“La retraite, on sait bien qu’elle est foutue pour nous, puisque nos carrières, dites ‘incomplètes’, ne nous permettent jamais de quotiser suffisamment pour avoir une retraite décente. Mais ce n’est pas une raison pour se résigner ! “, expliquait un réalisateur sonore, chargé de porter en drapeau cette citation de Pascal:”la force sans la justice est tyrannique”.
“Cette soit-disant réforme que tous les français ressentent comme un régression est bête et inefficace: on sait bien que dans dix ans, elle sera déjà caduque. Il faut une réforme, tout le monde est d’accord là dessus, et des sacrifices sont nécessaires. Mais ça suffit de toujours sacrifier les mêmes. Y’en a marre des injustices et de l’arrogance!” tonnait Ariane Mnouchkine entre deux consignes pour orchestrer le départ.
“Les banderoles, les musiciens et la sono partent les premiers vers la rue de Rennes. La Justice fera son entrée un peu plus tard, pour arriver comme une surprise. N’oubliez pas de chercher des relais parmi les manifestants qui nous rejoindront: on a quatorze porteurs et il nous en faut vingt-six pour tenir jusqu’au bout! C’est parti : d’abord les drapeaux sur la justice, ensuite les Shakespeare”.
Les “Shakespeare”, c’était par exemple cet extrait incroyablement actuel de Macbeth: “A présent des révoltes incessantes lui reprochent ses parjures. Ceux qu’il commande n’agissent que sur commande. Rien par amour. Maintenant, il sent son titre qui pend flasque sur lui. Comme la robe d’un géant sur un faussaire nain”.
Ou encore cette autre citation de circonstance: “les frelons ne sucent pas le sang des aigles mais pillent les ruches des abeilles”…
Voir la “Justice” géante qui déambulait dans les rues du 6ème arrondissement, ce fut un spectacle à part entière. Passants et militants disaient tantôt “bravo”, tantôt “merci” en voyant la marionnette flotter au-dessus des autobus près de la place Saint-Sulpice.
Rue de Rennes, où se posta la petite centaine d’artistes et amis du Théâtre du Soleil, plusieurs autres groupes
attendaient les manifestants : Lutte Ouvrière et, un peu plus bas, le PS. Vers 14h, la marionnette et la troupe du Soleil se mirent à défiler entre deux cortèges syndicaux, et l’exclamation fut générale lorsque La Justice joua sa scène place Saint-Germain des près: attaquée par des corbeaux (de papier), elle commença à se débattre dans une danse fascinante, sur une musique dramatique.
“Oh la vache que c’est beau”, s’exclama une jeune femme qui tenait une des banderoles du PS. “La symbolique est parfaitement efficace”, lança une jeune avocate à ses côté. Même dans les rangs très sérieux de la CFDT, les jeunes militants applaudissaient : “c’est me théâtre du soleil, je crois! c’est magnifique. Et c’est super d’apporter un peu d’innovation dans le mouvement.”
1 commentaire:
mais alors... "la révolution" sera belle et joyeuse ou ne sera pas!
:-)
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