saint -Bonnet (3)



Les Saint-Bonnet, fêtards et bons garçons, mais hâbleurs, outrecuidants, tapageurs en un mot, ne comptaient pas que des amis dans leur paroisse et celles des environs.
Or, il arriva, -c’était en 1662 dit la chronique-,  Monsieur de Saint-Bonnet l’aîné étant absent, que ses deux frères plus jeunes,  messieurs de Pronsac et de la Hillière, étaient réunis chez leur ami, le chevalier de la Noë. On les avertit qu’un parti d’environ quarante gentilshommes étaient rassemblés à Fontaine les Ribouts, chez le sieur Chateaudacier, dans la ferme intention d’en découdre avec ces messieurs et de les envoyer rejoindre ceux, parfois de leur parentèle, qui, à leur contact, avaient été frappés de « mort subite ».
Un des fils du chevalier de la Noë, Monsieur de Montreuil, s’était rangé aux côtés des conjurés ; il se mit en embuscade à Blévy, près de la maison des Saint Bonnet. Les autres prirent le chemin du manoir de la Noë, qui était situé un peu avant le village, sur la route de Dreux
Monsieur de Pronsac comprit aussitôt que son adresse et sa vaillance ne pourraient rien contre le nombre.  Son cheval et celui de son frère étaient des meilleurs de leur écurie qui était une des meilleures de la région.
-« A cheval, mon frère, dit-il à la Hillière, c’est notre seule chance ! »
Leur adresse et leur fougue les aidèrent à forcer le passage tenu par Mr de Montreuil  à l’entrée de Blévy.
 Cependant le reste des assaillants tenaient toutes les rues du village. Il ne leur restait qu’une issue non gardée car pratiquement infranchissable : le gué du Moulin des Graviers sur la Blaise et la côte presque à pic qui se trouvait derrière. Pronsac passa le gué sans encombre, mais le cheval de La Hillière, affolé sans doute par les coups de mousquet regimba et se démena tant que son cavalier tomba à l’eau.
Les poursuivants, rejoints par ceux qui venaient de Fontaine ne lui laissèrent aucune chance. L’infortuné, criblé de balles perdit la vie au milieu du gué.
Pendant ce temps, Pronsac avait réussi l’exploit de faire gravir la côte à son cheval, espérant de là gagner la plaine. Mais arrivé en haut, des hommes l’attendaient ; il demanda quartier ; il lui fut refusé. Alors, d’un habile coup d’éperon, il fit cabrer et pirouetter son cheval. Les sabots menaçants lui ouvrirent un passage. Sous l’affolante pétarade des mousquets, cheval et cavalier prirent  la plaine au grand galop en direction de Jaudrais et disparurent à l’horizon.




samedi 4 mai 2013

Blévy


Quelques vues de Blévy où ont sévi "Ces Messieurs de Saint Bonnet". Le portail rouge est celui de ce qui fut leur manoir; près du lavoir, c'est le gué où le premier d'entre eux a perdu la vie. La maison à colombages date du XVI° siècle, comme l'église qu'a peint Utrillo... d'après carte postale, il n'est jamais venu ici. Le petit oratoire se nomme une "mariette". Il faudra qu'un jour je vous parle de ces "mariettes"...


vendredi 3 mai 2013

Araignée du plafond



 
Pour ceux qui ont peur des araignées, ouvrir avec précautions... car celle qui court sur l'écran, on la croirait vivante... Ouvrez le site ci-dessous et vous  aurez une surprise. Lisez les instructions ci-dessous d'abord...
(1) Attrapez l'araignée avec la souris et amenez la oùvous voulez, aussi vous pouvez la tenir par une de ses pattes et la tirer n'importe où sur l'écran. Dites moi que cette araignée n'est pas vivante !!!
(2) Placez la souris n'importe où sur la carte et appuiez sur la barre d'espace, un petit insecte sera posé. Regardez l'araignée aller manger ces insectes qui disparaissent (en présence de plusieurs insectes elle commence par le plus rapproché)!!! (Vous pouvez aussi donner des insectes à manger par double clic)…