A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

dimanche 25 octobre 2009

LE VAUTOUR DE LA SIERRA - La parole d'honneur du bandit (5)


C’était un petit homme osseux d’un certain âge déjà, nerveux, rasé, enveloppé dans un grand manteau et qui frissonnait en plein soleil. Un chapeau de feutre mou, à larges bords, descendait jusqu’à ses yeux.
Sir Gevil songea que cet être maladif ne ressemblait guère à un vautour, sauf que sa main décharnée pouvait, en effet, se comparer à la griffe jaune de la bête de proie.
- Donnez-moi donc, je vous prie, quelques renseignements sur votre vie, poursuivit don Quebranta courtoisement. Qui êtes-vous ? Que faites-vous ? J’ai besoin de le savoir pour donner un chiffre quelconque.
- Sir Gevil dit en quelques mots sa situation.
-Ah ! ah !... vous êtes retraité… fit le brigand. A combien se monte votre pension ?
-A huit mille francs.
-C’est peu de chose, en effet. Je croyais le gouvernement anglais si large avec ses serviteurs !
- Les étrangers se font à ce sujet des idées bien fausses, répondit sir Gevil. Il est vrai que mon pays est peut-être très généreux comparé aux autres gouvernements.
Don Quebranta sourit.
-Eh ! bien, dit-il, je vais vous demander simplement…
Un coup de feu l’interrompit, répercuté à l’infini par les échos de la montagne.
Le Quebranta bondit de sa chaise.
Au –dessous de lui, au pied de la terrasse qui s’étendait devant sa caverne, de violentes clameurs remplissaient le camp des bandits. Deux d’entre eux se battaient, malgré les efforts de leurs compagnons.
Don Quebranta jeta son large chapeau de feutre et se pencha vers l’abîme, écoutant la querelle.
Son manteau pendait autour de son corps, et, pour la première fois, sir Gevil s’aperçut que les plis de ce manteau donnaient bien, à ce singulier personnage, l’apparence du vautour au repos, dont les ailes baissées pendent et s’allongent sur une maigre carcasse.
Le visage était à nu… Quel visage !... Paupières livides et ridées, crâne poli, sans un cheveu, nez aquilin, cou décharné, aspect cruel… Oui, c’était  bien le Vautour, le Quebranta farouche, le briseur d’os de la Sierra !
Des paroles mystérieuses sifflèrent rageusement à travers les lèvres du bandit et tombèrent sur le camp des hommes.
Instantanément, le silence s’y fit, l’ordre y régna, les combattants séparés jetèrent ensemble le même regard peureux vers la caverne du maître et dans le calme funèbre la voix apaisée du Quebranta poursuivit :
-Allez, mes enfants !... Allez dire qu’on vous punisse !
Tête basse, les bandits domptés s’éloignèrent.
Vivement relevé, don Quebranta cherha sur le visage de son captif l’impression qu’avait pu produire cette intervention si brève et si décisive.
Mais sir Gevil resta impénétrable.
Le chef n’insista pas, revint s’asseoir et, reprenant sur le même ton la conversation interrompue, il dit avec une douceur qui semblait vouloir excuser la demande :
- Vite, réglos la rançon, je ne veux plus avoir à en parler. Après cela, vous serez mon hôte.
-Ne plaisantons pas, dit sèchement Gevil Haye. Je suis votre prisonnier. La malchance m’a jeté dans vos serres ; si je dois en sortir, que vous faut-il ?
Ils étaient face à face.

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