A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

vendredi 31 juillet 2009


... Il comprend soudain à quel point l'homme est seul. La vie pullule sur terre. La société des hommes ne différe pas énormément de celle des fourmis, mais les fourmis sont plus heureuses, elles n'éprouvent pas le besoin de partager leurs sentiments. L'homme est plus malheureux que la fourmi. Sa vie durant, il n'arrive pas à se libérer du désir de trouver un compagnon de route et cette quête est, la plupart du temps, sans espoir.

DUONG THU HUONG - Terre des Oublis

jeudi 30 juillet 2009

Discussion


"Je n'ai jamais vu une discussion faire évoluer les points de vue. Chacun n'écoute que soi, guette le trou pour se placer, bien décidé à ne pas bouger d'un poil. La logique, le savoir, l'expérience... L'astuce, oui! A quelque niveau que ce soit, le plus camelot l'emporte. Non qu'il convainque, mais il fascine, il fait rire, t'emmène à la campagne, passez muscade. ou, simplement, il t'a à la fatigue, à l'usure. Et toi, trop gentil pour lui dire qu'il t'emmerde et qu'il déconne, tu te fais avoir, lucide, sans illusion, ce qui est pire que tout."

François CAVANNA

Flash économique :

IKEA rachète General Motors
IKEA A ANNONCE SON INTENTION DE RACHETER GM ET VA VENDRE DES VOITURES.


ON EST DANS LA MERDE !!.......................

mercredi 29 juillet 2009

L'Isabelle - Claude Seignolle (fin)



Mais je devinais qu’elle n’agissait plus d’elle-même. Elle s’approchait avec un horrible pas de somnambule ; une implacable marche d’automate.
Elle me revenait, apparemment inconsciente de moi.
Je la laissai m’étreindre.
Elle me serra fortement dans ses bras ; ils n’étaient plus que tièdes.
Je la sentis entière contre moi : elle mollissait, certaines parties déjà fluides.
Alors, épouvanté, je compris qu’elle se déposait sur mon corps sans que je puisse l’en empêcher : Isabelle se décomposait en ses couleurs qui me recouvraient à larges touches que je recevais perceptiblement comme si j’étais une toile : la toile d’Isabelle !
Je les sentais couler partout sur ma peau, d’abord douces de tiédeur ; mais, devenant épaisses et glaciales, elles m’imprégnèrent du froid de la mort et y séchant, s’incrustèrent jusqu’au plus profond de ma chair.
Incapable du moindre mouvement, raidi sur place, je ne pus bientôt continuer à me tenir debout.
Devenu une rigide statue d’homme tatoué d’une chatoyante Isabelle sans âme, je tombai à la renverse.
Je restai ainsi toute la journée, étreint par l’autre Isabelle indifférente mais douloureuse à mon être physique comme pétrifié ; souffrant à terre les mille martyres de la paralysie torturante alors que mon esprit, libre d’aller partout, pouvait juger mon impitoyable et incroyable situation.
Et, tant que ce fût le jour, je haïssais Isabelle comme personne jusque là.
Mais, la nuit revenue, je me sentis lentement délivré de cette mort qui n’était pas la mienne. Le froid et la raideur firent place à la tiédeur renaissante ; puis je m’allégeai lentement, et retrouvai ma souplesse habituelle.
Alors, délivré d’Isabelle, je la vis devant moi, ardente, défaite de moi comme de sa toile. Et elle fut tout de suite le soleil qui acheva de me ranimer.
Prenant passionnément mon visage entre ses mains, elle put y comprendre combien j’avais souffert par elle.
Nous pleurâmes ensemble de longues larmes amères et grisantes ;
Et nous nous aimâmes, fous l’un de l’autre.
Tel est à présent mon sort : je vous ai suggéré l’image de cette mèche qui, sortie, brûlerait à vue d’œil toutes ses forces de pétrole…
Chaque jour je souffre d’un glacial et momentané trépas ; chaque nuit délivré, entier à l’amour brûlant, je me consume rapidement.
Tour à tour, je hais et j’aime Isabelle, ma nymphomane.
Combien de temps encore pourrais-je tenir avec – Hélas, je m’en rends compte maintenant ! – mes frêles puissances de vivant ?…
… J’étais effaré et tellement conditionné par le climat ambiant, ainsi que par la sincérité de cette ruine d’homme, qu’il me sembla entendre claquer une porte à l’étage.
Il acheva de me reconduire ;
-… Elle attend, me dit-il doucement… à présent il faut que je vous quitte… je vous devine homme d’honneur pour taire ma désespérante et radieuse vérité… Et, si cela vous est possible, oubliez-la… Adieu, monsieur.
Il monta aussitôt dans sa chambre.
Je partis.
Longtemps après, arrivé à Conches, je sortis d’une telle brume intérieure que je crus m’être réveillé là.

Le Petit Ange

Information macif : vol de voiture







Sujet : nouvelle technique de vol de voiture
POUR INFORMATION !!
ATTENTION ! Nouvelle façon de voler une voiture
Ce message vient d'une personne qui travaille à la MACIF et qui enregistre ce genre de plainte de plus en plus fréquemment.
Soyez avisés qu'une nouvelle façon de voler une voiture est en opération:
vous marchez dans un parking, déverrouillez votre auto et montez. Vous
verrouillez toutes les portes, mettez le contact et embrayez pour reculer.
Soudain vous regardez dans votre rétroviseur pour reculer et remarquez un morceau de papier collé sur la vitre arrière. Vous vous remettez au point mort, vous déverrouiller les portes et vous sortez de votre véhicule pour enlever ce papier qui vous cache la vue.
Lorsque vous êtes derrière l'auto, c'est là qu'apparaissent les voleurs qui sortent d'on ne sait où, sautent dans votre voiture et partent !
Le moteur tournait. La plupart des personnes laissent leurs papiers, leur
sac à main... dans la voiture.
De plus, ils vous passent presque sur le corps lorsqu'ils démarrent.
SOYEZ AVISÉS QUE CE NOUVEAU STRATAGÈME EST DE PLUS EN PLUS UTILISÉ.
Si cela vous arrive, démarrez et enlevez ce papier plus tard.
Faites parvenir ceci à tous vos amis et votre famille... et spécialement aux
femmes, car un sac à main contient en général toutes vos identifications. Et ils ont alors clefs et adresses. Alors faites attention !
Cordialement.
Franck BEZOT Siège Social MACIF.

Merci à Christiane


mardi 28 juillet 2009

L'Isabelle - Claude Seignolle (9)



Non, elle se trouvait toujours sur ma couche, assoupie, abandonnée au désir vainqueur.
Alors, fermant la porte sur elle, faisant double tour de serrure, je revins à l’incendie pour essayer de sauver cette demeure jusqu’ici vide et triste mais qui, maintenant, allait rayonner d’Isabelle, ma passion.
Mes domestiques chassaient déjà les flammes avec acharnement. Je m’opposai à ce qu’on alertât des étrangers car je ne voulais pas que ceux-ci, sous couvert de sécurité générale, visitant tout le château, ne découvrent et dérangent Isabelle, colportant partout son existence, alors qu’il m’était plus facile de museler mes gens par la menace.
L’incendie maîtrisé, je les congédiai, et, tant j’avais hâte de retrouver Isabelle enfin libre et à moi, j’exigeai qu’on me laissât en paix, quoi qu’il advienne.
Elle dormait toujours et, lorsque je fus à nouveau à côté d’elle, dans sa chaleur, je commençai à croire que j’avais rêvé le tableau.
A mon contact, elle se réveilla et, restant dans son silence d’enamourée, elle se pressa contre moi.
Nous nous aimâmes jusqu’à l’aube.
Et le drame fusa qui m’étreignit et faillit m’anéantir.
Avec la clarté du jour naissant, son désir cessa et elle montra une vive impatience. Je ne pus l’empêcher de se lever tant elle le fit rapidement et, , avant que je me sois précipité pour la retenir, elle était déjà partie.
Je ne doutais pas un instant qu’obéissant à son état diurne, elle voulait rejoindre sa toile d’immortalité. Aussi calmai-je mon désir de la suivre, trouvant plus prudent de l’attendre, là, dans cette chambre qui allait, par force, devenir son royaume nocturne. Et, m’empressant de tirer les doubles rideaux bord contre bord, je décidait de ne jamais plus y laisser passer le moindre trait du jour.
Ne doutant pas qu’elle reviendrait aussi vite qu’elle était partie, heureuse de trouver ma protection, je l’attendis avec la joie inquiète de celui qui vient de jouer un méchant tour mais qui compte sur l’humeur compréhensive et pardonnante de sa victime.
Je savais que, ne pouvant parler, Isabelle vivait par ses gestes et ses yeux. Aussi, à défaut de mots consolants à dire, je préparais des regards consolateurs et désireux d’un pardon que je savais mériter.
Elle revint…
Elle entra, affolée ; referma la porte et s’y appuya avec atterrement.
Son corps tremblait comme saisi de démence.
Son visage exprimait la colère la plus cruelle qu’il m’ait été donné de contempler.
Isabelle se tenait là, monstrueuse de dépit.
Enfin, elle s’apaisa et, les bras tendus, vint à moi qui l’espérais malgré et contre tout ; l’acceptant, qui fût-elle.

A suivre...

lundi 27 juillet 2009

L'Isabelle - Claude Seignolle (8)



Le bond de stupeur que je fis me sortit du lit.
Tremblant d’effroi, je voyais non Jasmine, mais… mais la jeune femme nue du tableau !… L’ Isabelle ! Isabelle elle-même, assoupie dans une pose autre que celle voulue par le peintre qui l’avait créée… Isabelle, en sommeil telle une vivante épuisée d’amour… Isabelle avec qui j’étais allé au cœur des raffinements !…
Isabelle ! mais ce ne pouvait être possible… Et, pour ma part, je n’ai jamais accordé le moindre crédit à ces charlatans de l’esprit qui prêtent existence aux revenants, fantômes et autres pantins de l’au-delà… Non, tout cela ne saurait être possible… Et, pourtant je voyais réellement Isabelle en chair, alors que je la savais simple rapprochement de diverses couleurs expressives, posées au nom de l’ Art sur une toile, par des pinceaux qui, sans doute, avaient également et indifféremment servi à emprisonner, sur d’autres toiles, là un monument, un vieux notaire ou quelques motifs floraux.
C’était impossible et cependant !
Alors, passant ma robe de chambre et prenant la lampe, je me rendis dans la salle où le tableau se trouvait accroché.
Là, assommé par l’incroyable vérité, je chancelai.
La toile était vide d’Isabelle !
Il n’y avait plus aucune trace de son corps ; seules subsistaient, autour de son emplacement vierge, les vagues teintes qui faisaient fond.
Mais, bien que saisi jusqu’au vertige, le plaisir courait toujours dans mes sens, et ce qui aurai du me paraître un cauchemar réel, à fuir au plus vite avant qu’il ne me rende fou, fit que je me découvris amoureux éperdu de cette Isabelle à la fois impossible et possible.
Je jugeai donc qu’une incroyable faveur venait de m’être accordée – comment et pourquoi ? je ne me questionnai pas – dont je devais coûte que coûte profiter sans perdre de temps : détruire la toile un moment vide d’Isabelle afin que, ne pouvant plus revenir s’y fixer, elle reste à jamais avec moi gardien jaloux de mon bien.
Je n’hésitai pas une seconde. Enlevant le verre de ma lampe, montant la flamme, je l’approchai du cadre et mis le feu au bois vermoulu.
Et, de voir flamber, de voir disparaître en fumée le tombeau de toile d’Isabelle jusque-là comme en purgatoire, fit que j’éprouvai l’euphorie de me sentir désigné pour lui permettre un Paradis attendu… le mien.
Bien sûr, le feu se propagea ; se jetant sur le voisinage, il s’attaqua aux tentures et au mobilier ; mais mon exaltation était telle, d’avoir à présent Isabelle pour prisonnière, que peu m’importait que ce fût au prix de ma collection entière et, même, du château.
Soudain traversé par un doute atroce, je courus à ma chambre : et si, détruisant le tableau d’Isabelle, je venais de la détruire elle?
A suivre

dimanche 26 juillet 2009

L'Isabelle - Claude Seignolle (7)



Tant et si bien que, couché et ayant éteint ma lampe, je continuai à l’imaginer, là. Et, si violente était mon envie physique que je m’assoupis, lèvres pressées sur mon oreiller.
La chance devait être attentive à mon besoin car, après un espace de temps que je ne sus mesurer, j’entendis, tamisé par mon demi-sommeil, bruire le doux sifflement des gonds de ma porte : Jasmine !… Ma discrète et jeune servante venait comme souvent, lorsque, par quel secret avertissement ! elle sentait que l’homme désirait la femme. Une senteur, une onde quittant nos sens et allant à celle qu’il nous faut et qui accourt ? C’est certainement cela.
Je me réveillai mais je continuai à feindre de dormir, afin d’ajouter à mon plaisir berceur. Jasmine se glissa à côté de moi avec cette retenue inquiète que j’aimais d’elle : la crainte de courroucer son maître en le tirant du sommeil, d’être chassée, et, en même temps, le désir d’être caressée par la même force changée en de tendres affleurements qui la feraient frémir d’une sourde jouissance, autant que, rejetée et mise à la porte, elle aurait frémi de peur et de regrets.
Jasmine venait s’offrir avec une telle envie que son ventre et ses cuisses, que je touchai comme par mégarde en faisant celui qui se retourne pour mieux garder le sommeil, me parurent sortir de quelque four magique où l’on enfourne les amantes afin de les chauffer au degré propice à une passagère mais violente luxure. Aussi ne résistai-je pas longtemps à son appel.
Me retournant vers elle, je l’étreignis, joignant mon désir au sien au point de me sentir étinceler d’une jouissance désordonnée, encore jamais ressentie, nouvelle, inventive et interminable d’un subtil cheminement qui aboutissait partout dans mon corps offert.
Et je fus voluptueusement épuisé, détruit, mort.
Revenu à la réalité, je louai le hasard béni qui m’avait fait engager Jasmine, adroite servante, pour le service général du château et qui me servait mieux encore en particulier. Discrète Jasmine, aux vingt ans à fleur de peau, qui, cette nuit-là, parvint à tout me faire oublier derrière une étamine de plaisir : soucis, dettes, conflits et même… même l’Isabelle !
Jasmine m’ayant offert le meilleur de sa sève et de sa jeunesse, je voulus également me réjouir l’œil en la regardant embellie , elle, silencieuse et peut-être évanouie de m’avoir trop donné. Je me dressai pour allumer la lampe posée sur ma table de chevet.
Elle dut comprendre mon intention et sa main retint mon bras.
C’était bien la première fois qu’elle osait s’opposer à un geste autre que ceux de l’amour. Mais je n’y attachai aucune importance, et ce nouveau contact de nos peaux fit qu’encore nous flambâmes de l’envie de l’autre.
Cette fois je restai, me sembla-t-il, des heures anéanti et, ayant enfin retrouvé ma volonté, je pensai que Jasmine était depuis longtemps repartie.
Non, je la sentis toujours là, mais en profond sommeil.
Je voulus la voir et parfaire ainsi les merveilleuses sensations qu’elle m’avait prodiguées.
J’allumai et me tournai vers elle.

A suivre...

Coutumes


Le jour du mariage royal, tous les hommes du Royaume-Uni en âge de se tenir debout vont pisser sur l'herbe en chantant le God save the Queen. On raconte que chaque fois que, ce jour-là, un garçon pissera sur un escargot, il accroîtra les chances de voir naître un héritier mâle au sein de la famille royale. On comprend mal l'origine de cette coutume peu ragoûtante. En revanche, on comprend bien pourquoi les Anglais ne mangent pas d'escargots.

Pierre DESPROGES

samedi 25 juillet 2009

L'Isabelle - Claude Seignolle (6)



Je fis porter et poser le tableau sur la grande table du salon et, sans plus attendre, pour me familiariser tout de suite avec une légende, un nom ou une date, je grattai le cartouche avec précaution.
De grandes lettres noires apparurent sur un fond vieil or, et, bientôt, je pus lire :
ISABELLE
C’était donc une Isabelle, anonyme certes puisque seul son prénom figurait là, sans autre détail, mais il personnalisa pour moi le visage de l’inconnue au corps souillé.
Je dis bien : « souillé », car, en examinant mieux le voile de matière opaque qui la recouvrait, je vis qu’on l’avait volontairement répandue, barbouillant de plusieurs épaisseurs les parties nues, épargnant le décor, mais procédant de façon à cacher ce qui devait choquer une morale rétrograde de bourgeois pudibond.
Mon désir de mener à bien cette délivrance s’en trouva d’autant cravaché. Qu’allais-je découvrir : un monstre de lubricité, ou un ange de pureté ?
Je remis cette tâche au lendemain et je reconnais que je soupai avec l’appétit d’un homme qui vient de réussir la difficile conquête d’un être ayant échappé à l’usure du temps ainsi qu’à la vue de ses rivaux et différents propriétaires.
Et je dormis en puissance de femme – qu’importait que celle-ci fut de la peinture ! Réveillé, je m’empressai d’aller la retrouver, attiré par les joies que je pressentais.
Me penchant sur sa presque tombe, je la désensevelissais, couche après couche, patiemment, usant de toute l’adresse nécessaire ; dégageant d’abord ses jambes, aux cuisses chaudes de leur teinte de chair rosâtre et pleine ; puis ses hanches, à peine plus larges que celles de la Maja habillée de Goya ; son ventre, au bas légèrement duveteux ; sa taille étroite, faite pour satisfaire à l’exigence des mains, nos naturels étaux de possession ; et je découvrais sa poitrine… sa poitrine hardie, là, comme vivante, épanouie et tentante d’un baiser que je lui donnai d’une frôlée de lèvres, tel un amant fasciné qui offre bien plus par ce simple hommage à la chair qu’en une nuit d’ardeurs incessantes.
Son visage, cerclé de cheveux blonds et courts, en diadème, était, je vous l’ai déjà dit, sensuel jusqu’au trouble. Mais, une fois qu’Isabelle fut entièrement nue, allongée et alanguie ; abandonnée, mais offerte, épaules et bras à demi tendus vers celui qui voudrait d’elle, ses yeux parurent s’animer d’un plus violent et précis désir qui, bien que figé,me pénétra au point de me donner envie d’elle.
Je fis enlever dans la salle d’honneur, où je mettais mes belles pièces, plusieurs toiles du mur le plus favorable à la nouvelle venue et, sur un large espace vide et clair, le l’accrochai en lui laissant les marges de son rang : tout comme si je la sacrais reine : la Reine de mon château, elle qui, déjà, l’était de ma respectueuse âme de collectionneur.
Je remis à plus tard de la recouvrir d’un fin vernis.
Et, assis face à cette Isabelle ressuscitée par et pour moi, je finis la soirée stupidement naïf à la rêver vivante et désireuse de moi.

vendredi 24 juillet 2009

L'Isabelle - Claude Seignolle (5)



… En mars dernier, j’allai à cette vente dont vous avez certainement entendu parler, où on dispersait la collection de Kerger, l’ancien ministre, grand voyageur et riche industriel. Il y avait là quelques chefs-d’œuvre, tant en objets d’art qu’en tableaux. Pour ma part, je désirais deux toiles ; l’une, d’un petit maître florentin, m’échappa aux derniers mille francs ; mais l’autre, cataloguée comme nu du second empire bien qu’habillée d’une couche de temps sale et grasse dont la seule partie propre était ce visage de blonde, brillant d’une attirante joie sensuelle qui me l’avait fait distinguer des autres croûtes, me fut adjugée après quelques faibles mises sans enthousiasme.
Mais, une fois sorti de la salle, me retrouvant dans ma voiture en compagnie de cette acquisition qui, de grandeur nature, était encombrante dans son cadre quelconque dont la moulure s’effritait à chaque déplacement, je ne pus que regretter mon choix. De plus, l’impitoyable lumière du jour soulignait jusqu’au dégoût un demi-siècle de négligences rares, à croire que ce tableau était toujours resté face à l’haleine d’une cheminée, ou, et j’hésite à le dire, dans une porcherie.
Le cartouche lui-même était illisible, badigeonné d’une couche de peinture ocre, à la colle, mais que l’ongle écaillait facilement. Quant à la signature, il me faudrait, pour la découvrir, soulever la frange de ce vêtement de pudeur qui maculait le corps de cette femme aux formes indistinctes.
Cependant, une fois arrivé ici, au château, ma curiosité ayant fait son chemin, je n’avais déjà plus les mêmes regrets : j’allais pouvoir me livrer au plaisir de la recréer. Je veux dire par là qu’avec l’aide d’ingrédients que je sais efficacement utiliser, j’allais pouvoir nettoyer de ses impuretés cette œuvre peut-être de valeur.
Ayant acheté à bas prix, donc sans risque de mauvaise affaire, une inconnue au visage
captivant, ce me serait un cadeau de jouir à la révélation de son corps ; en fait judicieusement protégé des altérations extérieures par cette crasse providentielle.
A suivre

Méfiez- vous des hoax par Claude


Extrait du site : hoaxkiller

Prévention

Ce qu'il ne faut pas faire

La plupart des hoax sont transmis par une personne bien connue (ami, collègue, client, etc.). Il ne faut pas faire confiance a priori à l'expéditeur du message, car si un hoax arrive jusque dans votre boîte aux lettres c'est qu'il aura passé avec succès l'épreuve de la "sélection naturelle" et qu'il sera susceptible d'abuser n'importe quel internaute pressé ou non averti.
La plupart des hoax sont précisément tellement efficaces qu'ils sont souvent relayés par un grand nombre de personnes, voire reproduits sur un grand nombre de sites Internet. Il ne faut pas croire une information parce qu'elle provient de plusieurs sources différentes : il faut avant tout s'assurer de la compétence des sources à juger de la véracité de l'information.
La plupart des messages poignants, révoltants ou alarmants qui circulent spontanément sur Internet sont des hoax. Il ne faut pas faire suivre un message semblable parce que son contenu "pourrait être vrai", mais prendre du recul et si nécessaire valider l'information auprès d'une source sûre, car le doute profitera toujours aux rumeurs et aux canulars.
La plupart des hoax sont des messages bien construits, solidement argumentés, dont la crédibilité ne semble faire aucun doute. Il ne faut pas s'arrêter à la présence d'éléments véridiques, mais s'intéresser aux éléments douteux ou pour lesquels aucune preuve n'est avancée, car les hoax mélangent le plus souvent habilement le vrai et le faux. Même une photographie ou une vidéo apparemment explicite peut avoir été truquée ou sélectionnée partialement pour abuser les internautes et accréditer une information fausse ou douteuse.

Reconnaître un hoax

Le meilleur moyen de se prémunir contre les hoax est à la fois très simple et très compliqué : il suffit de ne pas croire tout ce qui est écrit et de faire preuve d'un minimum d'esprit critique. Le succès des hoax réside pour l'essentiel dans l'intensité et l'universalité de l'émotion qu'ils sont capables de susciter. Quelques indices doivent vous mettre la puce à l'oreille :
  • citation d'un informateur de confiance : la source est généralement un média reconnu (CNN, Reuters,...), une société commerciale au-dessus de tout soupçon (Microsoft, AOL, Symantec,...) ou un proche ("mon ami", "un de nos clients",...). Mais personne ne peut donner les références de l'article, du communiqué ou de la personne concernée ;
  • assurance-vérité : certains hoax arborent fièrement une mention "Ceci est une histoire vraie", "ceci n'est pas une blague" ou encore "Faits réels!!! Lire attentivement!". Cette mention n'engage évidemment que ceux qui la croient ;
  • situation poignante ou menace imminente : le levier psychologique classique des hoax est la description d'une situation poignante (injustice, solidarité,...) ou alarmante (alerte virus, alerte alimentaire,...) souvent complètement fictive, mais nécessitant une réaction immédiate et toujours identique, à savoir prévenir tous vos contacts ;
  • offre trop belle pour être vraie : un autre ressort classique des hoax est de promettre un service ou un produit gratuit (téléphone portable, bouteilles de champagne,...) envoyé gratuitement chez vous voire pour l'utilisation duquel vous serez grassement payé... à condition de transférer le message à tous vos correspondants ;
  • incitation à faire suivre : les hoax comportent toujours une mention du type "Transférez ce message à tous vos correspondants", " Envoyez ceci à chacun de vos contacts.", "Faites une copie de ce mail et envoyez-le à tous ceux que vous connaissez", "S.V.P. distribuez ce message à plus de gens possible", "Passez l'information, ça pourrait sauver une vie!". Mais ça n'est évidemment pas une bonne raison de le faire!
Ce dernier point est primordial : tout message incitant explicitement son destinataire à le transférer à tous ses correspondants doit être considéré comme hautement suspect et si nécessaire être vérifié auprès d'une source sûre. Souvent le simple fait de connaître l'existence des hoax suffit à ne plus se faire piéger, au moins par les plus basiques d'entre eux. Pour les autres, il reste les moteurs de recherche, les sites d'information et bien sûr Hoaxkiller.fr ;-)
Une fois le canular identifié, informez l'expéditeur du message qu'il s'agit d'une fausse information en lui recommandant d'en informer lui-même la personne qui lui a transmis l'information, et ainsi de suite...
Cela permettra de sensibiliser votre contact à l'existence des hoax, en espérant qu'une prochaine fois il se montrera plus vigilant. Cela permettra aussi d'engager un bouche-à-oreilles vertueux qui aidera à stopper la propagation du canular. Lutter contre le mal par le mal!

Hoax et appel à la communauté

Une fois un appel à l'aide lancé, celui-ci se propage sur Internet et il devient impossible de l'arrêter, même lorsqu'il n'a plus lieu d'être : l'enfant fugueur peut avoir été retrouvé, le donneur compatible s'être manifesté, les jeunes chiots avoir finalement été adoptés... le message continuera toujours à circuler, généralement au grand désespoir de son expéditeur originel, mais aussi et surtout de l'ensemble de la communauté des internautes, puisque l'accumulation de ces messages pourrait finir par poser un problème comparable à celui posé par le spamming publicitaire. Afin d'éviter cela, il faudrait appliquer et généraliser une règle drastique :
Tout message poignant, révoltant ou alarmant ne renvoyant pas vers un site Internet devrait être considéré comme un hoax
Un site web est en effet le seul moyen de tenir les internautes informés de l'évolution ou de l'éventuelle normalisation de la situation, de la mise à jour d'un numéro de téléphone ou d'un élément important, mais aussi d'éviter que le contenu du message initial ne soit modifié ou déformé au fur et à mesure sa propagation. C'est aussi un moyen de crédibiliser un appel à l'aide ou une campagne d'information face à la multiplicité des canulars, sans pour autant assurer l'internaute de sa véracité, même si le fait de pouvoir ainsi remonter plus facilement à son auteur au cas où l'affaire aurait des suites judiciaires devrait avoir un effet dissuasif.
Plus généralement, il faut garder à l'esprit que tout message envoyé à un correspondant peut ensuite être transféré aux correspondants de votre correspondant et dépasser ainsi le cercle familial, amical ou professionnel, à partir du moment où sa charge émotionnelle est suffisante. Autant le savoir si vous ne voulez pas devenir malgré vous la star ou la risée des internautes!

Hoax et pétition pyramidale

Certaines pétitions appellent l'internaute à ajouter son nom, son adresse électronique voire d'autres données personnelles à une liste, à envoyer le message ainsi complété à tous ses contacts, puis à renvoyer le message à une certaine adresse lorsque la liste atteint un certain nombre de signataires. Ce système de pétition pyramidale rend un résultat inexploitable en l'état, chaque internaute se retrouvant comptabilisé autant de fois qu'il envoie de messages.
Toute pétition demandant d'ajouter son nom à une liste et de transférer le message à tous ses contacts devrait être considérée comme un hoax
Mais surtout, il présente de sérieux risques pour la vie privée, puisque tous les destinataires intermédiaires ont connaissance du point de vue des répondants précédents, peuvent utiliser à leur convenance la liste des personnes ayant approuvé la pétition, voire peuvent changer le texte de cette dernière pour faire en sorte que ces personnes soutiennent désormais une secte, une dictature, etc. De même, l'adresse indiquée est souvent une adresse chez un fournisseur d'accès ou un prestataire gratuit qui ne permet pas de s'assurer de l'identité du destinataire final de la pétition, qui peut très bien en réalité être un spammeur, une société d'enquête ou un individu malveillant. Il est donc recommandé de ne jamais donner suite à ce type de pétition.

Un dernier "truc"

Avant de transférer un message douteux à un correspondant, posez-vous une simple question : oseriez-vous lui dire de vive voix le contenu dudit message? Lui diriez-vous en face que Bill Gates partage sa fortune et qu'il vous enverra personnellement 245$ à chaque fois que vous transférerez son message à un de vos contacts? Lui diriez-vous en face que vous êtes le seul sur Terre à connaître l'existence d'un virus hyper-destructeur, pour lequel il existe aucun remède, mais dont ni les médias ni les éditeurs d'antivirus n'ont entendu parlé... si ce n'est à la rubrique des canulars? Non!?! Alors ne lui transférez pas le message qui dit la même chose!


Pour plus d'informations, lire aussi les Généralités pour comprendre ce qu'est un hoax ainsi que les Dangers que représentent les hoax pour les internautes et les entreprises.

Contestation de la chroniqueuse



Faut toujours qu'elle conteste... paut pas s'en empêcher... c'est sa génération qui veut ça, sans doute...
"Et si le canular est drôle, on peut tout de même le propager, non??"
PP

Réponse du berger à la bergère


Avis à la blogueuse poète, divageuse de web, et jardinière de plume :

Ne jamais transférer un mail par "faire suivre", sauf très rares exceptions.

lire pourquoi ci-après.


Abandon d'adresse ou de numéro de téléphone

Si vous transférez un hoax en ajoutant volontairement ou automatiquement votre signature à la fin du message, vous prenez le risque que vos correspondants ou les correspondants de vos correspondants ne considèrent cette signature comme faisant partie intégrante de la (fausse) information à transférer et ne vous prennent ainsi pour son auteur. Au fur et à mesure de la propagation - potentiellement mondiale - de l'hoax ainsi modifié, votre boîte aux lettres risque ainsi de crouler sous les messages en réponse à la fausse information dont vous êtes devenu l'auteur, ne vous laissant d'autre choix que de l'abandonner. De même, une entreprise ou un particulier dont l'adresse ou le numéro de téléphon e figure dans un hoax peut être conduit à fermer l'adresse électronique concernée ou à changer de numéro de téléphone, du fait du nombre de messages et demandes reçus, parfois du monde entier et/ou d'individus douteux. C'est par exemple ce à quoi ont du se résoudre les parents de la jeune Aurélie B. du fait de la diffusion d'un avis de recherche par courrier électronique malgré le retour de l'adolescente.

Mais, le plus important en conséquences générales :

Evasion de données personnelles

Lorsqu'un hoax est transféré, en plus du message il comporte souvent les noms et adresses électroniques des personnes l'ayant reçu auparavant en destinataire principal ou en copie. Même si vous avez entière confiance en vos correspondants, en est-il de même des amis des amis de vos amis qui recevront ensuite un exemplaire du même message? En permettant notamment à vos correspondants de connaître votre opinion sur un sujet sensible ou à un inconnu de récupérer votre nom, votre adresse électronique voire d'autres données personnelles, certaines pétitions de type pyramidal présentent même un risque maximum pour la vie privée.

Les 2 paragraphes ci-dessus sont extraits du site hoaxkiller.fr



Claude

jeudi 23 juillet 2009

L'Isabelle - Claude Seignolle (4)



Profitant alors de cette faveur à vrai dire inespérée, je lui dis, à brûle-pourpoint et avec un élan juvénile :
· Monsieur, je crois comprendre qu’un grand tourment vous retient hors du monde… Que ce soit votre santé ou une autre cause, il y a toujours un remède à tout, ne serait-ce que celui de ne pas rester seul à porter un pesant fardeau… Si je puis vous en soulager de cette façon…
Je regrettai aussitôt d’avoir dévoilé ma curiosité avec tant de naïveté et je m’attendis à être promptement mis à la porte.
A mon grand étonnement, le comte de R… eut un terne mais indulgent sourire et me dévisagea pour peser ma sincérité ; puis, m’ayant sans doute jugé digne de sympathie, il me répondit avec une subtile amertume :
· Au rythme où vont les choses, ni vous ni personne ne pouvez rien pour moi… et, quoi que j’en éprouve en bien ou en mal, je suis un être condamné à user ses forces jusqu’à leur ultime lampe dans les plus brefs délais… Regardez la mèche de cette lampe… si je la sortais entièrement elle flamberait dix fois plus vite et s’éteindrait, calcinée après avoir rapidement brûlé tout son pétrole… N’est-ce pas ?…
Et il me raconta…

A suivre...

mercredi 22 juillet 2009

Communistes


C'est à cela qu'on reconnaît les communistes: ils sont fous, possédés par le diable, ils mangent les enfants et, en plus, ils manquent d'objectivité.

Pierre DESPROGES

Lire et Relire




- Il y a très longtemps, monsieur Sosa, bien avant vous et votre arrière- arrière- grand- père,un homme se tenait à l’endroit où vous êtes. Lorsqu’il levait les yeux sur cette plaine, il ne pouvait s’empêcher de s’identifier à elle. Il n’y avait pas de routes ni de rails, et les lentisques et les ronces ne le dérangaient pas. Chaque rivière, morte ou vivante, chaque bout d’ombre, chaque caillou lui renvoyait l’image de son humilité. Cet homme était confiant. Parce qu’il était libre. Il n’avait, sur lui, qu’un flûte pour rassurer ses chèvres et un gourdin pour dissuader les chacals. Quand il s’allongeait au pied de l’arbre que voici, il lui suffisait de fermer les yeux pour s’entendre vivre. Le bout de galette et la tranche d’oignon qu’il dégustait valaient mille festins. Il avait la chance de trouver l’aisance jusque dans la frugalité. Il vivait au rythme des saisons, convaincu que c’est dans la simplicité des choses que résidait l’essence des quiétudes. C’est parce qu’il ne voulait de mal à personne qu’il se croyait à l’abri des agressions jusqu’au jour où, à l’horizon qu’il meublait de ses songes, il vit arriver le tourment. On lui confisqua sa flûte et son gourdin, ses terres et ses troupeaux, et tout ce qui lui mettait du baume à l’âme. Et aujourd’hui, on veut lui faire croire qu’il était dans les parages par hasard, et l’on s’étonne et s’insurge lorsqu’il réclame un soupçon d’égards… Je ne suis pas d’accord avec vous, monsieur. Cette terre ne vous appartient pas. Elle est le bien de ce berger d’autrefois dont le fantôme se tient juste à côté de vous et que vous refusez de voir. Puisque vous ne savez pas partager, prenez vos vergers et vos ponts, vos asphaltes et vos rails, vos villes et vos jardins, et restituez le reste à qui de droit….
Yasmina KHADRA – Ce que le jour doit à la nuit.
Pour vous donner envie de lire ce magnifique et douloureux récit d’un divorce : celui de la France et de l’Algérie. Séparation d’autant plus tragique que les deux s’aimaient encore d’un amour passionné comme en témoigne le destin des acteurs du drame.
Que dire encore de la langue magnifique de Yasmina Khadra ? Rien … lisez …

mardi 21 juillet 2009

Bon anniversaire



Sophie de Ségur, n’a jamais oublié qu’elle est née Rostopchine le 19 juillet 1799.
C’est une enfant ronde, blonde aux grands yeux gris, à la bouche gourmande, aux joues rouges. Toute sa vie, elle gardera un teint éblouissant. Elle grandit avec ses frères et ses sœurs à Voronovo, un domaine immense que l’hiver isole du reste du monde. Les loups et les ours y viennent rôder jusqu’aux abords de la maison. Son père est gouverneur de Moscou et en dépit de son immense fortune, les enfants Rostopchine sont élevés d’une façon plus que spartiate.
Les innombrables domestiques ne sont pas là pour servir les enfants, qui doivent faire leurs lits, nettoyer leurs chambres et pour les filles , coudre elles-mêmes leurs robes et leur linge. Leurs lits sont durs, fort étroits et il leur arrive au matin de se réveiller par terre. Sophie a pris l’habitude, quand les nuits sont trop froides, de doubler sa couverture de feuilles de papier journal.
Sa mère, pédagogue impitoyable, lui donne une instruction poussée : à cinq ans, elle parle, lit et commence à écrire, outre le russe, le français, l’anglais et l’allemand. Elle joue du piano, dessine, reçoit des cours de danse , de chant et de maintien.
Cette éducation sévère ne l’empêche pas de faire de nombreuses bêtises génératrices de « malheurs » qu’elle racontera plus tard dans ses romans. Elle est gourmande et se donne des indigestions de fruits confits ou de crème fraîche. Dans son service de poupée, elle offre à ses amies des thés composés d’ingrédients plus que douteux. Perpétuellement affamée car sa mère lui impose une frugalité qui lui pèse, elle va jusqu’à dérober le pain qu’elle doit donner à son poney.
Elle est intelligente et pleine d’humour ; elle émerge des plus profonds désespoirs, pour amuser toute sa famille en racontant des histoires auxquelles son père avoue ne pas comprendre grand-chose.
Elle a treize ans quand Napoléon envahit la Russie ; ses troupes vont entrer dans Moscou. Rostopchine niera plus tard avoir incendié la ville. Cependant, s’il n’a pas gratté lui-même l’allumette, il a bel et bien fait retirer toutes les pompes à incendie avant d’ouvrir les prisons dont les détenus n’étaient pas tous politiques.
Evacuées à une cinquantaine de kilomètres, les filles voient le ciel embrasé. A leur retour dans la ville en cendres, leur maison a été miraculeusement épargnée. Fédor Rostopchine galope jusqu’à Voronovo, libère la centaine de chevaux de son haras et met lui-même le feu à son beau domaine.
Pourtant, la noblesse et le tsar ne lui pardonneront pas la destruction de Moscou et c’est en suivant son père en exil que Sophie Rostopchine arrivera à Paris. Elle y rencontrera Eugène de Ségur qu’elle épousera , dont elle aura huit enfants, et c’est pour les enfants de ces derniers qu’elle écrira vingt romans, dont les « Malheurs de Sophie », inspirés de sa propre enfance.

L'Isabelle - Claude Seignolle (3)



A part les pertes mobilières et artistiques qui devaient être considérables, je jugeai qu’à eux seuls, les travaux nous concernant seraient longs, délicats et coûteux.
Ce que je dis au comte de R… qui, toujours muet, promenait sa lampe avec une croissante lassitude à moins que ce ne fût de l’indifférence, et, tout à la fois, des impatiences qu’il ne pouvait contrôler et qui me valaient d’intempestifs déplacements d’éclairage.
Je lui demandai alors l’autorisation de revenir le lendemain afin de juger les lieux au grand jour et d’établir plus commodément mon devis.
Là, il se décida à parler – à vrai dire sa voix laissa exploser une colère qui n’était pas compatible avec la maladie traînante que je lui supposais.
Elle me fouetta de surprise.
Il ne voulait personne chez lui autrement qu’entre onze heures et minuit. Heure à laquelle il se sustentait ; la seule où il était libre de recevoir.
Le ton était impératif.
Cependant, je lui fis remarquer qu’il ne nous était pas possible de ne travailler qu’une heure par nuit ; non seulement, à cette cadence, il y en aurait pour des années mais encore l’heure ne conviendrait à aucun de nos ouvriers.
Il me rétorqua qu’il payerait ce qu’il faudrait ou il laisserait les lieux dans cet état.
Et, pour bien souligner la fermeté de son propos, il me reconduisit aussitôt à grands pas, mettant ainsi fin à ma visite.
Je compris que cet homme ferait comme il l’entendait. Il n’était ni fou, ni malade et je réalisai soudain qu’il devait se trouver aux prises avec un drame coriace qui le minait plus implacablement encore. Aussi, ma curiosité en fut-elle excitée et, comme toujours dans ces cas-là, m’obligea à ruser afin de savoir.
Je le complimentai donc, hypocritement, pour la vaillance de caractère qu’il montrait en ne tergiversant pas dans ses désirs, lui laissant entendre qu’il avait grandement raison de mener sa vie de la façon qui lui convenait, dût-il passer pour un sauvage ! Puis, je parlai, comme cela, sans trop marquer l’intention, de mon oncle, le magistrat connu et expert réputé de l’école flamande ; de mes cousins qui possédaient un haras célèbre dans la région de Caen, de mes autres parents qui… Enfin, par un subtil cheminement, sous couvert d’un anodin soliloque, je cherchais à m’ insinuer dans sa confiance, si toutefois il connaissait ce sentiment !
Ma manoeuvre réussit ; il se retourna vers moi et je vis que je lui redonnais le goût d’un contact extérieur.
A suivre

lundi 20 juillet 2009

L'Isabelle - Claude SEIGNOLLE (2)



Il attendait, immobile dans le prolongement de la porte ouverte, au centre de la vaste salle d’entrée. La lampe à pétrole qu’il tenait l’éclairait à partir de la taille, me donnant plus l’impression d’un buste posé en décoration sur la pénombre que d’un homme entier et vivant
Il ne se déraidit ni ne s’anima lorsque je m’arrêtai sur le seuil, retenu par son silence. Je me fis connaître, me montrant ensuite, à contre-situation, prolixe de remarques sur les difficultés pour un ignorant à sa région de trouver seul, en pleine nuit, un château aussi isolé que le sien. Et je forçai le ton afin de me dégager d’un gêne, due au physique et au mutisme de ce seigneur hautain vivant à l’ancienne, assurément habitué à traiter ses domestiques en serfs et fort capable de fouetter lui-même quiconque sur un simple mouvement d’humeur.
Monsieur de R… était un homme voûté mais grand et, à voir ses vêtements qui, devenus trop larges, plissaient sur son corps amaigri, je réalisai combien sa brusque « dépérition », comme me l’avait dit l’aubergiste, de qui je tenais également bien d’autres détails sur ce châtelain, était effrayante, lui qui encore deux mois auparavant, large et massif, respirait au galop de son cheval et vivait avec l’ardeur de dix ancêtres restés crochés en lui.
Mais, bien qu’averti de son mal secret – dont personne ne connaissait la nature, ni la cause, puisque, fermant sa porte, il avait chassé une fois pour toutes médecins et domesticité, ne gardant que son palefrenier qui nourrissait chevaux et maître- j’avais peine à dissimuler ma stupeur : il paraissait avoir soixante ans alors que je lui en savais seulement trente- huit !
Mon jugement immédiat fut que monsieur de R… était la proie d’un impitoyable cancer rongeur, et qu’avec son caractère de solitaire orgueilleux, il ne désirait plus que mourir seul et en paix tel, dans sa bauge, un sanglier blessé laisse la mort manœuvrer à sa guise.
Enfin, de sa main libre, il me fit signe d’avancer.
Une fois près de lui, je crus lire sur son visage creux et flétri une joie intérieure, sans nul doute reflets trompeurs d’un impropice jeu d’ombres.
Et pourtant non, ses yeux brillaient nettement de cette sorte d’exaltation voluptueuse que provoquent certaines fièvres extatiques ; à moins que ce ne fût l’effet d’une drogue, vice expliquant ainsi la fulgurante dégradation physique de cet homme.
Il ne me laissa pas juger plus longtemps de son état ; se détournant, il s’éloigna, me donnant à comprendre de le suivre.
Nous traversâmes plusieurs salles austères que la lumière jaunâtre animait irréellement. Je suivais silencieux, oppressé par des sensations contradictoires. Mais, en me trouvant face à l’inattendu et affligeant spectacle du rez-de-chaussée de l’aile où nous arrivâmes, je fus tout de suite professionnellement accaparé.
Un incendie, assez récent à juger par l’odeur qui régnait encore, l’avait entièrement brûlé jusqu’à la pierre. Le plafond s’était en partie effondré, entraînant plâtre et mobilier de l’étage supérieur, faisant au milieu de la pièce un cône de débris calcinés. Le feu avait pu être muselé avant d’atteindre les combles. Partout, dans une boue noirâtre, cendres et eau, gisaient des restes de tapis, de tableaux et d’objets d’art détruits, laissés tels qu’au moment du désastre.

A suivre...

COCHON


Il faut noter que le cochon est un animal fort attachant. Il offre de nombreux points de comparaison avec un autre mammifère immonde et sans poils passé expert dans l'art de semer sa merde et de se vautrer dedans.
Cependant de nombreuses différences morphologiques ou de comportement permettent au plus demeuré des tueurs des halles de discerner au premier coup d'oeil un cochon de base d'un employé aux écritures moyen.
Le cochon marche le plus souvent à quatre pattes en grognant de borborygmes vulgaires et incompréhensibles. L'employé aux écritures ne se conduit ainsi qu'en période de rut extrême, pour marquer son attachement à la pétasse zoophile de son choix. Par ailleurs, quand l'employé aux écritures patauge dans la gadoue, c'est souvent pour le plaisir, alors que le cochon ne s'y résout que contraint et forcé par l'employé aux fourches et fumiers qui n'est autre que le sosie rural de l'employé aux écritures. Enfin, le cochon renâcle aux portes de l'abattoir alors que l'employé aux écritures ou aux fourches monte à Verdun en chantant, ce qui prouve une fois de plus la supériorité absolue de l'espèce humaine dans le règne animal.

Pierre DESPROGES

dimanche 19 juillet 2009

L’ Isabelle – Claude Seignolle



Cette vente avait attiré à Rouen les plus acharnés collectionneurs, marchands et amateurs de Normandie. Les enchères portaient haut le degré de la fièvre collective. Les passions ne se cachaient pas, à tel point que l’âpreté se trahissait même chez des gens qui croyaient l’avoir définitivement habillée de belles manières. Mais il fallait reconnaître que les œuvres proposées savaient chauffer l’envie des acheteurs.

J’étais là, en curieux : en besoin de distraction, avouerai-je, car il en faut de temps à autre, à Rouen comme ailleurs, pour soulager la pesante vie de province.
A un moment, une toile de l’école du Titien, altérée mais embellie d’un trouble voile laissé par des siècles poudreux, obtint un spontané murmure d’admiration.
J’entendis à côté de moi deux connaisseurs la commenter avec désir. Et l’un d’eux eut cette phrase qui me saisit et m’attrista, sans cependant me surprendre :
-Quel dommage que le comte de R… ne soit plus de ce monde… Il en aurait fait son affaire.
Le comte de R…, propriétaire du château de C…, mort !
Il avait donc fini par succomber… Mais comment aurait-il pu en être autrement !
Je n’éprouvais plus aucun plaisir à rester là. Je partis aussitôt et rentrais chez moi bouleversé, non pas tant par sa mort mais par les causes de celle-ci que j’étais probablement seul à connaître et que je ne pus m’empêcher de repenser en détail.
Quelques mois auparavant je m’étais rendu au château de C… perdu entre deux forêts. Onze heures du soir approchaient et la nuit semblait s’opposer à ce que je le trouve aisément.
Seul sur la route, je regrettais d’avoir refusé pour guide le jeune garçon de l’auberge de Conches, où je venais de retenir une chambre. Mais je tenais à respecter le désir du châtelain, mon futur client, qui, sans préciser ses raisons, m’avait fait demander à Rouen où je dirige une entreprise réputée dans la réfection des bâtiments de classe, monuments ou châteaux. Il exigeait que je vinsse seul et à son heure : c’est-à-dire uniquement entre onze heures et minuit, ni avant, ni après ; ce qui ne pouvait être que le fait d’un original comme il y en a tant chez les gentilshommes normands.
Enfin, une pancarte m’aida. Je m’engageai dans une claire allée sableuse, étreinte par des haies plus noires que la nuit et je ne tardai pas à apercevoir au loin une lueur mouvante qui, sur la façade du château, déplaçait à larges battements son aile d’ombre, telle une oriflamme médiévale.
Lorsque j’y parvins, je vis qu’elle était produite par une torche fichée sur le perron d’un escalier à double révolution. Et je me fis la remarque que le maître des lieux servait à souhait sa réputation d’ennemi du progrès.
Je montai sans hésiter et, après avoir dépassé la torche dont l’intensité grésillante m’aveugla un instant, tout en me suffoquant avec son âcre et épaisse fumée résineuse, j’aperçus monsieur de R…, semblable à une apparition soudaine et mystérieuse, comme provoquée par ce luminaire d’un autre âge.

A suivre

mercredi 15 juillet 2009

Avant la moisson



Des blés pas tout à fait murs monte une odeur de foin coupé et de pain chaud...
...Entrer en relation avec le Créateur, et pas seulement quand ça va mal :
-« Oh, mon Dieu, tout les saints, ch’uis dans la merde, par pitié sortez-moi de là !"
...mais aussi savoir remercier :
« Merci pour un coin de ciel bleu, merci pour les grands yeux curieux d’un jeune chevreuil dont la tête seule émerge d’un champ de blés encore verts ; merci pour les rencontres ; pour un air de Mozart accompagné de confitures aux fraises (de Plougastel)…
Et si Dieu, ou Allah ou Manitou ou quel que soit le nom qu’on lui donne est satisfait de cette relation, qu’il veuille bien m’expliquer pourquoi ceux et celles qui ont fait mon « instruction religieuse » ont surtout réussi à me rendre suspectes certaines formules dont celle-ci : « action de grâce", exprimerait si bien ce que je veux dire .

CHOMAGE


En fait, qui est touché par le chômage? Eh bien, ce sont les pauvres. Mais les pauvres, ça gagne tellement peu que chômage ou pas chômage, ils ne voient pas la différence à la fin du mois...

Pierre DESPROGES

mardi 14 juillet 2009

Guilly le Terrible (Pour ceux qui ont manqué le début)


Les murs suintaient derrière les tapisseries, Umhilde était morose, elle avait froid aux pieds, la grisaille ambiante faisait monter des larmes à ses jolis yeux gris. Ce jour de printemps, si tant est qu’on puisse distinguer un printemps aux alentours de Gramouillay, ce jour de printemps donc, un timide rayon de soleil se faufilant dans la chapelle, vint se poser sur le visage chiffonné de la damoiselle. Un rayon de soleil ! On lui avait raconté ce que c’était mais Umhilde ne se rappelait pas en avoir jamais vu. Considérant cet événement comme un heureux présage, elle cessa de pleurer et sécha ses joues à cette nouvelle douceur. Un bonheur n’arrivant jamais seul, en tournant la tête pour offrir son visage à la lumière, elle vit le page agenouillé qui lui souriait. Au nombre de ses déplaisirs, la jouvencelle comptait le peu d’intérêt que lui portait Guilly. Il est vrai que toujours enrouée, elle ne pouvait chanter. Comme toutes les dames du château elle avait eu droit aux leçons de musique, mais bien vite sa mère la faisait taire et s’enfermait avec son page et sa guimolle. Umhilde soupirait et retournait pleurer au coin de la cheminée. Un sourire et un rayon de soleil, voilà de quoi remonter le moral d’une jeune fille et lui donner des idées. Elle ne pensait pas retenir l’attention de jeune musicien avec sa pauvre petite voix mais l’adolescent avait une autre fonction. Puisque le printemps s’annonçait, elle décida de monter à cheval et demanda que Guilly prit soin de sa jument et aussi qu’il lui servit d’escorte quand elle se promènerait aux alentours. On savait le damoiseau polisson, mais en principe un cheval tient les mains occupées et de ce fait, limite les occasions de sottises ; de plus, Guilly intrépide et bon cavalier était de tous les pages le mieux qualifié pour cet office. Lors, on laissa faire…Et le page, organisé comme il le sera sa vie durant, joignit à son équipement une longue corde et une couverture, car à cheval disait-il, on doit tout prévoir, incident comme accident et nul à cela n’aurait pu trouver à redire. Un jour donc, il sortit en compagnie de la damoiselle et, traversant un bosquet : « Demoiselle, lui dit-il, il semble que votre jument boite. Arrêtons, voulez-vous et mettons pied à terre. Je voudrais y regarder de plus près. » Lors, il aida la jouvencelle à descendre de sa monture de façon telle qu’elle en devint écarlate ; puis il attacha les chevaux, observa attentivement chaque pied, avoua ne rien remarquer d’anormal et déclara : « C’est la fatigue sans doute ! Et aussi la chaleur… n’allons pas plus loin ; descendons plutôt jusqu’au ruisseau, nous nous reposerons à l’ombre tandis que les chevaux se rafraîchiront dans le gué. » Ainsi firent-ils. La longue corde judicieusement fixée entre deux arbres empêchait les chevaux de s’éloigner et la couverture étendue sur la mousse fit à la damoiselle une couche moelleuse qu’elle invita Guilly à partager. Le page respectueux s’assit auprès d’elle, et puis… c’est bien connu… en été dans les bois, on trouve des fourmis, souvent… et des bruits sous les feuilles inquiètent les oreilles… un serpent peut-être… Guilly sut chasser le serpent, écarter les fourmis… pas seulement les fourmis… Mal lui en prit ! Le seigneur que nul n’attendait si tôt, rentrait ce même jour de la vile voisine. Passant près du ruisseau car lui aussi voulait faire boire son cheval, il vit sa fille et son page en position telle qu’aucun doute ne lui était permis sur la nature de leur occupation.

Le Petit Ange

lundi 13 juillet 2009

CAVANNA


Je connais dans les milieux huppés des belles-lettres françaises quelques journalistes trou-du cul pompeux qui s'esbaudissent épisodiquement à la relecture de Rabelais, alors qu'ils trouvent Cavanna vulgaire. Le monde est ainsi fait d'étranges paradoxes.
Même pour rire, je suis incapable d'enfoncer Cavanna qui reste aujourd'hui l'inventeur de la seule nouvelle forme de presse en France depuis la fin de l'amitié franco-allemande en 1945, et l'un des derniers honnêtes hommes de ce siècle pourri. Seule la virulence de mon hétérosexualité m'a empêché à ce jour de demander Cavanna en mariage.

Pierre DESPROGES

dimanche 12 juillet 2009

Sondage


Question : « Veuillez donner honnêtement votre opinion sur d'éventuelles solutions à la pénurie de nourriture dans le reste du monde."
Ce sondage a été un échec retentissant.
En effet, en Afrique, personne n'a compris le sens du mot «nourriture".
En Europe de l'Est, personne n'a compris le sens du mot «honnêtement".
En Europe de l'Ouest, personne n'a compris le sens du mot «pénurie ».
En Chine, personne n'a compris le sens del'expression : « donnez votre opinion".
Au Moyen-Orient, personne n'a compris le sens du mot « solution ».
Et aux États Unis, personne n'a compris le sens de l'expression " le reste du monde".

samedi 11 juillet 2009

PETITE ANNONCE


KIDNAPPER - solde gros stock d'enfants non réclamés par parents avares. Prix par quantités.

François CAVANNA

vendredi 10 juillet 2009

jeudi 9 juillet 2009

Quelle Histoire!


C'est le 14 juillet 1785, à 15 heures précises, que le grand aéronaute français Pilâtre de Rozier (1756-1785), secondé par la baronne de Staël 1766-1817), célèbre femme de lettres amie des sciences, réussit avec un succès éclatant la première expérience de copulation humaine en ballon captif. Cent cinquante mille spectateurs enthousiastes purent contempler dans toute sa rigueur scientifique le déroulement de cette inoubliable performance. Toutefois, les deux aéronautes ignoraient cette circonstance, mes parois de la nacelle ayant été à leur insu emportées par un coup de vent. Lorsque le savant, surpris par la vigueur des applaudissements, prit enfin conscience de leur véritable objet, il interrompit aussitôt ses travaux malgré l'opposition véhémente de la baronne, laquelle eût souhaité les pousser coûte que coûte jusqu'à leur conclusion naturelle. Dans le mouvement qu'il fit pour atteindre son chapeau afin de l'interposer entre les appas sans voiles de la baronne et la ferveur populaire, Pilâtre de Rozier se prit malencontreusement le pied dans ses bretelles et fit une chute fatale. La France reconnaissante célèbre avec éclat, tous les 14 juillet, l'anniversaire de cet évènement qui devait se révéler si chargé de signification pour tous ceux qui savent apprécier les belles choses.

François CAVANNA

mardi 7 juillet 2009

Rimes sans raison



La chatte, hier…


Elle lui a dit : offre moi la lune…
La lune pour elle, c’est la porte ouverte, le jardin la nuit….
Elle lui a dit : offre moi la porte ouverte.. ;
Elle a dit : non !
Elle lui a dit : offre moi le jardin…
Elle a dit : non !
Elle lui a dit : offre-moi la nuit…
Elle a dit non !
Car la vie pour elle, c’est la savoir près d’elle,
Au coin du feu, sur le coussin
Alors elle a dit : offre-moi ta liberté…
Elle a dit : oui !