A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

lundi 31 octobre 2011

dimanche 30 octobre 2011

-LES LETTRES D'AMOUR-


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A la Saint-Luc, la pluie du vallon,
Fait de la neige sur le mont.




D'abord les lettres sont longues, vives, multipliées; le jour n'y suffit pas: on écrit au coucher du soleil; on trace quelques mots au clair de lune, chargeant sa lumière chaste, silencieuse, discrète, de couvrir de sa pudeur mille désirs. On s'est quitté à l'aube; à l'aube on épie la première clarté pour écrire ce que l'on croit avoir oublié de dire dans des heures de délices. Mille serments couvrent le papier, où se reflètent les roses de l'aurore; mille baisers sont déposés sur les mots qui semblent naître du premier regard du soleil: pas une idée, une image, une rêverie, un accident, une inquiétude qui n'ait sa lettre. 
Voici qu'un matin quelque chose de presque insensible se glisse sur la beauté de cette passion comme une première ride sur le front d'une femme adorée. Le souffle et le parfum de l'amour expirent dans ces pages de la jeunesse, comme une brise le soir s'endort sur des fleurs; on s'en aperçoit, et l'on ne veut pas se l'avouer. Les lettres s'abrègent, diminuent en nombre, se remplissent de nouvelles, de descriptions, de choses étrangères; quelques-unes ont retardé, mais on est moins inquiet; sûr d'aimer et d'être aimé, on est devenu raisonnable; on ne gronde plus, on se soumet à l'absence. Les serments vont toujours leur train; ce sont les mêmes mots, mais ils sont morts; l'âme y manque; je vous aime n'est plus qu'une expression d'habitude, un protocole obligé, le j'ai l'honneur d'être de toute lettre d'amour. Peu à peu, le style se glace ou s'irrite; le jour de poste n'est plus impatiemment attendu; il est redouté; écrire devient une fatigue. On rougit en pensée des folies que l'on a confiées au papier; on voudrait pouvoir retirer ses lettres et les jeter au feu. Qu'est-il survenu? Est-ce un nouvel attachement qui commence ou un vieil attachement qui finit? N'importe: c'est l'amour qui meurt avant l'objet aimé. On est obligé de reconnaître que les sentiments de l'homme sont exposés à l'effet d'un travail caché; fièvre du temps qui produit la lassitude, dissipe l'illusion, fane nos amours et change nos coeurs, comme elle change nos cheveux et nos années. Cependant il est une exception à cette infirmité des choses humaines; il arrive quelquefois que dans une âme assez forte un amour dure assez pour se transformer en amitié passionnée, pour devenir un devoir, pour prendre les qualités de la vertu; alors il perd sa défaillance de nature et vit de ses principes immortels.

CHATEAUBRIAND

Que de mots magiques,  pour décrire somme toute une bien triste  aventure.
Mais que j'aime le dernière phrase ... parce qu'elle est vraie et parce que surtout, quand l'amour s'en va , il faut faire en sorte qu'elle devienne vraie...
P.

samedi 29 octobre 2011

Le dernier....


...terminé hier au soir,  en versant une larme de plus sur le destin de Marylin.... qui si elle s'était occupé les mains au lieu de rien foutre en ruminant, aurait peut-être oublié de s'imbiber d'alcool en ingurgitant des saloperies... Comme quoi s'apitoyer sur ses malheurs en oubliant de regarder ce que la vie nous donne en compensation ne mène pas loin...
Or, donc... vive les petits bouts de laine aussi multicolores que les fleurs du jardin... dont je vais vous monter une image plus loin et plus tard, il fait encore un peu gris pour la photo

jeudi 27 octobre 2011

Rubrique scientifique: les grands hommes

ARCHIMEDE
C'est, par un heureux concours de circonstances, en prenant son bain que le grand savant Archimède (287-212) découvrit l'immortel principe qui porte son nom et grâce auquel les bateaux peuvent flotter sur l'eau. Si, par un concours de circonstances encore plus heureux, Archimède avait à ce moment pété dans son bain, il aurait découvert du même coup le principe du moteur à réaction et la marine aurait connu des progrès plus rapides. Enfin, c'est déjà pas mal comme ça.

CAVANNA - Almanach 1985-


mercredi 26 octobre 2011

Bon appétit


Quelle saveur a la chair humaine ?

Cela s’est passé à la fin du mois d’août et rares sont ceux qui en ont parlé en France. Une campagne publicitaire diffusée en Allemagne à la télévision et dans la presse annonçait l’ouverture à Berlin d’un restaurant assez unique en son genre. Un restaurant où l’on aurait servi des plats à base de chair humaine. On appelait les volontaires à passer sur la table… d’opération pour donner un peu d’eux-mêmes. Tollé monumental. Bien sûr, il s’agissait d’un canular, mis sur pied par des végétariens pour dénoncer la consommation de viande animale. Leur communiqué explique, dans un rapprochement fracassant, que “manger de la viande, c’est comme consommer des gens”, une assertion qui part du principe que les aliments donnés aux animaux seraient mieux utilisés à nourrir les affamés.
Si l’on met de côté le tabou du cannibalisme, bien plus fort que tous les interdits alimentaires dictés par les religions, ce fait divers incite à se poser une question (au choix : une question de curieux, de journaliste en mal d’audience ou de détraqué) : quel goût a la chair humaine ? C’est ce qu’a fait Martin Robbins dans le blog qu’il tient pour The Guardian. Et bien que les exemples d’anthropophagie soient nombreux, les informations précises sur la saveur de la viande taboue ne courent ni les rues ni les articles scientifiques. A défaut d’avoir sous la main le docteur Lecter, le célèbre “Hannibal le Cannibale” du Silence des agneaux, à la fois chercheur et cuisinier spécialisé dans le ragoût d’homme, Martin Robbins a fouillé dans les récits d’autres tueurs en série.
Le premier et l’un des plus célèbres d’entre eux est l’Allemand Armin Meiwes, connu sous le surnom de “Cannibale de Rotenburg”, qui avait passé des annonces où il déclarait chercher un volontaire désirant être mangé. Il en trouva facilement un, qui vint se faire dévorer chez lui en mars 2001. Lors d’une interview donnée en 2007, Armin Meiwes, condamné à la prison à vie, expliqua comment il avait préparé son steak d’ingénieur, qu’il l’avait trouvée un peu dur et que la viande “avait un goût de porc, en un peu plus amer, plus fort”.Evidemment, étant donné la personnalité très particulière du sujet, il est difficile de lui faire confiance à 100 %. Le rapprochement avec la viande de porc prend un peu plus de consistance avec les histoires, tout aussi réelles et horribles, du Polonais Karl Denke et de l’Allemand Fritz Haarmann, deux personnages dignes du film Delicatessen, de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, ou des Bouchers Verts, du Danois Anders-Thomas Jensen. Ces deux hommes ont vécu dans les années 1920 et tué des dizaines de personnes, dont ils revendaient la viande au marché en la faisant passer pour du porc.
Il y aurait de bonnes raisons, scientifiquement parlant, pour que l’homme ait un goût de porc… Le cochon est en effet considéré comme un bon analogue, sur le plan physique et physiologique, d’Homo sapiens : un mammifère pas trop gros qui mange de tout. Les organes internes des deux espèces font à peu près la même taille. Je me souviens d’ailleurs qu’un médecin de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, à Rosny-sous-Bois, m’avait expliqué que les travaux sur la décomposition – très utiles pour dater les crimes lorsqu’on retrouve les cadavres tardivement – se faisaient principalement sur des cochons (il existe un centre au monde, où ces recherches sont menées sur des corps humains, maisc’est une autre histoire, que j’ai racontée dans Le Monde il y a dix ans).
L’homme a un goût de cochon, emballé c’est pesé ? Pas si vite. Tout le monde n’est pas d’accord. A commencer par un autre assassin anthropophage, Nicolas Cocaign, surnommé le “Cannibale de Rouen”, condamné en juin à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un codétenu, dont il a ensuite mangé un morceau de poumon : “Ce qui est terrible, c’est que c’est bon. Ça a le goût de cerf. C’est tendre”avait-il déclaré à un psychologue en 2007.
Autre témoignage discordant, celui de William Buehler Seabrook. Journaliste au New York Times après la Première Guerre mondiale, il voyagea de par le monde, et notamment en Afrique, où il s’interrogea sur le cannibalisme au point de vouloir tenter lui-même l’expérience. Il finit par rencontrer une tribu d’anthropophages qui mangeaient leurs ennemis tués au combat. Un des guerriers lui expliqua quelles parties étaient le plus appréciées : pour la viande, tout le dos (ce qui correspond, chez le bœuf, à l’entrecôte, au filet et au rumsteak), pour les abats, le foie, le cœur et le cerveau étaient considérés comme les morceaux de choix. Un guerrier lui avoua que, pour lui, “la paume des mains était le plus tendre et délicieux morceau de tous”. Néanmoins, Seabrook ne put satisfaire son envie : on lui servit du singe.
Mais l’homme était têtu. Revenu en France, il réussit à se procurer un morceau de chair auprès d’un interne de la Sorbonne et, dans la villa du baron Gabriel des Hons, à Neuilly, se livra enfin à son expérience, devant témoins. Seabrook cuisina la viande comme il l’aurait fait pour du bœuf, s’attabla avec un verre de vin et une assiette de riz, et goûta : “Cela ressemblait à de la bonne viande de veau bien développé, pas trop jeune mais pas encore un bœuf. C’était indubitablement comme cela, et cela ne ressemblait à aucune autre viande que j’aie déjà goûtée. C’était si proche d’une bonne viande de veau bien développé que je pense que personne qui soit doté d’un palais ordinaire et d’une sensibilité normale n’aurait pu le distinguer du veau. C’était une viande bonne et douce, sans le goût marqué ou fort que peuvent avoir, par exemple, la chèvre, le gibier ou le porc. (…)  Et pour ce qui est de la légende du goût de porc, répétée dans un millier d’histoires et recopiée dans une centaine de livres, elle était totalement, complètement fausse.”
Encore un avis divergent… Quelle saveur a donc la chair humaine ? Répondre à cette question n’est-il pas aussi insoluble que le problème auquel est confronté quelqu’un qui souhaite décrire l’odeur du jasmin ? Dépeindre une saveur est un exercice très personnel, qui rassemble les sensations venant de la langue (saveurs primaires comme le sucré, le salé, l’acide, l’amer, mais aussi la texture, l’onctuosité, etc.), celles venant du nez (car les odeurs sont une composante importante du sens du goût) mais aussi la mémoire de tout ce que l’on a déjà mangé et des circonstances particulières au cours desquelles on a découvert de nouveaux aliments. Le jasmin sent le jasmin (ou éventuellement le parfum d’une femme). Et sans doute la chair humaine n’a-t-elle que le goût de la chair humaine, sans autre référent exact qu’elle même.
Lors du deuxième voyage de Christophe Colomb en Amérique (1493-96), le médecin de l’expédition, Diego Alvarez Chanca, rédige ce qui est le premier récit ethnographique consacré aux peuples du Nouveau Monde. Les cannibales dont Colomb avait entendu parler sans les voir au cours de son premier voyage sont enfin au rendez-vous. Chez ces Indiens Caraïbes, on trouve quantité d’ossements humains. Chanca écrit : “Ils prétendent que la chair de l’homme est si bonne à manger que rien au monde ne peut lui être comparé.”
Pierre Barthélémy


lundi 17 octobre 2011

Mots d'auteurs

"Il m'a fallu servir pendant tant d'années de fils de serf, de paillasson, de héros, de fonctionnaire, de bouffon, de vendu, d'âme, d'écureuil, à tant de légions de fous divers, que je pourrais peupler tout un asile rien qu'avec mes souvenirs. J'ai nourri d'idées, d'effort, d'enthousiasme, plus de crétins insatiables, de paranoïaques débiles, d'anthropoïdes compliqués, qu'il n'en fait pour amener n'importe quel singe moyen au suicide."

Louis-Ferdinand CELINE (1894-1961), lettre au Canard Enchaîné, octobre1933.





jeudi 13 octobre 2011

Actualités

Avant que Félicie ne s'en occupe... étalons fièrement notre oeuvre dernière.
  On voit poindre un début de chat....



Puis une oreille...."On change mon décor???"

mardi 11 octobre 2011

lundi 10 octobre 2011

La chroniqueusex et leX ramoneur.. bureau/souvenirs/vrac

C'était mardi ou mercredi dernier; je me fais happer par un téléfilm sur la 5 peut-être, je ne sais plus. Mais je me souviens bien du sujet: le procès Buffet-Bontemps. Deux détenus jugés pour prise d'otage à la prison de Clairvaux. Bontemps était défendu par maître Badinter et finalement condamné à mort. 
Et l'on nous inflige la même peine qu'à l'avocat: accompagner son client jusqu'au bout...Terrifiée mais comme hypnotisée, je n'arrive pas à éteindre la télé. Deux autres films sur le même sujet m'ont fait cet effet; l'un est "Deux hommes dans la ville" -Gabin est l'avocat et Delon le condamné - et un autre de Jacques Becker (à moins que ce ne soit Robert Enrico) ; celui-là plus impressionnant encore puisque le condamné ne se résigne pas , s'accroche aux pieds de son lit, il faut le traîner, bref une horreur! Et j'allais oublier Casque d'Or!
Ces films et plus encore le combat de Badinter ont largement conduit à l'abolition de la peine de mort, sans doute est-ce la raison de ma fascination? 
Pour finir, je suis allée me coucher sur des images terribles et pourtant, je n'ai fait aucun cauchemar.
Pourtant, quand le lendemain matin le téléphone à sonné et qu'une voix m'a dit: "Allô! C'est monsieur Bontemps!...", le coeur m'est descendu dans les genoux et j'ai du m'asseoir.

 Il m'a fallu quelques secondes pour me souvenir que ce Bontemps-là est notre plombier chauffagiste qui me confirmait qu'il viendrait ramoner la cheminée, vendredi vers 10h du matin....

dimanche 9 octobre 2011

A vous mes instit's

A vous mes instit's

Pour vous, je suis l'emmerdeur "dissipé, peut mieux faire", le sale petit con ricanant qui "gâche ses dons", et empêche les bosseurs de bosser... Vous m'avez décollé les yeux et décrassé le dedans de la tête. Vous m'avez donné le goût, le besoin, la faim dévorante des choses claires, clairement conçues et clairement énoncées, vous m'avez montré l'architecture du monde et fait entrevoir l'architecture du savoir, vous m'avez fait goûter au haut plaisir d'apprendre à celui, mille fois plus éblouissant, de comprendre, d'entendre cliqueter allègrement mes petits palpeurs intimes et de voir s'allumer toutes les lampes quand la solution, soudain, plof, jaillit, que tout s'emmanche ric et rac. Vous m'avez donné la curiosité, le doute et l'insatisfaction. Vous m'avez écarté des voies sombres et tentatrices, ou plutôt vous m'avez appris à en goûter les séductions troubles sans m'y brûler les pattes. Vous m'avez bien fait chier avec Corneille et Racine, et l'autre poseur, là: Chateaubriand, mais vous m'avez fait pleurer de bonheur à Molière, à La Fontaine, à Rabelais... Ouais. Vous avez fait tout ça. Vous m'avez mis au monde, tout beau, tout neuf, et vous n'avez rien senti.
François CAVANNA - Almanach 1985

mardi 4 octobre 2011

dimanche 2 octobre 2011

Mots d'auteurs

"-Savez-vous ce qui me gâte l'écriture? Ce sont les corrections, les ratures, les maquillages qu'on y fait.
-Croyez-vous donc qu'on ne se corrige pas dans la vie? demanda Julius allumé.
-[...] Dans la vie, on se corrige, à ce qu'on dit, on s'améliore; on ne peut corriger ce qu'on a fait. C'est ce droit de retouche qui fait de l'écriture une chose si grise et si... (il n'acheva pas). Oui; c'est là ce qui me paraît si beau dans la vie; c'est qu'il faut peindre dans le frais.La rature y est défendue.

André GIDE (1869-1951), Les Caves du Vatican