A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

dimanche 27 janvier 2013

ARISTIDE BOUCICAUT



« Comment, se demandait Aristide Boucicaut, tirer encore quelque argent d’une clientèle déjà bien essorée par les fêtes de fin d’année ? »
Et, tel la mère de Blanche-Neige, Aristide à sa fenêtre, regardait le paysage s’emmitoufler de blancs flocons : blancs les toits, blancs les arbres, blancs les trottoirs recouverts d’une nappe blanche, d’un drap….BLANC ! La voilà,  l’idée ! Une exposition de linge blanc ! C’est ce dont ont besoin les ménagères en cette fin de janvier. On a reçu, dîné, nappes et draps ont servi et la lessive en hiver, au milieu du XIX° siècle n’est pas une mince affaire. Les plus fortunées n’hésiteront pas à renouveler leur trousseau. Et il avait bien raison ce fils d’un chapelier percheron !
Est-ce parce qu’il est né un jour de fête, un 14 juillet 1810, que la chance l’a toujours accompagné ? La chance,  mais aussi le travail et le goût de l’innovation.
Il a 18 ans quand il quitte Bellême et la boutique paternelle, lesté d’un stock de casquettes mal vendues, sur les pas d’un marchand d’étoffes ambulant. Aristide « monte » à Paris.
Un an plus tard, le magasin « Au Petit Saint Thomas » rue du Bac, recherche un vendeur ; Aristide se présente, est engagé et ne tarde pas à devenir chef de rayon.
Une des vendeuses est bourguignonne ; elle sait à peine lire mais elle plaît à la clientèle tout comme à son chef de rayon : en 1836, Aristide Boucicaut épouse Marguerite Guérin.
On connaît dans le quartier les talents commerciaux du couple Boucicaut.
Paul Videau, possède un magasin situé à l’angle de la rue de Sèvres et  de  la rue du Bac : le Bon Marché. En 1852, il prend Boucicaut comme associé. Ils resteront ensemble onze années au bout desquelles après avoir décuplé le chiffre d’affaires, Aristide rachètera les parts de Paul Videau.
Entre temps, notre entreprenant calicot a visité l’Exposition Universelle. Les pavillons, répartis sur une vaste étendue, sont variés, attirent l’œil, l’envie de visiter ; Aristide va d’un stand à l’autre et finit par se perdre. Ce qui lui donne une idée.
Au Bon Marché désormais, fini les comptoirs sagement alignés qui séparent les clientes de la marchandise. Chaque article sera exposé sur des rayons,  répartis autour d’allées où l’acheteur pourra se promener au gré de sa fantaisie. Et s’il se perd, ce sera pour les employés l’occasion d’entrer en relation, sans avoir l’air de vouloir vendre.
Car autre innovation : l’entrée est libre. La clientèle peut entrer et sortir sans acheter. Boucicaut réduit ses marges pour pratiquer des prix plus bas qu’il baisse encore à intervalles réguliers : ce sont les soldes qui permettent d’accélérer la rotation du stock. De plus les prix, qui se pratiquaient souvent « à la tête du client » sont, désormais,  chez lui, fixes et affichés. On peut même échanger un article qui, à la réflexion, ne convient pas.
L’exposition de « blanc » ayant marché, il en fera d’autres,  marquant chaque saison d’une nouvelle proposition d’achat.  C’est lui aussi qui, en 1856, édite le premier catalogue de vente par correspondance.
Parti d’un magasin abritant quatre rayons et employant 12 vendeurs, il fait en 1869 construire par Eiffel le plus grand magasin du monde (de ce temps) qui fera travailler 1788 employés dont le salaire sera augmenté de commissions sur les ventes.
Ce Palais du Roi Aristide aura plusieurs étages auxquels on accèdera par des ascenseurs.
De ses bureaux, Boucicaut invente le commerce moderne : livraisons à domicile, buffets et journaux gratuits, distributions de ballons aux enfants, publicité, affiches, catalogues, vitrines, animations…
Les USA le prennent en exemple et d’anciens employés du Bon Marché ouvrent à Paris des magasins concurrents :Jules Jaluzot fonde le Printemps et Marie-Louise Jay, la Samaritaine.
A sa mort en 1877, sa femme lui succède et continue les innovations, cette fois en faveur du personnel auquel elle offre une caisse de prévoyance, des cours de musique et de langues étrangères.
L’histoire du  fils du chapelier de Bellême devenu roi du commerce parisien, n’est-elle  pas un beau sujet de roman ? Cela n’échappera pas à Emile Zola qui fera d’Aristide Boucicaut l’Octave Mouret du « Bonheur des Dames »

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2 commentaires:

solveig a dit…

Le bonheur des dames était donc d'aller dépenser dans les boutiques l'argent gagné durement gagné à la sueur du front de leur mari ... quelle époque !

Michel Turquin a dit…

Ah! La bonheur des dames! Zola, je pense avoir tout lu ,et ce, grâce à ma mère qui en était fan.
Bon dimanche.
M